Les révélations Vaudou et la quête de l'unique vérité

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Kendrick Lamar

Prologue Riley

Mon père répétait souvent à Mara et à moi:

— Ce que l'on doit à la nuit, il faut le payer à la nuit... et pas au jour. Sinon c'est comme ci on avait rien payé du tout.

C'était pour lui une leçon fondamentale, un rappel que, peu importe l'obscurité ou la profondeur des ombres qui nous encerclent, il n'y a rien à gagner à tourner le dos à nos problèmes. Il nous incitait, à sa manière brute et presque cruelle, à les affronter, à regarder droit dans les yeux ce qui nous effraie, ce qui nous met à l'épreuve.

Il aurait été facile, en entendant ces mots, de voir en lui une sorte de héros — une figure forte, inébranlable, portant le poids de ses fardeaux sans jamais plier. Mais la réalité est bien plus sombre. Cet homme n'avait rien d'un modèle de vertu. Sa vie elle-même était un enchevêtrement de choix douteux, de fuites et de mensonges, bien loin des valeurs qu'il prétendait nous inculquer. Pourtant, au milieu de cette façade d'autorité et de ce discours imposant, il y avait un fragment de vérité, une sagesse, même si elle venait d'un cœur que l'on aurait difficilement qualifié de pur.

Aujourd'hui, je regarde autour de moi et je vois un monde où beaucoup ont oublié comment faire face à leurs propres ténèbres. Les gens fuient leurs peurs, cherchent l'oubli dans des distractions superficielles, comme s'ils pouvaient acheter un répit en détournant le regard. Ils n'ont jamais appris, comme nous, qu'il faut parfois se tenir immobile dans le silence de la nuit, même si elle est glaciale et terrifiante, même si elle pèse de tout son poids sur nos épaules. Car, au bout du compte, c'est en affrontant cette obscurité que l'on forge son propre courage.

Ainsi, bien que je n'aie jamais voulu suivre l'exemple de mon père, ses paroles résonnent encore en moi, comme un écho que je ne peux éteindre. Elles me rappellent qu'il y a des batailles intérieures qui ne peuvent être différées au jour, des comptes à régler avec nos propres peurs, et que c'est dans cette lutte solitaire que se révèle la véritable force d'une âme.

Il m'arrivait souvent de le trouver trop dur, mon père, et parfois même idiot dans sa façon d'être, avec cette présence qui semblait toujours lointaine, comme s'il n'était jamais vraiment là. Il imposait sa volonté, dictait des règles, mais semblait étranger à ceux qui devaient les suivre.

Et pourtant, un jour, sans que je m'y attende, j'ai pris sa place. Me voilà, à mon tour, face à ces regards qui m'attendent, ces gens — les miens désormais — que je dois guider. Comment vous dire ce que cela m'a appris, ce que cela m'a fait comprendre de lui ? J'ai pris conscience, avec le poids de cette responsabilité, de tout ce que je n'avais jamais compris, de tout ce qu'il fallait porter sans le montrer, de tout ce qu'il y a de solitude et de doute dans le rôle de celui qui est censé mener les autres.

À cet instant, une étrange connexion s'est formée entre lui et moi, comme un pont au-dessus des années et des malentendus. C'est à cet instant que j'ai entrevu ce que j'avais autrefois jugé avec trop de légèreté. Car il y a dans ce rôle de guide une charge que l'on ne peut vraiment comprendre qu'en l'expérimentant soi-même — une charge qui écrase, qui exige de laisser ses propres faiblesses de côté, d'avancer même quand on tremble soi-même d'incertitude.

Alors oui, j'ai critiqué ses choix, ses méthodes, sa dureté. Mais aujourd'hui, il m'arrive de comprendre, de sentir presque la raison silencieuse derrière ses actions. Parce que diriger, ce n'est pas seulement montrer le chemin, c'est le prendre en premier, avec toutes ses épines et ses doutes, tout en veillant à ce que les autres suivent sans chanceler.

Mara... Elle lui ressemble plus que je ne voudrais l'admettre. Dans ses gestes, dans son regard d'acier, dans cette façon qu'elle a de rester impassible face aux tempêtes. Elle incarne cette même autorité froide, ce même refus de montrer la moindre faiblesse. C'est comme si, sans même le vouloir, elle avait hérité de cette carapace que mon père portait, de cette armure qu'il n'a jamais retirée, même pour ceux qui partageaient son sang.

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