THE WIDOW'S SHADOW

chapitre 31: à jamais

Régina monta les marches de l’immeuble, une bouteille de champagne à la main, son cœur battant d'excitation. Lorenzo lui avait annoncé qu'il avait une nouvelle importante à lui partager, et elle avait pris cette bouteille pour célébrer avec lui. Arrivée devant la porte de l’appartement, elle se remémora toutes les fois où Lorenzo lui avait parlé de ses limites émotionnelles, lui disant que l’amour était un luxe qu’il ne pouvait se permettre. Mais ce soir, peut-être que cela allait changer. Peut-être qu’il avait réalisé quelque chose de nouveau.

Elle entra doucement, sans frapper, comme elle en avait l'habitude. Mais alors qu'elle franchissait le seuil, elle entendit des murmures, des rires étouffés. Son cœur s’arrêta une fraction de seconde, ses doigts se crispant autour du goulot de la bouteille. Avançant prudemment, elle se retrouva face à une scène qui la glaça sur place : Lorenzo, avec une autre femme. Ils étaient enlacés, leurs corps exprimant une passion brute, dévorante. Ils ne l'avaient pas encore remarquée.

Régina resta un instant immobile, luttant contre le torrent d'émotions qui montait en elle. La douleur, la trahison, l'incompréhension, tout se bousculait dans sa tête. Les paroles de Lorenzo résonnaient dans son esprit : "L'amour est un luxe que je ne peux m'offrir." Mais là, devant elle, c’était bien de la passion, une émotion qu'il avait toujours refusée de partager avec elle.

Elle retint un sanglot, respirant profondément pour ne pas se laisser submerger. Lentement, elle décapsula la bouteille de champagne. Le pop sonore du bouchon résonna dans la pièce, interrompant l'étreinte des amants. Lorenzo se retourna brusquement, ses yeux s’écarquillant en voyant Régina, debout, calme mais impénétrable.

Sans un mot, elle se versa un verre, ses gestes mesurés et gracieux, comme si elle était simplement là pour célébrer. Elle leva le verre dans sa direction, un sourire imperceptible au coin des lèvres, puis but une longue gorgée.

Le silence était lourd, pesant. Lorenzo fit un pas vers elle, l'air coupable et confus, mais elle lui fit signe de ne rien dire, levant légèrement la main pour l'arrêter.

Sans le regarder davantage, elle tourna les talons, bouteille et verre toujours en main, et sortit de la pièce avec une dignité glaciale. Son cœur était en morceaux, brisé au plus profond de son être, mais elle refusait de le montrer. Pas à lui. Pas ici.

Dehors, dans le couloir désert, elle ferma les yeux un instant, respirant profondément. Les larmes menaçaient de couler, mais elle les retint. Elle s'était promis de ne plus laisser son passé la définir, et maintenant, cela incluait Lorenzo.

Elle continua à marcher, le bruit de ses pas résonnant dans la cage d’escalier, se répétant silencieusement qu’elle devait avancer, qu’elle devait se reconstruire, même si, à cet instant précis, elle avait l'impression d'avoir tout perdu.

Régina descendit les escaliers, chaque marche lui semblant plus lourde que la précédente. Son esprit tentait de rassembler les morceaux éparpillés de sa fierté et de ses sentiments. La douleur de la trahison était intense, mais elle refusait de flancher. Elle était plus forte que ça, elle devait l’être.

Une fois à l’extérieur de l’immeuble, la brise fraîche du soir la fit frissonner, lui apportant un instant de répit face à la chaleur étouffante de ses émotions. La bouteille de champagne toujours en main, elle réalisa à quel point elle se sentait ridicule d’avoir cru, même un instant, que Lorenzo pouvait changer. Que quelque chose de beau pourrait naître de cette relation. Elle sourit tristement à cette pensée.

Elle continua à marcher, le regard droit, mais perdu dans le vide. Chaque pas la ramenait un peu plus à la réalité. La trahison de Lorenzo n’était qu’un symptôme de quelque chose de plus grand, de plus profond. Elle avait toujours été en quête de validation, d’une forme d’amour qu’on ne lui avait jamais offert, ni dans ses relations amoureuses, ni dans sa vie familiale. Lorenzo n’avait été qu’un autre chapitre, une autre illusion.