Chapitre 23

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Je suis assise sur le canapé, les jambes repliées en dessous de moi, une tasse de thé brûlante entre mes mains. Les rayons du soleil pénètrent à travers les rideaux, illuminant le salon, mais cette lumière ne parvient pas à réchauffer l'angoisse qui me serre le cœur. Je n'arrive pas à oublier la nuit précédente, cette plongée dans l'obscurité de la cave.

Je me remémore chaque détail, chaque frisson qui ont parcouru mon corps lorsque je me suis retrouvée là-bas, seule et vulnérable. La seringue. Cette sensation froide et menaçante sur ma peau. J'essaie de chasser ces images, de me concentrer sur la chaleur de la tasse entre mes mains, mais les souvenirs persistent, comme des vagues qui frappent inlassablement le sable. Je soupire, et tente de me convaincre que c'était un simple cauchemar, un fruit de mon imagination.

Alors que je me perds dans mes pensées, j'entends des pas dans l'escalier. Seren apparaît dans l'embrasure de la porte, un sourire sur son visage. Mon cœur se serre un peu. Il a cette façon d'illuminer la pièce, mais aujourd'hui, je me méfie de cette lumière. Est-ce qu'il ressent ce qui pèse sur moi ? Est-ce qu'il sait que, derrière ce sourire, je cache mes doutes et mes peurs ? Je me force à lui sourire, mais c'est un sourire fragile.

-Bonjour, dit-il d'une voix douce, tu as bien dormi ?

Je hoche la tête, même si ce n'est pas vrai. Mon esprit est trop embrouillé pour laisser place à la paix d'une nuit tranquille. Je me demande s'il peut lire la fatigue dans mes yeux, si les cernes sous mes paupières trahissent mes insomnies. Seren s'approche et s'assoit à mes côtés, son regard inquiet cherchant le mien. Cela me touche.

Nous commençons à discuter des choses banales du quotidien, des petits détails de nos vies qui, d'ordinaire, auraient suffi à me réconforter. Mais aujourd'hui, chaque mot semble peser lourdement, comme si le simple fait de parler creusait un fossé entre nous. J'essaie de me concentrer sur lui, de me rappeler les raisons pour lesquelles je l'aime, mais mes pensées dérivent toujours vers l'angoisse.

Après quelques instants, il prend une profonde inspiration et, avec un air plus sérieux, il se penche un peu vers moi.

-Je vais à une exposition d'art aujourd'hui, dit-il, l'enthousiasme dans la voix. J'aimerais vraiment que tu viennes avec moi. Je t'aime, tu sais.

Ces mots, prononcés avec tant de douceur, résonnent en moi. Une chaleur envahit ma poitrine, mais à l'instant même, une vague de méfiance monte. Quelles sont ses véritables intentions ? Est-il sincère ? Je cherche à lire son regard, mais il me semble que je suis à la fois attirée par lui et sur mes gardes. Je me souviens des événements de la nuit, des murmures dans l'obscurité, et la peur de ne pas être en sécurité avec lui me revient en pleine face.

Je lui réponds, ma voix tremblante trahit mon incertitude.

-Je t'aime aussi, Seren. Je... je viendrai à l'exposition.

Mais au fond de moi, une voix résonne, me rappelant que quelque chose ne va pas. Je me sens partagée, tiraillée entre l'envie de le croire et la nécessité de me protéger.

Seren, heureux, sourit encore plus largement, mais je sens que mon propre sourire se fane. Je ne peux m'empêcher de penser que je devrais lui parler de mes angoisses, mais la peur de le perdre, de voir son regard changer, me paralyse. Je détourne les yeux, fixant ma tasse de thé.

-Tu es sûre que ça va ? demande-t-il. Je lève les yeux vers lui, rencontrant son regard. Une part de moi veut tout lui avouer, lui parler de la cave, de la seringue, des ombres qui dansent dans mon esprit. Mais la peur de sa réaction me retient.

-Oui, je... je vais bien, menti-je, mais je sens que mon cœur s'emballe. Je veux lui faire confiance, mais cette ombre qui plane sur moi me rend nerveuse. Alors que nous continuons à parler, une partie de moi se demande si je ne suis pas en train de masquer une vérité plus profonde, une vérité qui pourrait détruire ce que nous avons construit ensemble.

Éclaboussures écarlates Où les histoires vivent. Découvrez maintenant