chapitre 16 : un pacte silencieux

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Le  soir, après la  réunion particulièrement tendue avec des partenaires commerciaux, Lorenzo ressentit une impulsion soudaine. Il décida d'emmener Régina chez lui, espérant que le cadre détendu pourrait l’aider à se sentir mieux et à reprendre des forces. Lorsqu'ils arrivèrent, Régina observa l'intérieur de l’appartement, le regard admiratif, avant de se diriger vers la cuisine.

« Tu as quelque chose à manger ? Je meurs de faim, » annonça-t-elle sans hésitation, ouvrant les placards comme si elle était chez elle.

Lorenzo la regarda, amusé et exaspéré à la fois. « Tu sais que tu peux demander, Régina. Tu n’as pas besoin de fouiller. »

Elle lui lança un sourire espiègle tout en dévorant un morceau de pain. « Mais où serait le plaisir si je ne fais pas un peu de fouille ? »

Lorenzo secoua la tête, un sourire involontaire se dessina sur ses lèvres. Elle prenait des libertés qu’il n’aurait jamais autorisées à quiconque d’autre, mais avec elle, c'était différent. Il se surprenait parfois à apprécier ces petits moments de complicité, même si une voix intérieure lui disait qu'il devait rester vigilant.

« Tu sais, tu ne devrais pas négliger ta santé en grignotant comme ça, » dit-il en la regardant avaler une autre bouchée de fromage. « Je ne veux pas que tu tombes malade à nouveau. »

« Oh, arrête avec tes leçons de santé, Lorenzo. Un peu de fromage ne va pas me tuer, » rétorqua-t-elle, en prenant une gorgée d’eau. « D’ailleurs, tu pourrais faire un effort pour rendre cet endroit un peu plus accueillant. »

« Accueillant ? C'est ma demeure, pas un salon de thé. »

« Peut-être, mais tu pourrais au moins y mettre un peu de couleur, » plaisanta-t-elle, se penchant sur la table pour examiner un vase vide. « Ou un peu de décorations. Regarde, il n'y a même pas de fleurs. »

À cette remarque, Lorenzo s'arrêta un instant, son esprit se remettant en question. Pourquoi cela le dérangeait-il tant ? Il n'avait jamais pensé à décorer son espace de vie, et pourtant, l'idée de faire plaisir à Régina lui semblait soudain irrésistible.

« Alors, qu'est-ce que tu suggères ? » demanda-t-il, défiant.

« Des fleurs, des tableaux, quelque chose qui ne ressemble pas à un bunker. Il y a un monde à l'extérieur de ces murs, tu sais. »

Il la regarda avec un mélange de surprise et de curiosité. Son audace le fascinait. « Tu devrais être décoratrice d’intérieur, alors, » dit-il finalement.

Régina leva les yeux au ciel, feignant l'ennui. « Non, je préfère être la muse de l’artiste. »

Ils échangèrent des sourires, une tension délicate flottant dans l'air. Lorenzo, bien qu'il tentât de se concentrer sur la conversation, se rendit compte qu’il n’avait pas envie de l'éloigner. L’idée de la voir prendre ses aises chez lui lui plaisait d'une manière qu'il n'avait pas anticipée.

« Tu sais, je pourrais te faire confiance dans ce domaine, » finit-il par dire, tout en prenant place à la table, les bras croisés, observant Régina avec un mélange d'amusement et d'appréhension.

« Fais-moi confiance, et je te promets de faire de cet endroit un vrai chez-soi, » répondit-elle, son regard pétillant d'enthousiasme.

La conversation continua, les rires remplissant la cuisine, et Lorenzo sentit peu à peu les murs qu’il avait érigés autour de lui s’effondrer. Une complicité s'était installée, et il ne pouvait plus nier l'attirance qui grandissait entre eux, même si cela le troublait profondément.

À cet instant, il se demanda ce qu'il deviendrait s’il la laissait entrer complètement dans sa vie. Mais pour l'heure, il se contentait de savourer le moment.

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