Première fois

8 0 0
                                    

Quelques minutes plus tôt, du côté de Daï. Il était sorti de la baignoire, et se fixait maintenant dans le miroir. Il avait évidemment mis une serviette autour de sa taille. Il s'était plongé dans une longue réflexion, et observait chaque partie de son corps avec une expression de dégoût profond. Ses cheveux noirs, aussi épais qu'un manteau en fourrure. Cette pseudo coupe au bol ratée. Coupe carrée, grasse et incoiffable. Ce n'était pas agréable à toucher. Il était incapable d'en prendre soin. En fait, il ne savait pas prendre soin de lui. Mais il n'en avait pas les moyens, en même temps. Sa pilosité faciale et corporelle partait dans tous les sens. Il se sentait comme un ours. Imposant, mais pas que pour sa taille, pour son odeur et peut-être même son caractère. L'odeur de transpiration qui s'échappait de son corps à peine faisait-il un effort. Ce n'était pas de sa faute, il était comme ça. Et pouvoir prendre une douche, ce n'était pas donné vu son portefeuille troué.

Une fois de plus, il détaille son corps avec un arrière goût amer dans la bouche.

Un pauvre gorille mal nourri. Son torse coincé entre la sous nutrition et la musculature bien dessinée. Ses cottes pouvaient ressortir aussi bien qu'elles pouvaient disparaître sous la masse graisseuse, les jours ou il mangeait correctement. Son visage était creusé, affaibli par la faim. La fatigue lui provoquait des cernes aussi gros que des sacs de sable. Même s'il aurait voulu qu'on lui lance dessus par moment.

Les cicatrices qui recouvraient son corps, elles l'écœuraient. Toutes aussi profondes, plus piquantes les unes que les autres. Combien de fois il avait regretté de s'infliger un tel traitement. Mais le désespoir était plus grand, plus fort, et surtout plus persistant. Les blessures du combat étaient peut-être plus grandes, mais les détériorations qu'il infligeait à son corps, elles, elles faisaient bien plus mal. Car elles résultaient de tant de haine, de malheur, mais aussi de force. Il canalisait ce qu'il pouvait, et comme il le pouvait.

Non décidément il n'arrive pas à aimer son corps, il en vient à remettre son existence sur cette planète en question.

Pourquoi est-il né au final ? Pour vivre misérablement et tout sacrifié pour son fils adoré ? Alors oui, il aimait son fils plus que sa propre vie. Mais il ne savait plus penser à lui.

Vivre sans jamais penser à ce qu'il veut ? Oui, probablement. Après tout, c'est pas comme si son propre père avait fait tous ses efforts pour son propre enfant à l'époque.

Daï a pris une grande inspiration, ce soir il voulait juste mettre tout ça de côté. Pensé un peu à lui et à sa relation avec Sakumo. Peut-être même en passant un cap, qui sait ?

Il ferme les yeux, prenant une grande inspiration. Il garde les yeux fermés.

Il avait ce désir qui montait en lui depuis le début de la soirée. Sakumo avait ce don de le perturber par un simple regard. Sa gentillesse et sa bonté envers lui, son coeur ne faisait que de battre à tout rompre. Il avait un sourire d'ange. Cet homme était parfait. Il avait tout ce que lui n'avait pas. Il était attirant en tout point. Un électron libre auquel on rêvait de s'accrocher.

Daï repensait à cette fois, le weekend précédent, où il avait pu admirer le corps de son âme sœur. Son corps était tout ce qu'il y a de plus attirant. Une peau claire et douce malgré les cicatrices qui le parcouraient. Il n'avait pas pu s'empêcher de l'observer. Même si la discussion était sérieuse, les pensées luxurieuses ne pouvaient manquer à l'appel.

Il se sentit rougir. Il porte la main à son visage, se cachant les yeux, rouge de honte. Pourquoi est-ce qu'il pensait à ça maintenant ? Ce n'était pas le moment. Ce n'était le moment pour personne. Et... il y avait les enfants. Ils pourraient les entendre. Cette pensée ramène Daï à la réalité. Il ravale ses pensées interdites et observe une dernière fois son reflet. Puis il décide de quand même s'habiller, trop intimidé pour ce rendre dans la chambre dans sa plus modeste tenue. Il sort doucement de la salle de bain, l'anxiété commençait déjà à monter, il s'en voulait d'avoir si peur de ce qu'il pouvait arriver à partir de maintenant.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 28 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Don't give up on meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant