Le matin s'était levé doucement sur la ville. Les premiers rayons du soleil perçaient à travers les rideaux de la chambre, apportant une lumière tamisée et chaleureuse qui enveloppait les deux jeunes adultes dans une paix inattendue. Clara s'était réveillée tôt, comme elle en avait pris l'habitude ces derniers jours, profitant du silence qui régnait autour d'elle pour réfléchir à tout ce qui s'était passé entre elle et Éliott.
Elle se leva, enfila un peignoir léger et se dirigea vers la fenêtre. Elle posa une main contre le verre froid, observant le monde en dessous d'elle. La ville semblait tranquille, presque indifférente à l'agitation intérieure qu'elle ressentait encore. Il y avait quelque chose de rassurant dans cette stabilité, cette normalité, qui contrastait avec le tumulte des émotions qui s'étaient enchaînées ces dernières semaines.
Clara sentit une main sur son épaule. Éliott était là, silencieux, juste derrière elle, sa présence presque apaisante. Elle se tourna lentement vers lui, ses yeux rencontrant les siens. Ils échangèrent un regard silencieux, un échange de compréhension, comme si tout ce qu'ils avaient vécu était condensé dans cet instant.
— Tu es déjà réveillée ? demanda-t-il d'une voix douce.
— Oui. Je... je réfléchissais à tout ça, répondit-elle, son regard se posant sur ses mains, qui se tordaient légèrement autour du peignoir. À nous. À ce qu'on a dit hier soir.
Éliott hocha la tête, un léger sourire en coin. Il savait que Clara avait besoin de temps pour digérer tout ce qu'ils avaient partagé la veille. Mais lui aussi ressentait cette légèreté, cette sorte de soulagement qui venait du fait d'avoir mis des mots sur leurs peurs et leurs incertitudes. Le poids du non-dit semblait s'être dissipé, mais à présent, il fallait que chacun de leur côté apprenne à faire confiance à ce nouvel équilibre fragile.
— C'était un moment important, dit-il doucement, tout en s'approchant d'elle. Je... je crois que ça nous a permis d'aller plus loin, tu ne crois pas ?
Clara le regarda, une pointe de doute dans son regard. Elle avait peur, oui, de se laisser aller trop vite, de croire trop fort à une relation qui, en dépit des promesses et des mots échangés, restait fragile. Mais quelque part, au fond d'elle, elle savait aussi que cette vérité partagée, cette vulnérabilité mise à nu, avait créé quelque chose de solide entre eux.
— Oui, je crois. Mais... Elle hésita, cherchant ses mots. Je crois qu'on doit encore avancer, pas seulement en paroles, mais en actes. On a dit qu'on ferait face à nos peurs, mais c'est facile à dire, difficile à vivre.
Éliott la regarda intensément, ses yeux plongés dans les siens. Il comprenait exactement ce qu'elle voulait dire. Chaque moment de vulnérabilité qu'ils avaient partagé, chaque ouverture de cœur, les exposait à la possibilité de décevoir l'autre. Mais c'était aussi ce qui les rendait réels, humains. Ils n'étaient plus ces personnages idéalisés qu'ils avaient construits dans leurs têtes. Ils étaient eux, avec leurs imperfections, leurs fragilités, mais aussi leur force d'être ensemble.
— Tu as raison, répondit-il enfin, sa voix chargée de sincérité. Mais je suis prêt à avancer avec toi. Si ça signifie faire face à nos doutes, à nos peurs... je suis prêt. Parce que je sais que ça en vaut la peine. Je sais que nous en valons la peine.
Clara sentit un frisson parcourir son dos. Il y avait quelque chose dans sa voix, dans ses paroles, qui la touchait profondément. Ce n'était pas un homme qui promettait l'impossible, mais un homme qui reconnaissait ses limites et ses faiblesses tout en offrant son cœur. Et c'était tout ce dont elle avait besoin.
Elle posa doucement sa main sur la sienne, une tendresse infinie dans ce geste.
— Tu sais... murmura-t-elle. Je crois que la vraie question, c'est est-ce qu'on peut se donner le temps nécessaire. Pas juste pour nous, mais aussi pour nous construire, chacun de notre côté. Parce qu'on ne peut pas se donner entièrement à l'autre sans d'abord être entiers, nous-mêmes.
Éliott sembla réfléchir un instant à ses paroles. Puis, lentement, il hocha la tête.
— Tu as raison. Et je pense qu'on a encore beaucoup à apprendre, à comprendre, sur nous-mêmes et sur ce qu'on veut vraiment. Peut-être que la réponse n'est pas de tout savoir maintenant, mais de prendre le temps, chaque jour, d'évoluer ensemble, d'avancer à notre rythme.
Clara sentit un soulagement, comme si un poids invisible venait de se lever de ses épaules. C'était exactement ce dont elle avait besoin : du temps, de l'espace, et la possibilité de respirer sans la pression d'avoir à tout résoudre en un instant. Ils étaient là, ensemble, mais chacun portait son propre chemin. Et peut-être qu'en se soutenant mutuellement, ils pourraient trouver un terrain d'entente.
Elle se rapprocha encore de lui, un sourire discret aux lèvres.
— Alors, on se donne ce temps ? demanda-t-elle, presque comme une promesse.
— Oui. On se donne ce temps. Mais je serai là. Et je sais que toi aussi, tu seras là pour moi.
Éliott la prit dans ses bras, la serrant contre lui avec douceur, comme pour ancrer cette promesse dans l'air. Clara se laissa aller à ce contact, fermant les yeux un instant, sentant son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Ce n'était pas une fin, ni un début. C'était juste un moment suspendu, une étape.
Ils restèrent là, dans cette étreinte, savourant le calme et la paix retrouvée, conscients que, malgré les doutes et les incertitudes, leur amour avait survécu à la tempête. Et c'était tout ce qu'ils avaient pour avancer, un pas à la fois.
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Sous un Ciel d'Orages
RomanceDans la petite ville de Rivemont, deux adolescents aux vies très différentes vont se rencontrer lors d'un été mouvementé. Clara, 17 ans, rêve de quitter la ville pour explorer le monde. Passionnée de dessin, elle se perd souvent dans ses esquisses...