Lucinda. 37

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Quelle chose me chatouille le visage, et lorsque j'ouvre les yeux, je découvre mon chaton, Snow, me regarder avec une drôle de tête, ses yeux gris scrutant comme si j'étais un insecte. 

Après un moment de confusion, je me rends compte que je suis allongée sur mon lit. Et je ne sais vraiment pas comment j'ai pu y atterrir. 

Epuisée, je mets de coté cette question. Je veux seulement replonger dans le sommeil pour oublier ma vie. Alors que je referme les yeux, un bras en acier entoure ma taille.

- Bonjour, murmure Francesca, d'une voix enraillée par le sommeil. Effrayée, je tente de m'enfuir de peur qu'il finisse ce qu'il avait commencé la veuille, mais ce dernier resserre son emprise autour de moi.

Mais comme je continue à me débattre, il utilise tout le poids de son corps pour me maîtriser. Il est désormais sur moi et tout autour de moi. Je n'ai aucune issue possible pour m'échapper.

À bout de souffle, je détourne mon visage du sien, bien trop proche à mon goût. Je n'ai plus le courage de lui faire face, ni de force de lui tenir tête, non plus. 

- Regarde-moi, m'ordonne-t-il, sa voix grave vibrant contre ma poitrine comme un tremblement de terre.

Mais je garde toujours mon visage sur le côté. D'une main, il m'oblige à obéir en maintenant ma mâchoire.

- Regarde-moi, siffle-t-il, si bas, que je suis obligée d'obéir.

Je m'attends à rencontrer des yeux remplis de colère ou de fureur mais ses yeux sont voilés d'une drôle de lueur que je n'arrive pas à décrire, une lueur qui adoucit son regard, habituellement si glacial et effrayant.

Je remarque aussi qu'il porte encore sa chemise de la veille, qui est désormais toute froissée.

- On oublie la journée d'hier, d'accord ?, me dit-il. C'est plus un ordre qu'une proposition.

Je hoche la tête sans grande conviction. Lui, peut-être, mais moi, non.

La journée d'hier n'a fait que confirmer que je resterai toujours sa dette, sa captive, et lui, mon tortionnaire. Nous ne serons jamais un vrai couple, seulement une façade lors des soirées et des sorties.

- Bien, prépare-toi, le petit déjeuner est prêt.

En quelques paroles, Francesco balaie l'incident de la veille, comme si rien de grave ne s'était passé, comme s'il ne m'avait pas insultée et traitée de la pire des manières. Mais à quoi je m'attendais à un homme de son espèce?

Des excuses, non...des remords, encore moins.

Après son départ, je me lève difficilement et me dirige vers la salle de bain. Malgré une bonne douche, mon corps reste encore endolori et mes yeux sont toujours gonflés.

Je ne peux m'empêcher de repenser aux évènements de la vieille. Je n'avais jamais vu le visage de Francesco aussi fermé, pas même lorsque Pedro m'avait fait évader de l'auberge. Sa colère était si palpable que j'ai cru qu'il finirait par m'étrangler.

Ses yeux étaient devenus encore plus terrifiants sous l'effet de la colère. Le bleu de ses iris s'était même transformé en glace, et je ne parle même pas de sa pupille noire, aussi profonde que le néant.

Après son départ précipité, je m'étais refugiée dans un coin du dressing, et j'ai pu laissée court à ma tristesse, en pleurant toute la journée. 

Nos liens fragiles, s'ils y en avaient eu vraiment, ont été anéantis en l'espace de quelques minutes, durant lesquelles j'ai redécouvert le vrai visage de Francesco, un mafieux sans états d'âme.

Vœu sicilien, Le Clan CesareoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant