Entre Deux Feu

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Pdv Clémence

Je n'en pouvais plus. Ce poids sur ma poitrine devenait insupportable. Après que Milia soit sortie précipitamment du cours tout à l'heure, je m'étais sentie au bord du précipice. L'air me manquait. En rentrant chez moi, j'avais cru que le calme de la colocation me ferait du bien, mais c'était sans compter sur Juline, qui, en voyant mon état, ne m'avait pas laissée tranquille.

Assise sur le lit, le visage enfoui dans mes mains, je sentais Juline me scruter, attendant que je parle. Après plusieurs minutes de silence, je finis par céder sous son regard insistant. Je levai enfin les yeux vers elle, le visage décomposé.

— « Juline... je crois que je suis en train de perdre la tête, » murmurais-je, la voix brisée.

Elle se rapprocha, s'asseyant en tailleur en face de moi sur le lit.

— « Parle-moi, Clémence. Qu’est-ce qui te tourmente autant ? »

Je pris une grande inspiration, hésitant à formuler les mots que je retenais en moi depuis des semaines.

— « C'est Milia... » Je marquai une pause, baissant le regard. « Je crois que... je suis en train de tomber amoureuse d’elle. »

Les mots étaient finalement sortis. Une vague de soulagement mêlée de terreur me submergea. Juline, elle, resta silencieuse, me regardant avec une expression indéchiffrable.

— « Qu’est-ce que tu veux dire par là, Clémence ? » demanda-t-elle doucement.

— « Je sais, c'est insensé... C’est mon élève ! Je n’ai pas le droit de ressentir ça ! » Je secouai la tête, me sentant au bord des larmes. « Mais c’est plus fort que moi... Aujourd'hui, après le cours... j’ai failli... »

Je n'arrivais même pas à terminer ma phrase tant l’aveu me semblait inacceptable. Juline posa une main apaisante sur mon épaule.

— « T'as failli quoi ? Lui sauter dessus ? » demanda-t-elle avec un léger sourire pour alléger l’atmosphère.

Je hochai la tête en silence. Juline émit un petit rire, mais en voyant que je ne partageais pas son amusement, elle reprit son sérieux.

— « Clémence... écoute, c'est normal d'avoir des émotions, » dit-elle doucement. « Tu as juste besoin de te donner du temps pour y voir plus clair. Peut-être que c’est juste la fatigue et le stress qui te font voir les choses différemment. »

Je restai silencieuse, réfléchissant à ses paroles. Mais au fond de moi, je savais que ce que je ressentais pour Milia n’était pas simplement dû au stress. Cela faisait des semaines que je me débattais avec ces émotions. Chaque fois que je la voyais, que je croisais son regard... c'était comme une décharge électrique.

Juline, voyant que je ne réagissais pas, tenta de changer de sujet pour alléger l'ambiance.

— « Écoute, » dit-elle en se levant d'un bond, « on va sortir ce soir. On ira surprendre Lucas à son bureau. Ça nous fera du bien à toutes les deux. »

— « Sortir ? » répétai-je, incrédule.

— « Oui, » répondit-elle en souriant. « On va au bar où Lucas travaille, ça nous changera les idées. Et puis, qui sait ? Peut-être qu’un peu d’alcool t’aidera à décompresser. »

J’esquissai un sourire malgré moi. Juline avait ce don de me faire sentir un peu mieux, même dans les pires moments. Peut-être qu'elle avait raison. Peut-être qu'une soirée dehors m'aiderait à me vider l'esprit.

Quelques heures plus tard

Juline et moi étions prêtes à sortir. Après avoir enfilé une robe noire et ajusté mon maquillage, je me sentais un peu plus confiante. Peut-être que ce dont j'avais besoin, c'était juste une soirée entre amis pour me détendre.

Le bar où Lucas travaillait était animé. La musique résonnait, les rires s’élevaient de toutes parts. En entrant, l'atmosphère chaleureuse me fit immédiatement oublier la lourdeur des derniers jours. Juline et moi échangeâmes un regard complice avant de nous diriger vers le comptoir.

— « On fait une surprise à Lucas, n’est-ce pas ? » chuchota-t-elle en souriant.

Nous montâmes discrètement les escaliers qui menaient aux bureaux situés au-dessus du bar. Lucas travaillait là comme comptable pour le propriétaire du lieu. En arrivant à son bureau, nous toquâmes légèrement avant d'entrer.

— « Surprise ! » lança Juline joyeusement en ouvrant la porte.

Lucas leva les yeux de son écran, visiblement épuisé mais ravi de nous voir.

— « Eh bien, qu’est-ce que vous faites ici, toutes les deux ? » demanda-t-il en se levant pour nous saluer.

— « On s'est dit que tu avais besoin d'une pause, » répondit Juline. « Allez, tu viens prendre un verre avec nous. »

— « D’accord, d’accord, » céda Lucas avec un sourire. « Mais seulement un, j’ai encore du travail. »

Pdv Milia

La nuit tombait alors que je sortais de mon dernier cours, exténuée. En traversant la ville pour rentrer chez moi, je passai devant le bar où j'avais été embauchée récemment. Par curiosité, je jetai un coup d'œil à l'intérieur. À ma grande surprise, j'aperçus Madame Mahieur en compagnie de Juline et d'un homme que je ne reconnaissais pas.

Quelque chose en moi se noua. Pourquoi étais-je déçue de la voir là, en train de rire avec d'autres ? Peut-être parce que je m'étais habituée à ses regards intenses et à son inquiétude pour moi, même si je prétendais les ignorer.

Je secouai la tête pour chasser ces pensées. Tout ça était insensé. Mais alors que je m'apprêtais à repartir, un regard croisé à travers la vitre avec Clémence me fit frissonner. Elle m’avait vue. Et cette fois-ci, c’était moi qui fuyais.

Pdv Clémence

Alors que je m'amusais enfin un peu, je l'aperçus. Milia, debout dehors, nous regardant à travers la vitre. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Mais avant que je ne puisse réagir, elle disparut dans la foule.

Je posai mon verre, l’esprit de nouveau embrouillé. Juline et Lucas semblaient ne pas avoir remarqué ce qui venait de se passer, mais moi, je savais que cette soirée, censée me faire oublier mes soucis, venait de se compliquer à nouveau.

— « Clémence, ça va ? » demanda Juline, remarquant mon malaise.

— « Oui... oui, » répondis-je distraitement. « Excusez-moi une minute. »

Je sortis précipitamment du bar, espérant rattraper Milia, mais elle avait déjà disparu dans la nuit.

Désespérée je rentrai à nouveau dans le bar où je fus assaillie de question par mes deux amis.

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À suivre....

Et voilà pour vous.