Chapitre 24

5 2 2
                                    

Je franchis la porte du cabinet de Katerina avec une certaine appréhension. L'air ici était lourd, saturé de l'odeur douce de l'encens qui flottait dans l'ombre. Les bougies étaient allumées un peu partout, et des draps bordeaux pendaient aux murs, donnant à la pièce une atmosphère tamisée.

Katerina était là, immobile derrière une table basse, ses mains posées sur ses genoux. Elle m'attendait, comme si elle avait toujours l'air de m'attendre. C'était cette étrange impression que j'avais chaque fois que je venais la voir. Ses yeux verts brillaient dans l'obscurité de la pièce. Elle m'observait, et je savais qu'elle savait déjà pourquoi j'étais venue. Mais il n'y avait aucune pression dans son regard. Elle était calme, presque trop calme.

Je m'assis en face d'elle, mes doigts frémissant sous mes gants, mes yeux fuyant le sien. La lumière des bougies dessinait des ombres dansantes sur les murs, et un silence lourd s'installa entre nous.

-Tu es venue pour parler de ton mari, dit-elle, comme si c'était une évidence. Sa voix, douce et profonde, résonna dans l'espace clos de la pièce.

Je sursautai, un frisson glissant dans mon dos. C'était étrange, et pourtant, je n'étais pas surprise. Elle avait cette manière de parler, comme si elle savait déjà ce que j'allais dire avant même que je ne l'évoque la conversation.

-Oui, murmurai-je, mes mains serrées l'une dans l'autre sur mes genoux. Je suis... je suis inquiète. J'ai peur, Katerina. Il fait des choses dans la cave. Des choses que je ne comprends pas. Il peint... mais il peint là-bas, dans la cave. Et je ne peux jamais y aller, il ne veut jamais m'y inviter. Parfois, il y reste des heures, seul, comme si... comme s'il était obsédé.

Elle me regardait sans dire un mot, attendant que je continue comme si elle savait déjà ce qu'il se passait.

-Je l'ai vu changer, ces derniers temps. Il est... distant. Comme s'il était ailleurs, comme s'il n'était plus vraiment là avec moi. C'est comme si quelque chose l'avait... possédé. Je n'arrive pas à mettre des mots sur cette sensation, mais je la ressens dans la manière dont il me regarde, dans la façon dont il me parle. Tout a commencé à se dégrader après qu'il ait commencé à peindre dans cette cave.

Je laissai échapper un léger soupir, mon esprit se remplissant des images sombres qui m'assaillaient chaque nuit.

-J'ai fait un rêve, un cauchemar, continuai-je, ma voix tremblante légèrement. C'était lui. Seren. Il... il me prenait du sang. Pas d'une manière douce, non. Il me prenait du sang au poignet, avec une seringue. Il n'y avait pas de douleur, juste cette... cette étrange sensation de vide, comme si je devenais une partie de lui. Je le voyais remplir la seringue, et le sang se mêlait à la peinture. Il en utilisait pour peindre. Pas de peinture normale, pas de couleurs ordinaires. Non. C'était du sang, Katerina. Du sang.

Je m'arrêtai un instant, le goût du métal dans ma bouche, comme si le cauchemar m'avait suivie jusque dans la réalité. Une sensation nauséeuse m'envahit, et j'eus un instant de vertige, comme si la scène du rêve était encore présente devant moi, comme si Seren était là, à cet instant même, me fixant avec son regard froid et distant.

-Je suis descendue dans la cave après ce rêve, dis-je faiblement. Je... j'ai eu peur, mais je devais savoir. J'ai voulu savoir si ce que j'avais vu dans mon cauchemar était réel. J'ai descendu les escaliers, et quand je suis arrivée en bas, l'odeur... Il y avait une odeur, Katerina. Une odeur bizarre, nauséabonde, comme quelque chose de pourri. C'était insupportable. Comme si le sol lui-même absorbait quelque chose que je ne pouvais pas voir. Et au loin, dans l'ombre, j'ai entendu... des respirations.

Je marquai une pause, mon esprit essayant de mettre en forme cette expérience étrange, cette sensation d'être observée.

-Des respirations lourdes, comme si quelqu'un était là, caché dans l'obscurité. Mais je n'ai rien vu. Rien du tout. Et je... je me suis sentie comme si j'étais surveillée, comme si tout ce que je faisais était vu par quelqu'un que je ne pouvais pas atteindre. Je suis remontée aussi vite que j'ai pu, mais l'odeur persistait, et cette sensation d'être observée est restée avec moi. Elle ne m'a pas quittée.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 2 days ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Éclaboussures écarlates Où les histoires vivent. Découvrez maintenant