Vœu sicilien, Le Clan Cesareo

Angelina Messina. 48

Leo m'agrippe par le bras brutalement et m'entraîne à l'intérieur d'un bâtiment sombre. C'est d'abord l'odeur du sang mêlé à l'humidité qui me pique le nez. Puis, je distingue une faible lumière éclairant un coin de l'espace. Enfin, je reconnais mon père à genoux, devant Amadeo au regard assassin et quelqu'un d'autre placé dans l'obscurité.

Mais ma peur prend une autre dimension lorsque je remarque mon frère, sur le sol, avec une flaque de sang près de son visage. Est-il mort ? Je n'ai pas le temps d'y réfléchir que Leo s'approche dangereusement de moi et me plaque violemment contre le mur.

Je suis tétanisée face à son regard sombre. Je n'ai jamais eu à faire à cette facette de gangster. Ma gorge s'assèche et un long tremblement parcourt mon corps. Mon père me regarde ébahie alors que Leo s'empare à présent de mes poignets pour les enfermer avec de grosses chaînes suspendues.

Alors qu'Amadeo parle à mon père, mon attention est captivée par le danger que représente Leo. Pendant ce temps, il commence à déboutonner sa chemise lentement, probablement pour ne pas la tacher avec mon sang. Car, oui je suis consciente que Leo va me torturer.

Dans la semi obscurité, il ne ressemble plus au un prince charmant de mes rêves mais à bien un démon. 

Une fois torse nu, mes yeux parcourent rapidement ses muscles. Je me fige. J'avais toujours vu ses muscles comme une beauté, un peu sauvage mais désormais ils sont clairement une menace évidente contre moi.

Il sort un couteau de sa poche et approche la lame sur mon pull. D'un coup sec, il coupe mon haut en deux. Mon cri de peur retentit dans l'immense hangar. Je ne vois pas la réaction de mon père, caché par l'immense torse de Leo qui recule de quelques pas et fronce les yeux en fixant l'horreur sur  le bas de mon cou. Ma tâche de naissance est visible, malgré la pénombre.

- C'est quoi ça ?, demande Amadeo.

- Une tache de naissance. Elle la tient de sa grand-mère, grogne-t-il tout bas, où j'arrive tout de même à entendre son mépris. Écoute Amadeo, tu as déjà le sang qui a coulé pour ma trahison par la mort de mon fils et je te propose ma fille en échange de ma vie. 

Un hoquet de frayeur m'échappe. Stefano git sur son propre sang, mort et mon père propose un accord avec Amadeo comme si c'était la chose la plus normale. Effrayée, je tente de reculer contre le mur froid mais Leo attire durement les chaines à lui, et  je percute son torse, aussi dur qu'un bloc de glace et me tourne vers Amadeo. 

- Que proposes-tu ?, susurre Amadeo, les yeux plissés, tout aussi impassible que mon père. 

- Un arrangement, répond-il vivement, voyant une porte de sortie. 

- Donc, si je la vends à Yuri, tu ne diras rien?, interroge Amadeo, jouant avec un couteau. 

- C'est toi le patron, se contente de répondre mon père, sans l'ombre d'une hésitation. 

Les paroles de mon père me percutent en plein cœur. N'est-il pas censé me protéger, protéger la seule fille qu'il a eu ? L'attention d'Amadeo se tourne alors vers moi, calculant probablement ma valeur. Il s'approche doucement de Leo et  lui murmure quelque chose à l'oreille. Ce dernier me jette un regard froid et déterminé.

Ma vie est scellée.