Tentation Interdite

21

ISABELLE

Je ne sais pas vraiment où je vais. Ma tête tourne, mes pas sont incertains, mais quelque part, ça me fait du bien de lâcher prise. Tout est flou, les pensées s’embrouillent, et je me surprends à sourire bêtement en imaginant A me chercher dans la maison. Elle doit être furieuse. Peut-être que c’est ce que je voulais… qu’elle me rattrape, qu’elle me voie vraiment, même dans un état pitoyable.

Je m’arrête un instant et me cache derrière une porte, riant toute seule, comme une enfant jouant à cache-cache. Pourquoi j’ai fait ça ? Je n’en sais rien, mais l’angoisse qui me rongeait a disparu pour un instant.

Mes mains tremblent en attrapant mon téléphone, et je lui envoie un message avec un air de défi :

I 💬 : Allez ! Cache cache !

J’imagine sa réaction et ça me fait sourire, même si c’est un sourire un peu triste. Dans le fond, je sais que ce n’est pas juste de jouer avec ses nerfs. Mais elle me rend folle, elle a toujours ce contrôle, ce calme, cette distance qui me rappelle tout ce que je ne peux pas avoir. Elle est là, à me dire quoi faire, comme si elle pouvait tout régler. Mais elle ne comprend pas ce que je ressens vraiment.

J’entends des pas, elle approche, et je me glisse derrière le canapé, en riant silencieusement. Je suis sûre qu’elle est prête à exploser.

Elle apparaît enfin, les sourcils froncés, l’air à la fois inquiète et exaspérée. Elle pose les yeux sur moi, et je sens mon cœur se serrer un peu. Elle me regarde avec cette expression que j’adore et déteste à la fois, celle de quelqu’un qui voudrait tellement m’aider sans savoir comment.

Elle doit penser que je suis une vraie gamine quand même...

I : ( Désolée Alix... Mais c'est le seul moyen pour qu'on se parle ne serait-ce qu'un peu... Je préfère continuer à être bourrée... )
A : Isabelle, sors de là, s’il te plaît. Arrête de faire l’enfant.

Je croise les bras en relevant le menton.

I : PeUt-ÊtRe QuE c’EsT çA qUe Je SuIs, UnE gAmInE, nOn ? Ça Te PlAîT dE mE dIrE qUoI fAiRe, HeIn ? Ça Te FaIt Te SeNtIr MiEuX ?

Elle soupire et se rapproche de moi, me tendant la main pour m’aider à me relever.

A : Tu sais bien que ce n’est pas ça. Arrête de te faire du mal, viens là.

Contre toute attente, je prends sa main. Mon cœur bat fort, et pour une fois, je me sens vulnérable. J’aurais voulu lui dire tellement de choses, mais les mots restent coincés. Je la laisse m’emmener vers le canapé, et je m’allonge, fatiguée, la tête posée sur ses genoux. Elle passe une main dans mes cheveux, et ce geste me calme, presque instantanément.

Dans le silence, j’ai envie de lui dire que j’ai peur, que je ne sais pas comment gérer tout ça. Mais les mots restent coincés dans ma gorge. Alors, je ferme les yeux, espérant qu’elle comprenne, qu’elle reste là, juste avec moi, pour ce moment.

Et tandis que l’alcool s’estompe un peu, je me rends compte que je ne suis qu'un fardeaux pour elle... Je ne lui sers à rien... Il faut que je laisse Alix vivre sa vie...

I : *dans un soupir* Je t'aime tellement Alix...

ALIX

Je sens son souffle régulier contre ma cuisse, et pourtant, malgré ce calme, une partie de moi est en ébullition. Les mots qu’elle m’a envoyés résonnent encore dans ma tête, comme une mélodie triste et insistante. "Je t’aime tellement, Alix…" Je pourrais l’embrasser, lui dire que je l’aime aussi, mais est-ce que ça suffirait ? Est-ce que ça l’aiderait à se sentir moins seule, moins perdue ? Et moi dans tous ça... Est-ce que j'arriverai à tout équilibré en plus mes parents vont bientôt revenir... J'ai juste besoin de temps...

Je serre légèrement sa main, la sensation de la chaleur de sa peau contre la mienne me réconforte, mais elle semble si loin, comme si elle était déjà partie ailleurs.

Je brise le silence, hésitante, mais il faut que je parle, que je lui dise ce que je ressens, que je lui montre qu’elle n’est pas seule, même quand elle se croit invisible.

A : Isabelle...

Elle ouvre à peine les yeux, mais je vois ses lèvres se tendre en un petit sourire. Un sourire fragile, comme un appel.

I : Hum...

Je m’assois un peu plus confortablement, essayant de ne pas la gêner, de ne pas envahir son espace.

Elle tourne la tête vers moi, ses yeux s’ouvrent lentement, cherchant à lire mes pensées.

Je secoue la tête, un peu plus fermement.

A : J'ai besoin de temps... Du temps pour moi et du temps pour... Nous...

Elle détourne les yeux, son visage se fermant légèrement.

I : Je comprends mais j'ai l'impression que si je te laisse du temps tu vas t'enfuir comme à chaque fois... Je ne sais même pas comment faire pour arrêter de tout foutre en l’air. J’ai l’impression de te détruire à chaque fois que je fais une connerie.

Je la regarde avec intensité, presque désespérée de pouvoir lui faire comprendre.

A : J'ai besoin de temps...

Elle ferme les yeux un instant, comme si elle pesait mes paroles. Puis, dans un souffle presque inaudible, elle répond :

I : Et si je ne suis pas assez forte pour ça ?

Je caresse doucement sa main, la rassurant de mon regard.

Elle regarde ses mains.
I : *dans un murmure* J’ai peur, Alix. Peur que tu te fatigues de moi. Peur de te perdre.
A : Je te l'ai dis... J'ai besoin de temps...