Le SUV s'engage dans une longue allée bordée de grands arbres. La voiture roule longtemps, et je commence à réaliser l'ampleur du domaine de Francesco. Enfin, nous arrivons devant un imposant portail en fer forgé noir, orné d'un grand symbole au centre. Je reconnais immédiatement la Gorgone, presque identique à celle de la chevalière de Francesco, mais ici, elle est encore plus impressionnante. Ses yeux globuleux sont d'un blanc éclatant, presque surnaturel, et sa bouche béante semble prête à dévorer quiconque oserait s'approcher.
Deux hommes armés surgissent de l'ombre, rigides et imposantes. Ils s'avancent avec assurance et ouvrent le portail, révélant un monde que je ne connais pas et qui me terrifie.
Trop perturbée par les soucis de ces derniers jours, je ne prête guère attention aux paysages, pourtant magnifiques, qui défilent devant mes yeux.
C'est une journée estivale radieuse, et je suis vraiment soulagée de ne plus porter ces vêtements de religieuse, lourds et encombrants, qui me donnaient l'impression d'être emprisonnée dans une autre vie et une autre époque.
À côté de moi, Paola est pleine d'énergie, s'animant au gré d'une conversation que je n'écoute que d'une oreille. La voiture avance sur une route sinueuse, serpentant entre des falaises verdoyantes et surplombant une vue imprenable sur la mer azur. Par moments, une brise légère s'infiltre par la fenêtre ouverte me rappellent la liberté, une sensation que j'avais oubliée durant ces derniers mois.
Nous nous dirigeons, Paola et moi, vers un magasin pour trouver une robe de mariée. Je suis vêtue d'une ravissante robe jaune poussin, que Paola a choisie pour moi, convaincue que cette couleur flatte ma peau claire.
La voiture longe une petite rue de Palerme et s'arrête devant un magasin élégant. C'est Marcello qui nous ouvre la porte tout en jetant des regards à la ronde. Deux autres hommes se positionnent devant la porte et surveille l'avenue et les passants. Je ne sais pas si un jour je m'habituerai à toute cette sécurité.
Dès que nous entrons dans le magasin, je suis frappée par le luxe qui s'en dégage. L'ambiance est raffinée, avec un éclairage subtil mettant en valeur quelques modèles de robe mariée magnifiques, ainsi que des paires de chaussures, exposées à l'intérieur des boites en verre. Je ne sais pour quelle raison, je pense immédiatement à Cendrillon qui avait perdu sa chaussure en verre.
Les deux hommes restent à l'extérieur, alors que Marcello nous suit. Apparemment, nous sommes les seules clientes dans le magasin.
- Nous sommes reçu en VIP, me rassure Paola en me prenant par la main.
Une vendeuse très élégante et assez jeune, s'approche de nous en nous saluant très courtoisement, en italien. Elle nous invite ensuite à nous asseoir sur de somptueux fauteuils en velours rouge. Son sourire semble sincère et me détend un peu.
- Que désire mademoiselle ?, m'interroge la vendeuse, en italien.
- Une robe élégante, raffinée, et qui mettra en valeur notre jeune future mariée, répond Paola à ma place, toujours en italien.
Alors que la vendeuse s'active avec deux jeunes assistantes, une autre nous apporte des flûtes de champagne avec un assortiment de petits macarons. Paola en prend un et le mange.
- J'adore ces petites merveilles, me dit-elle sous forme de confidence. Mange ma petite, ils sont très bons.
Moi aussi, auparavant, j'adorais les macarons et toutes sortes de pâtisseries. Mais, j'ai perdu l'appétit depuis des mois. Désormais, je n'arrive même pas à sentir leurs arômes. J'ai perdu plusieurs kilos en l'espace de quelques mois. Quand je pense au nombre de fois où j'avais essayé d'entamer des régimes.
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Vœu sicilien, Le Clan Cesareo
RomanceJeune fille de Little Italy, ma vie devait suivre un chemin tracé : études, travail, et peut-être un mariage avec quelqu'un que j'aurais choisi. Mais tout a basculé lorsque mon père, pour rembourser une dette colossale, m'a vendue à la famille Cesar...