Chapitre 23

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TW : Violences physiques. 


Le sous-sol où Jordan était enfermé s'était transformé en décor de film d'horreur. Durant un temps infini, père et fils se rendirent coup sur coup dans une danse endiablée rythmée par leur respiration erratique et leurs râles de douleur. Malgré le fait qu'Aldo Bardella frôlait la soixantaine, Jordan était forcé de constater qu'il se battait toujours aussi bien et prendre le dessus sur son père fut un défi de haut niveau, mais il y était parvenu.

— Tu vas vraiment tuer ton propre père ? vociféra Aldo, allongé sur le dos en tentant vainement de se relever.

Un filet de sang s'échappait de sa bouche, coulant à la commissure de ses lèvres pour finir sa course sur sa joue. Jordan l'avait frappé en plein visage à plusieurs reprises, aucun coup fatal, comme s'il avait involontairement retenu sa violence. Est-ce que dans le fond, son père n'aurait pas raison ? Est-ce qu'il était véritablement capable de le tuer ?

À genoux sur le sol, Jordan le maintenait contre le béton glacial du sous-sol. Le jaugeant de toute sa hauteur, il avait une dominance totale sur lui. Il pouvait le tuer en quelques minutes s'il le voulait, se saisir de l'aiguille en métal, lui enfoncer dans la gorge et le laisser se vider de son sang. Sauf qu'il en était incapable, pour une raison qu'il ignorait encore.

— C'est bien ce qu'il me semblait, ricana Aldo. Et si on arrêtait tout ça ? Il est encore temps de mettre un terme à cette guerre, Jordan. Je suis prêt à passer l'éponge sur tes actes, si tu retournes à Naples. Rentre à la maison avec nous.

— Nous ? répéta-t-il en fronçant les sourcils. Comment ça nous ?

À l'instant où il posa cette question, la réponse le frappa de plein fouet. Le sourire en coin que son père esquissa ne fit que confirmer les doutes qu'il avait déjà. Évidemment. Comment avait-il pu croire que son ordure de frère resterait au Mexique ou aurait l'amabilité de passer l'arme à gauche. Cependant, s'il était en vie et s'il en jugeait par les mots de son père, son frère se trouvait en ville. Et Gabriel était sans aucune protection.

— Où est Andréa ?

— Je ne sais pas.

— OU IL EST ?!!

Sa peur avait fait exploser sa colère. Il attrapa son père par le col et frappa sa tête au sol deux fois de suite. Il le vit grimacer, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. L'une de ses mains le lâcha pour venir attraper l'aiguille en métal qui s'était échouée plus loin. Sans réfléchir une seule seconde, Jordan appuya la pointe contre la carotide d'Aldo. Une goutte de sang perla sur sa peau, mais malgré cette menace, son père refusait d'effacer ce sourire triomphant sur son visage.

— Il te rend faible, ricana-t-il. Ce gamin te tire vers le bas. Tu as voulu jouer les chevaliers en le sortant de la merde dans laquelle il était, sauf que tu l'as plongé dans notre monde. Tout ce qui lui arrivera ce soir est entièrement ta faute, Andréa va l...

La suite de sa phrase tomba dans l'oubli. Le dernier mot ne traversera jamais la barrière de ses lèvres.

Dans un geste assuré, sans un tremblement dans la main, Jordan avait enfoncé l'aiguille dans la gorge d'Aldo Bardella. Le métal transperça sa carotide, sa trachée puis termina sa course de l'autre côté. Le corps de son père s'agita de spasmes sous lui, son regard dorénavant terrifié se posa sur son fils alors qu'il levait sa main vers lui dans une tentative vaine de l'attaquer, mais c'était trop tard.

Le sang coulait sur les doigts de Jordan, il s'échappait abondamment sur le sol et venait tacher ses vêtements, son propre sang se mélangeait au sien comme une sorte de rituel satanique. Son regard n'avait plus rien d'humain, ses prunelles brunes étaient devenues deux billes noires noyées sous la rage et la détermination qui l'animaient. Il était en train de tuer son père et Dieu que c'était satisfaisant.

Par-delà l'horizon - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant