Sylviana entre dans ma chambre sans frapper, encore une fois.
- Madame, Madame Cesareo vous attend au salon, me dit-elle en refermant la porte sans la claquer cette fois-ci.
Madame Cesareo ? La mère de Francesco. Je suis toute nerveuse à l'idée de cette rencontre. Est-elle aussi froide que son fils ?
Je me prépare rapidement, prenant la première chose qui me tombe sous la main : un pantalon noir et une blouse en satin crème, assortie de simples sandales blanches.
En ouvrant la porte pour sortir, une vague de panique m'envahit. Depuis mon arrivée, je n'ai jamais quitter la chambre. Et comme je m'y attendais, deux gardes se tiennent de chaque côté de la porte, immobiles comme des statues de marbre. Leur regard est impassible, ce qui me donne un frisson dans le dos.
Je respire profondément, puis je trouve un peu de courage pour avancer, mais à petits pas, hésitante. Le couloir qui s'étend devant moi est d'un blanc éclatant, presque éblouissant, et chaque marche de l'escalier semble un petit défi. En descendant, je réalise avec soulagement que ma cheville va beaucoup mieux, me permettant de poser le pied avec plus d'assurance.
En bas de l'escalier, un grand salon s'ouvre à ma gauche. À pas feutrés, j'y pénètre, le cœur battant. Mais c'est une femme d'apparence jeune et énergique qui s'avance vers moi.
-Bonjour, me dit-elle avec un sourire chaleureux, sa voix mélodieuse teintée d'un fort accent italien. Je suis Paola, Paola Cesareo. Quand j'ai appris la bonne nouvelle par mon mari, je suis immédiatement venue te voir.
Elle prend mes mains dans les siennes, sa chaleur humaine me surprend. Sa présence rayonnante contraste avec l'atmosphère tendue que j'avais imaginée. Toutefois, Je reste hébétée pendant quelques secondes, recherchant une quelconque ressemblance avec Francesco, mais il y en a aucune, ses cheveux sont un peu trop blonds et artificiels et sa peau trop bronzée et surtout, elle est plutôt jeune. Paola a dû comprendre ma surprise car elle reprend la parole avec un rire gêne.
- Je suis la... la deuxième épouse du papa de Francesco.
Je note qu'elle a buté sur le mot deuxième ou bien elle ne sait pas comment le prononcer en anglais.
- Prends place à côté de moi, m'invite-t-elle, en désignant un joli canapé tout aussi blanc que les murs du salon.
Elle commence à parler un trop vite pour moi avec un accent trop appuyé qui fait que j'ai du mal à la suivre.
- Tu peux lui parler en italien, Lucinda le comprend parfaitement, intervient soudainement Francesco, venu de nulle part. L'atmosphère apaisante du salon se charge instantanément de tension, et je n'ose plus bouger, mal à l'aise devant lui. Depuis la petite église, je n'ai pas eu l'occasion de le re croiser.
- Elle a grandi dans notre communauté, donc elle a baigné toute sa vie dans notre langue maternelle et dans nos traditions, dit-il avec un regard appuyé. Son regard trop intense, je détourne le mien au profit de Paola, plus avenant.
- Bien, c'est parfait que tu sois là, Francesco. Je voulais annoncer la bonne nouvelle à Lucinda. Ma chérie, Francesco souhaiterait organiser un mariage, je veux dire, un vrai, avec des fleurs, un banquet, des invités et bien sûr, une robe de mariée, explique Paola avec enthousiasme en italien.
Un frisson d'angoisse me parcourt à l'idée d'un autre mariage. Quoi ? Un autre mariage ? Non merci ! Je déglutis difficilement, essayant de cacher mon désarroi.
- Elle ne semble pas avoir compris. J'ai parlé trop vite ? s'inquiète Paola en se tournant vers Francesco.
- Non, au contraire, elle a très bien compris.
- Merci, mais je ne pense pas qu'il faille une autre cérémonie, je lui explique, sentant mon cœur battre la chamade dans ma poitrine.
-Mais pourquoi, ma chérie ? Ça sera magnifique ! s'enthousiasme Paola. Quelle jeune femme ne rêve pas de sa robe de mariée ? s'étonne-t-elle, un sourire illuminant son visage.
Moi, je pense tout bas.
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Vœu sicilien, Le Clan Cesareo
RomanceJeune fille de Little Italy, ma vie devait suivre un chemin tracé : études, travail, et peut-être un mariage avec quelqu'un que j'aurais choisi. Mais tout a basculé lorsque mon père, pour rembourser une dette colossale, m'a vendue à la famille Cesar...