Les Ombres du Passé

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Les semaines avaient filé à une vitesse vertigineuse, mais Clara n'avait pas l'impression que les choses s'étaient vraiment améliorées. Si Éliott semblait enfin vouloir ouvrir une porte vers une meilleure compréhension, une meilleure connexion, il y avait toujours cette distance entre eux. Cette sorte d'ombre, ténue mais persistante, qui les séparait.

Clara se tenait debout devant la fenêtre, observant le monde extérieur avec une mélancolie qu'elle n'arrivait pas à expliquer. La pluie tombait à verse, une pluie fine, presque imperceptible, mais qui semblait envahir tout l'espace. Elle se sentait un peu comme la pluie, effacée, noyée dans ses pensées, observant le monde sans y participer pleinement.

Elle avait l'impression d'être une spectatrice de sa propre vie, attendant que quelque chose se passe, que la situation évolue. Elle était fatiguée de toujours être la seule à tendre la main, la seule à essayer de combler le vide qu'Éliott semblait laisser autour de lui. Elle savait que c'était une question de temps, qu'il devait affronter ses propres démons avant de pouvoir pleinement s'investir dans leur relation. Mais elle n'en pouvait plus. Elle avait l'impression de se perdre un peu plus chaque jour.

Quand elle sentit son téléphone vibrer sur la table, elle sursauta. Elle s'empara rapidement de l'appareil, espérant que ce serait un message d'Éliott. La notification affichait son nom. Clara inspira profondément et ouvrit le message.

"Tu veux qu'on se voit ce soir ? J'ai quelque chose à te dire."

Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il y avait quelque chose dans ces mots, quelque chose qui lui faisait peur. Ce n'était pas le ton habituel, pas les messages courts et parfois dénués d'émotion qu'il lui envoyait ces derniers temps. Non, cette fois, il y avait une forme de sérieux, de tension qu'elle ne pouvait ignorer.

Elle n'eut pas besoin de réfléchir longtemps. Elle répondit rapidement.

"Oui, je suis libre. On peut se retrouver chez toi ?"

Elle sentit une vague d'angoisse monter en elle, mais elle la balaya, se concentrant sur l'idée de ce moment avec lui. Si elle avait appris quelque chose au fil de leur relation, c'était que rien ne se résolvait sans une discussion honnête. C'était peut-être ce que ce message voulait dire : il était prêt à parler. À ouvrir la porte qu'il avait laissée fermée si longtemps.

Quand elle arriva chez lui, la porte était déjà entreouverte. Clara poussa doucement la porte et entra dans l'appartement, se retrouvant dans l'obscurité, à l'exception de la lumière tamisée qui émanait de la cuisine. L'odeur de café frais flottait dans l'air, mais ce n'était pas cela qui attira son attention. C'était lui. Il était là, adossé à l'îlot de la cuisine, une tasse de café à la main, les yeux rivés au sol, comme s'il n'osait pas la regarder.

Clara s'approcha doucement, son cœur battant la chamade. Elle savait que quelque chose de lourd se préparait, quelque chose qui risquait de bouleverser à nouveau leur fragile équilibre.

— Salut, dit-elle, sa voix douce mais teintée d'incertitude. Tu m'as demandé de venir. Qu'est-ce qu'il y a ?

Il leva lentement les yeux vers elle, et Clara remarqua que ses prunelles étaient plus sombres que d'habitude, plus perdues. Il semblait lutter avec lui-même, cherchant les mots, les bons mots. Mais il ne les trouvait pas.

— Clara... murmura-t-il, un soupir s'échappant de ses lèvres. Je ne sais pas comment te le dire... mais je pense qu'on arrive à un point où on doit vraiment faire face à ce qui est entre nous. À ce qui se cache derrière nos regards et nos silences.

Clara sentit son estomac se serrer. Chaque mot qu'il prononçait, aussi chargé d'émotion fût-il, la plongeait un peu plus dans la confusion. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi avait-il l'air si désemparé ?

— Je t'écoute, dit-elle d'une voix calme, essayant de cacher la panique qui montait en elle. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Il se détourna un instant, les doigts serrés autour de la tasse, comme s'il cherchait la force de parler. Il posa enfin la tasse sur le comptoir et se tourna vers elle, ses yeux maintenant emplis de sincérité, mais aussi d'une certaine tristesse.

— J'ai réfléchi à tout ça, Clara, beaucoup réfléchi. Et je me suis rendu compte que, malgré ce que je ressens pour toi, il y a des choses en moi que je n'ai pas encore réglées. Des choses du passé, des souvenirs qui me hantent, des douleurs qui m'empêchent d'être pleinement là pour toi, et je ne sais pas si je serai jamais capable de t'offrir ce que tu mérites.

Clara sentit une boule se former dans sa gorge. Elle savait bien qu'Éliott portait un passé lourd, mais l'entendre le dire à haute voix était un autre choc. Elle s'approcha de lui, ses mains tremblantes, mais son regard déterminé.

— Éliott, tu... tu n'es pas seul. Si tu as des blessures, je serai là. Mais tu ne peux pas rester dans le passé. Il faut que tu te libères, sinon tout ça... tout ce qu'on a construit, ça n'aura pas de sens.

Il ferma les yeux un instant, secouant lentement la tête.

— Je sais, je sais, mais c'est plus compliqué que ça. Ces choses du passé... elles me définissent plus que je ne le veux. Et je ne veux pas t'entraîner là-dedans, Clara. Tu mérites quelqu'un qui puisse te donner tout ce que tu veux. Quelqu'un qui puisse être là pour toi, sans doutes ni peur.

Clara s'éloigna légèrement, son cœur se serrant. Ces mots... Ils lui transperçaient la poitrine comme des éclats de verre. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi il pensait ainsi, pourquoi il s'imaginait qu'il ne pouvait pas lui offrir ce qu'elle méritait. Elle l'aimait. Elle croyait en lui. Mais pourquoi ne pouvait-il pas voir cela ?

— Éliott, soupira-t-elle, les larmes menaçant de perler dans ses yeux. Si tu crois que je vais partir parce que tu as des blessures, tu te trompes. Je sais que c'est difficile, mais je suis là. Et je serai là, même si tu n'as pas toutes les réponses. Parce que c'est ce que l'on fait quand on aime quelqu'un. On traverse les ténèbres ensemble.

Il la regarda longuement, comme s'il cherchait quelque chose dans ses yeux, une lueur d'espoir qu'il n'avait pas encore trouvée. Puis, lentement, il s'avança vers elle, un air de culpabilité dans son regard.

— Je suis tellement désolé, Clara, murmura-t-il. Je ne voulais pas te faire souffrir. Je... je suis juste perdu. Mais je veux que tu saches que je tiens à toi. Plus que tu ne le crois. Et même si je ne sais pas encore ce que l'avenir nous réserve, je veux essayer. Je veux essayer de te donner ce que tu attends de moi.

Un poids sembla se lever de ses épaules, mais Clara savait que ce n'était pas la fin de leurs luttes. Ce n'était qu'un pas de plus. Un pas incertain, mais un pas tout de même.

Elle tendit la main vers lui, effleurant doucement son bras, avant de le regarder droit dans les yeux.

— Alors, on va essayer. Ensemble.

Sous un Ciel d'OragesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant