THE WIDOW'S SHADOW

le masque de la beauté

Régina se tenait devant le miroir, observant son reflet avec une précision méticuleuse. Sa robe noire, scintillante comme les étoiles, épousait ses courbes avec une élégance troublante. Elle savait que ce soir, elle devait être à son meilleur, car chaque détail comptait dans son monde de manipulation.

Elle était plus qu’une simple prostituée ; elle était une artiste, et son art consistait à séduire des hommes de pouvoir. Chacun d'eux, avec ses richesses et son influence, devenait une proie dans le jeu qu'elle avait maîtrisé. Mais derrière ce visage de poupée, se cachait une femme pleine de rage et de désespoir, prête à tout pour se venger de ceux qui lui avaient fait du mal.

Dans l’ombre des ruelles sombres de Milan, deux noms dominaient la scène criminelle, chuchotés avec crainte et respect. Régina, la femme fatale que l’on surnommait la Veuve Noire, était aussi insaisissable que redoutée. Les hommes qu’elle envoûtait finissaient ruinés, vidés de leurs richesses et de leur dignité, avant d’être effacés de la scène, comme si leur existence n’avait jamais eu de poids. Régina ne laissait jamais de trace, si ce n'était un parfum de mystère et une réputation gravée dans le marbre.

De l’autre côté, Lorenzo Alessio Lombardi, le chef impitoyable de l’une des familles les plus puissantes de la mafia italienne, inspirait la terreur partout où il passait. Ses ennemis ne le voyaient jamais venir, et ceux qui osaient croiser son chemin finissaient souvent enterrés dans des tombes anonymes. Violent, calculateur, et imprévisible, il avait bâti un empire sur les cendres de ceux qu’il avait écrasés.

Bien qu’ils n’aient jamais échangé un seul mot, Régina et Lorenzo savaient l’un de l’autre. Leur réputation les précédait, et dans leur monde de manipulation, d’argent sale et de pouvoir, chaque geste avait des répercussions. On racontait que Régina était une manipulatrice sans égale, qu’elle n’avait besoin que de son regard pour dompter les hommes les plus puissants. De son côté, Lorenzo n’était pas un homme facile à impressionner. Il avait entendu parler de la Veuve Noire, mais à ses yeux, elle n’était qu’un pion de plus dans un monde de prétendants au trône. Rien ne pouvait véritablement l’ébranler.

Et pourtant, au fond d’eux, ils pressentaient qu’ils étaient destinés à se rencontrer.

Leurs mondes se croisaient subtilement, s’effleurant sans jamais se heurter directement. Les riches qu’elle dépouillait avaient souvent trempé dans des affaires liées à la mafia, et les hommes que Lorenzo faisait tomber finissaient parfois dans les bras de Régina, vidés de leur fortune. Il était impossible que cela continue indéfiniment sans que leurs chemins ne se rejoignent.

Ce moment tant attendu approchait.

Le jeu de pouvoir et de séduction n’avait pas encore commencé, mais tous ceux qui les connaissaient savaient que lorsque cela arriverait, la ville entière serait ébranlée. Milan était trop petite pour contenir deux titans tels que Régina et Lorenzo. L’un d’eux finirait par dominer, mais à quel prix ?

Dans les ténèbres de la nuit, deux prédateurs rôdaient, prêts à se dévorer l’un l’autre, sans se douter qu’ils allaient peut-être trouver en l’autre un adversaire digne de leur stature… ou bien un allié inattendu.

Leur rencontre serait inévitable. Mais lorsqu’elle aurait lieu, ce ne serait pas simplement une confrontation. Ce serait l’étincelle d’une guerre silencieuse, où manipulation et trahison seraient les armes les plus meurtrières. Dans ce monde où tout se jouait dans l'ombre, Régina et Lorenzo allaient redéfinir les règles du pouvoir.

Lorsque le destin finit par les pousser l'un vers l'autre, ce ne serait ni dans le luxe d'une soirée mondaine, ni dans le calme d'une rencontre fortuite. Non, leur première véritable confrontation serait gravée dans la violence et le sang.

Régina, vêtue de sa longue robe noire, un symbole de son titre de Veuve Noire, était prête à frapper un nouveau coup. L'homme qu'elle avait ciblé ce soir-là, Massimo Galiano, était un magnat du pétrole, corrompu jusqu’à la moelle et bien introduit dans les milieux criminels. Il pensait pouvoir la posséder, la contrôler comme il avait contrôlé tant d’autres avant elle. Mais Régina, enroulée autour de son cou tel un serpent venimeux, savait déjà comment elle allait le dépouiller de tout.

De l’autre côté de la ville, dans un quartier où personne n’osait s’aventurer sans un mot de passe ou un garde du corps, Lorenzo Alessio Lombardi se préparait à orchestrer une exécution. Une bande rivale avait osé défier son autorité, une erreur qu’il n’avait pas l’intention de laisser impunie. Il n’avait jamais laissé passer la moindre insulte à son pouvoir. Ses ennemis apprendraient ce soir que Lorenzo n’oubliait jamais, et qu’il ne pardonnait pas.

Ce qu’aucun des deux ne savait, c’est que cette nuit allait les rapprocher pour la première fois.

Alors que Régina s’apprêtait à donner le coup de grâce à Massimo, l’un de ses hommes de main surgit dans la pièce, terrifié. "Régina," haleta-t-il, "il y a des hommes de Lombardi dehors. Ils encerclent le bâtiment. Nous devons partir maintenant !"

Régina haussa un sourcil, intriguée. Elle n’avait pas prévu d’interférer dans les affaires de Lorenzo ce soir, mais si ses hommes étaient là, cela signifiait qu’il y avait plus à jouer que prévu. Elle jeta un dernier regard à Massimo, déjà à moitié conscient de ce qui lui arrivait, puis tourna les talons.

"Que la partie commence," murmura-t-elle pour elle-même.

Lorenzo, à l’extérieur du bâtiment, observait calmement ses hommes prendre position. Ce n’était qu’une opération de routine, une démonstration de force. Il ne s’attendait à rien d’exceptionnel, jusqu’à ce qu’il aperçoive, au loin, une silhouette qui attira son attention. Une femme aux cheveux noirs, drapée dans une robe élégante, s’éloignait de l’immeuble. Elle se mouvait avec une aisance calculée, presque théâtrale.

Il plissa les yeux, perplexe. Qui pouvait-elle bien être ? Ce quartier n’était pas fréquenté par des femmes de sa stature, encore moins en pleine nuit. Et cette aura… Il la reconnaîtrait entre mille.

"Régina," souffla-t-il, un sourire en coin.

Il s’avança, ses pas lourds résonnant sur le pavé. Ils étaient à quelques mètres l'un de l'autre maintenant, et pour la première fois, ils se retrouvèrent face à face. L’air autour d’eux semblait se figer, comme si la ville entière retenait son souffle, consciente de l’importance de cette rencontre.

Régina leva lentement les yeux vers lui, un sourire en coin sur ses lèvres. "Je dois admettre que je ne m’attendais pas à te voir ici ce soir, Lorenzo."

Il la regarda de haut en bas, l’évaluant comme on évalue un adversaire redoutable. "Il semblerait que nos affaires se chevauchent, Régina. Je pensais que tu préférais les cibles moins… bruyantes."

"Je choisis toujours mes cibles avec soin," répondit-elle, son regard perçant.

"Massimo était à moi," répliqua Lorenzo, d’un ton tranchant.

Régina haussa les épaules, nonchalante. "Il ne l’est plus."

Un silence pesant s'installa entre eux, mais dans leurs regards se lisait une compréhension tacite. Ni l’un ni l’autre n’était dupe. Ils savaient que cette rencontre était tout sauf fortuite. Ils avaient chacun leurs propres intérêts, mais une chose était certaine : à partir de ce moment, plus rien ne serait comme avant.

"Je t’avertis, Régina," dit Lorenzo, sa voix teintée d’une menace à peine voilée, "ce n’est pas un jeu auquel tu devrais t’amuser."

Elle le fixa, son sourire s'élargissant, presque provocateur. "Oh, mais Lorenzo… Tout ceci n’est que jeu. Reste à savoir qui l’emportera."

Sans un mot de plus, elle tourna les talons et s’éloigna dans la nuit, disparaissant aussi rapidement qu'elle était apparue, laissant derrière elle un Lorenzo Alessio Lombardi à la fois intrigué et enragé.

Ce soir-là, Milan avait été témoin d’une rencontre que personne n’avait anticipée. Mais les rumeurs allaient bientôt courir. La Veuve Noire et le maître de la mafia étaient sur un chemin de collision, et lorsque cela arriverait, la ville entière en tremblerait.