THE WIDOW'S SHADOW

chapitre 32: renaître

...de Lorenzo lui-même, debout au centre de la pièce, imposant dans son costume impeccable, son regard aussi froid et tranchant que l'acier. Pour la première fois, elle voyait véritablement l'homme qu'il était, sans l'éclat trompeur de ses promesses ou le charme de ses sourires. Il n'était plus seulement Lorenzo, celui avec qui elle avait partagé des moments d'intimité et des rêves voilés d'espoir. Non, il était devenu l'incarnation d'un monde sombre et impitoyable, celui des affaires où les sentiments n'avaient pas leur place.

Lorenzo leva les yeux vers elle, l'expression inchangée, comme s'il ignorait la trahison qui s'était abattue entre eux la veille. Son regard sembla même la sonder, cherchant à deviner si elle possédait encore la force de rester. Pour lui, sa présence aujourd'hui n'était qu'un signe de loyauté, de soumission, un test ultime de sa capacité à accepter les règles de son empire criminel. Mais Régina ne comptait plus se laisser dicter son rôle.

Elle prit place en silence dans la salle, observant calmement chaque visage autour de la table, chacun aussi calculateur que froid. Elle n'était pas ici pour se faire remarquer ou pour prouver quelque chose à Lorenzo ou à quiconque. Elle était là pour observer, pour comprendre, et surtout, pour trouver la force de s'affranchir de ce qui la liait à lui.

La réunion se déroula dans un silence pesant, rythmé par les discussions de deals, de territoires, et d'alliances nécessaires à l'équilibre de leur empire. Les mots durs, précis, remplis de menaces à peine voilées, ne lui échappaient pas. Lorenzo maîtrisait cet univers à la perfection, son calme glacial inspirant à la fois le respect et la terreur. Elle comprit alors à quel point elle avait été naïve, pensant qu'il lui accorderait un jour une place spéciale dans ce monde.

À la fin de la réunion, alors que les hommes de main commençaient à se disperser, Lorenzo s'approcha enfin d'elle. Il eut un sourire en coin, celui qui lui avait toujours semblé si séduisant, mais aujourd'hui il lui paraissait presque cruel, comme une façade dissimulant un vide intérieur.

« Regina, j’imagine que tu as des questions, » dit-il d’un ton égal.

Elle soutint son regard, refusant de céder à l'émotion qui menaçait de déborder. Elle ne lui donnerait pas la satisfaction de la voir brisée. « Non, Lorenzo. Pas de questions. Seulement des réponses que j’aurais dû trouver il y a bien longtemps. »

Surpris, il arqua un sourcil, comme s’il ne s’attendait pas à cette froideur de sa part. Mais Régina savait qu’elle n’avait plus rien à perdre. Ce qui la retenait auprès de lui, cette illusion d’un amour possible, s’était dissipé. Elle n’était plus l’amante crédule, elle était devenue une femme qui avait survécu à une vérité brutale.

« Eh bien, » murmura-t-il, légèrement amusé, « peut-être que tu comprends enfin qui je suis. Ce que signifie être avec moi. »

Elle hocha doucement la tête. « Oui, Lorenzo. Je comprends. Et c’est pour ça que je pars. »

Un silence glacé s’abattit dans la pièce. Lorenzo resta figé, et pour une fois, elle put voir une brève lueur de surprise dans ses yeux. Il avait toujours pensé qu'elle accepterait tout, que son charme et son pouvoir suffiraient à la garder à ses côtés. Mais aujourd'hui, elle le voyait pour ce qu'il était réellement : un homme prisonnier de son empire, incapable d'offrir quoi que ce soit de vrai.

Sans un mot de plus, elle fit demi-tour, les talons résonnant fermement sur le sol de marbre, chaque pas marquant sa décision de reprendre sa vie en main. Elle sortit de la pièce, le dos droit, sans se retourner, laissant Lorenzo face à son propre reflet et aux choix qu’il avait faits.

Dehors, la brise nocturne l’accueillit, offrant une sensation de liberté qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. Les étoiles brillaient encore au-dessus d’elle, et elle se promit de ne plus jamais se perdre dans les ombres de quelqu’un d’autre. Ce chapitre, aussi douloureux soit-il, était désormais clos.