Chapitre 22

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TW : Violence physique / Torture


Ce qui réveilla Jordan fut la douleur lancinante qui émergeait sous son crâne. Il avait l'impression que son cerveau avait doublée de volume et essayait de sortir de sa boîte crânienne par n'importe quel moyen. Lorsqu'il ouvrit les yeux, une pointe de douleur transperça sa tempe et le fit grimacer, l'obligeant à refermer les paupières, le temps que la douleur s'estompe.

Ce laps de temps lui permit de se remémorer ce qu'il s'était passé. Plusieurs flashs lui revinrent à l'esprit. Il se revoyait ouvrir le capot de sa voiture, chercher la panne puis la vision de son père s'imposa à lui avant le trou noir.

Lentement, Jordan ouvrit à nouveau les yeux. La douleur était toujours présente, mais moins persistante. Il avait l'impression d'avoir la tête sous l'eau, d'être entouré de coton ou d'avoir une gueule de bois titanesque. Sans compter que sa gorge était sèche comme le désert du Sahara, il aurait pu avaler deux litres d'eau d'un coup s'il en avait sous la main.

Petit à petit, la réalité fit son chemin dans son esprit et il se rendit compte du merdier dans lequel il se trouvait. Allongé sur un matelas à même le sol, Jordan essaya de se redresser pour s'asseoir en serrant les dents pour contenir sa migraine qui ne lui laissait pas un seul instant de répit. Il s'appuya contre le mur derrière lui puis observa l'endroit dans lequel il se trouvait.

Sans aucun doute possible, il était enfermé dans un sous-sol. Toutes les maisons américaines possédaient ce fameux endroit où les scénaristes de film d'horreur s'en donnaient à cœur joie. Malheureusement pour lui, il n'était pas un personnage d'un de ces films et cet endroit était la réalité dans laquelle il était piégé. Il aurait préféré affronter Annabelle plutôt que son père. C'était pour dire.

Son instinct de survie reprit le dessus et chassa momentanément les douleurs qu'il ressentait. Il se redressa davantage puis balaya les alentours du regard.

À part le matelas sur lequel il était installé, la pièce était vide. Absolument rien ne traînait, pas le moindre meuble, pas un outil qui pourrait l'aider à sortir d'ici ou à se défendre. Le néant. Seule l'ampoule au milieu de la pièce éclairait l'endroit afin qu'il ne soit pas plongé dans la pénombre, mais une petite voix dans sa tête lui soufflait que cela ne durerait peut-être pas. Pourtant, il ne s'avoua pas vaincu.

Il ignorait quel produit lui avait injecté son père, mais il en ressentait toujours les effets et c'était loin d'être agréable. Il essaya de se mettre debout, mais se ravisa en ayant un flash violent.

Le visage de Gabriel s'afficha dans son esprit. Il se souvenait de lui avoir donné rendez-vous, du repas qui était sur le siège passager de sa voiture. Il devait être en train de l'attendre, ou pire, son père s'en était aussi pris à lui. Par réflexe, il fouilla dans les poches de son pantalon, mais bien évidemment, son portable avait disparu. Il n'avait aucun moyen de savoir si son petit ami allait bien et cette idée commençait déjà à le rendre fou. Il fallait qu'il sorte d'ici pour aller le chercher, pour le protéger de son fou furieux de paternel.

Lorsque cette pensée traversa son esprit, un bruit de porte se fit entendre quelques mètres plus loin, suivi d'un rai de lumière qui illumina l'escalier.

Des pas se firent entendre marche après marche, la silhouette d'Aldo Bardella apparut devant lui. Par réflexe, Jordan se positionna de manière à être face à lui. Il était encore groggy par le médicament, mais il était prêt à se battre s'il le fallait.

— Bonjour, fils, s'exclama-t-il en italien. Bien dormi ?

La question était posée avec un naturel effarant. Bien évidemment, Jordan restait silencieux. Il avait envie de lui demander pourquoi il était ici, ce qu'il voulait, toutes les banalités qu'un homme terrifié pourrait demander, sauf qu'il s'abstint. Il savait comment ça se passait. Les victimes trop bavardes étaient celles qui mourraient en premier, et il refusait d'enlacer la faucheuse maintenant.

Par-delà l'horizon - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant