chapitre 10: le jeu des apparences

2 2 0
                                    

Lorenzo se leva lentement, le whisky à moitié bu, sa colère bouillonnant sous la surface. Régina était là, étendue sur son canapé comme si elle était chez elle, et cela commençait à le rendre fou. Chaque fois qu'elle faisait une de ces apparitions impromptues, il sentait sa patience s'effriter un peu plus.

Il s’approcha d'elle, l'observant, la lumière tamisée du salon dessinant des ombres sur son visage délicat. Elle était si belle, même endormie, mais cette beauté était devenue un poison pour lui. Comment pouvait-elle être à la fois si fascinante et si insupportable ?

"Régina," dit-il d'une voix plus forte qu'il ne l'avait prévu, "réveilles-toi." Il était impatient, mais une partie de lui savait qu'il ne devait pas montrer sa frustration.

Elle ouvrit lentement les yeux, un sourire flou se dessinant sur ses lèvres. "Quoi ?" demanda-t-elle avec une innocence feinte, s'étirant comme un chat paresseux. "Est-ce que je dérange ?"

"Tu sais très bien que tu déranges," répliqua-t-il, sa voix chargée d’un mélange d’agacement et d’incrédulité. "C'est la troisième fois cette semaine que tu arrives ici sans prévenir, bouteille à la main, comme si c'était normal."

Elle s'assit, jouant avec l'ourlet de sa robe, ses yeux pétillants de malice. "Mais je pensais que tu aimais ces visites impromptues. C’est comme un petit coup de fraîcheur dans ta routine ennuyeuse."

Lorenzo se pinça l’arête du nez, essayant de contenir son irritation. "C'est plus qu'une simple routine, Régina. Cela commence à devenir un véritable problème. Qu'est-ce que tu cherches exactement en venant ici ?"

Elle haussait les épaules, mais il pouvait voir l'éclat amusé dans ses yeux. "Je cherche à te connaître, Lorenzo. Je veux comprendre l’homme derrière le mafieux. C’est peut-être un peu plus complexe qu’un simple jeu de pouvoir."

"Et si je te disais que j’ai assez de complications dans ma vie sans toi qui surgis comme un fantôme à chaque coin de rue ?" Il n'arrivait pas à cacher la frustration dans sa voix.

Régina s'approcha de lui, sa présence imposante. "Oh, mais tu sais très bien que je ne suis pas un fantôme, Lorenzo. Je suis bien réelle. Et je compte bien rester ici jusqu'à ce que tu acceptes la réalité : nous avons besoin l’un de l’autre."

Il la fixa, le défi brillant dans ses yeux. "Et toi, tu as besoin de toi-même, de tes petits jeux, de te faire passer pour celle qui tient les rênes. Mais crois-moi, je ne suis pas un pion dans ton échiquier."

Régina éclata de rire, un son clair qui résonna dans la pièce. "Mais c'est exactement ça, Lorenzo ! Tu es tellement convaincu d'être le roi sur ton échiquier que tu ne vois pas que je suis en train de bouger les pièces. Tu devrais être heureux, non ?"

"Rien ne me rend heureux dans cette situation." Il se leva, se dirigeant vers la fenêtre, son regard perdu dans la ville qui s’étendait en contrebas. "Je ne suis pas ici pour jouer. Et encore moins pour perdre."

Elle se leva à son tour, s’approchant lentement, son ton devenu plus sérieux. "Alors arrête de penser que tu perds. Embrasse le chaos, Lorenzo. Tout cela pourrait te conduire à quelque chose de magnifique."

Il se tourna vers elle, intrigué malgré lui par son audace. "Magnifique ? Tu es folle."

Elle sourit d'un air malicieux. "Peut-être. Mais ne dis pas que je ne t'ai pas prévenu. Le bonheur et la beauté se trouvent souvent là où on ne les attend pas."

Lorenzo se rapprocha, la tension entre eux palpable. "Si cela continue, tu pourrais bien découvrir que je ne suis pas aussi indulgent que tu le crois."

THE WIDOW'S SHADOW Où les histoires vivent. Découvrez maintenant