Lucinda. 23

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Mes yeux sont rouges à force d'avoir pleur. Et malgré une douche, ils sont encore bouffis. Je tente d'atténuer leur aspect en m'aspergeant d'eau froide mais rien n'y fait. Alors que j'essuie mon visage, quelqu'un toque et entre. C'est Paola, élégante dans une robe cintrée blanche mettant en avant son bronzage.

- Bonjour !, me dit-elle joyeusement.

Mais, très vite elle perd son sourire et s'approche de moi, inquiète.

- Tu vas bien ?

- Oui, j'ai eu du mal à dormir, je mens comme une arracheuse de dents. Même si elle devinait probablement la raison de mon état, elle ne pourrait rien faire pour moi, de toute manière.

- Tu sais, même si le mariage a plutôt bizarrement commencé, cela ne signifie pas pour autant que vous ne serez pas heureux, Francesco et toi, tente-t-elle de me rassurer.

Je n'ai jamais pensé à un quelconque bonheur avec Francesco, surtout à la suite de notre discussion de la veuille.

- Je t'attends en bas, me dit-elle, toute joie disparue de son visage désormais. 

Je me dirige vers le dressing et choisis une tenue simple. J'opte pour un pantalon en satin kaki que j'accompagne avec un haut bustier beige. Des couleurs harmonieuses pour un esprit fébrile. Je choisis les mêmes sandales confortables de la veuille. Avant de sortir, je m'empare d'un sac à main marron avec un signe en dorure d'une marque prestigieuse, qui aurait fait le bonheur de Maria ou Valentina.

En descendant, je vois Francesco en discussion avec Paola qui opine de la tête. Encore des ordres à suivre. En me voyant, Francesco me balaie du regard puis hoche la tête avant de partir, sans un mot. Je pense que notre mariage sera le plus silencieux du monde. A ce rythme là, on sera toujours de parfaits inconnus, lui et moi, jusqu'à notre mort. Peut-être c'est ce que Francesco souhaite après tout ? Aucune attache que le devoir. 

Je monte dans le même SUV que Paola. Marcello, mon garde du corps attitré désormais, monte à l'avant, près du chauffeur. Une fois de plus, je ne porte pas attention aux paysages qui défilent sous mes yeux,  préférant me plonger dans mes pensées, particulièrement tournées vers ma famille. Après de longues minutes sur cette route étroite et sinueuse, nous arrivons enfin devant un grand portail en bois.

Le SUV finit par s'arrêter devant une bâtisse en pierre recouverte de vigne vierge, entourée d'arbres centenaires et d'une multitude de plantes en pot prêtes à être vendues. Un homme d'un certain nous accueille avec un chaleureux sourire.  Après une visite rapide  de son domaine, il nous conduit vers des serres.

Je prends mon temps à contempler toutes ces fleurs et laisse Paola s'entretenir avec l'architecte paysager. Je n'ai pas vraiment le moral à penser aux décorations florales. Au loin, j'aperçois une serre d'orchidées. Je me laisse alors déambuler en admirant chaque orchidée.  

- Salut Lucinda.

- Oh, bonjour Giovanni, je me tourne vers Giovanni, surprise de le voir ici.

- Gianni. Tout le monde m'appelle comme cela, me dit-il en s'approchant de moi. Vêtu à nouveau en noire, la couleur sombre met en avant ces yeux bleus, aussi semblables que ceux de Francesco,  et une peau halée..

- OK, va pour Gianni, je lui souris, secrètement heureuse d'avoir de la compagnie. Depuis notre arrivée, Paola papillonne d'un stand de fleurs à un autre, accompagnée par le gérant, me laissant seule.

- Alors tu as choisi l'orchidée de ton cœur, dit-il en balayant du regard les fleurs devant nous avant de poser ses yeux sur moi. Son regard bleu qui vire presque au gris métallique me déstabilise un peu. Il est intense et troublant, voulant transmettre quelque chose.

Vœu sicilien, Le Clan CesareoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant