Entre Deux Feu

17.

Pdv Emma

La lumière crue des gyrophares éclaboussait la nuit tandis que je suivais l’ambulance jusqu’à l’hôpital. Mon cœur battait encore à tout rompre, incapable d’effacer de ma mémoire la scène que je venais de découvrir. Milia, inerte, le regard perdu, comme si toute vie avait quitté son corps. Une vision terrifiante qui me hantait depuis cette nuit il y a des mois.

Je ne comprenais pas ce qu’elle traversait, et cette impuissance me consumait. Pourquoi ne me parlait-elle jamais de ce qui la rongeait ? Avait-elle peur de se confier ? Ou peut-être qu’elle-même ne comprenait pas ce qui se passait en elle...

Lorsque nous arrivâmes aux urgences, les infirmiers prirent rapidement Milia en charge, la posant délicatement sur une civière. Elle semblait si frêle, si fragile. J’avais envie de hurler, de demander des réponses, mais les mots se coinçaient dans ma gorge, étouffés par la peur. Tout ce que je pouvais faire, c'était attendre, angoissée, dans la salle d'attente glaciale, entourée de visages inconnus.

— Tiens bon, Milia. S'il te plaît... tiens bon.

Les minutes s’étiraient en heures, et chaque seconde passée sans nouvelle me paraissait une éternité. Finalement, un médecin en blouse blanche s'approcha de moi, son visage impassible mais ses yeux reflétant une certaine gravité.

— « Vous êtes Emma, c'est bien ça ? Celle qui a appelé l'ambulance ? »

J’acquiesçai fébrilement, le cœur serré.

— « Votre amie a eu de la chance que vous soyez intervenue à temps. Elle est stable pour le moment, mais elle a besoin de repos. »

Il hésita, cherchant visiblement ses mots avant de continuer :

— « Nous avons remarqué plusieurs blessures anciennes... des coupures, des contusions. Elle n’a pas voulu nous expliquer comment elle les a eues. »

Je sentis mes jambes flancher. Ce n’était pas seulement un nouvel épisode isolé. C’était plus profond, plus enraciné. Il y avait un monde de douleur que Milia cachait derrière ses sourires forcés.

— « Puis-je la voir ? » demandai-je, ma voix à peine un murmure.

Le médecin hocha la tête et me guida jusqu'à sa chambre. En entrant, la vue de Milia allongée, les yeux fermés, m’arracha un frisson. Elle semblait tellement paisible, comme si elle s’était enfin échappée d'un cauchemar.

Pdv Clémence

J'étais sur la route avec Juline lorsque mon téléphone vibra dans ma poche. Au départ, j'ignorai l'appel, concentrée sur la route que Juline m'indiquait. Mais le nom qui s’afficha finit par capter mon attention : Emma.

J’hésitai une fraction de seconde avant de décrocher. La voix d’Emma, tremblante et brisée, résonna à l'autre bout du fil.

— « Clémence… c’est Milia… elle est à l’hôpital. »

Et oui depuis quelques semaines Emma et moi nous nous sommes beaucoup rapprocher pas comme un couple mais plutôt comme des amis. Mais ce n'était pas le sujet pour le moment.

Mon cœur se serra violemment. Sans même prendre le temps de dire un mot à Juline, je me gara sur le côté, sur une bande de circulation, et me précipitai de tout dire à Juline tout en faisant demi tour. J'avais besoin de comprendre ce qui s'était passé, d’être là pour elle. Milia, ma Milia… je ne pouvais pas supporter l’idée de la perdre.

Le trajet jusqu’à l’hôpital me parut interminable. Chaque feu rouge, chaque ralentissement sur la route me donnait envie de hurler. Quand j’arrivai enfin, Emma m'attendait dans le hall, le visage pâle et les yeux rougis.

— « Comment va-t-elle ? » demandai-je, à bout de souffle.

Emma secoua la tête, ses lèvres tremblantes.

— « Elle dort… mais elle est tellement épuisée, Clémence… »

Je passai devant elle, déterminée à voir Milia de mes propres yeux. Quand je pénétrai dans la chambre, la vue de son corps frêle, son teint livide, me transperça le cœur. Je m’approchai doucement, m’agenouillai près de son lit, incapable de retenir les larmes qui perlaient au coin de mes yeux.

— « Pourquoi… pourquoi tu t’infliges tout ça, Milia ? » murmurai-je, sachant très bien qu’elle ne m’entendrait pas.

Il y avait tant de choses que je voulais lui dire, tant de questions que je voulais poser. Mais, pour l’instant, tout ce que je pouvais faire, c’était attendre qu’elle se réveille. J’avais besoin de comprendre. De trouver un moyen de l’aider, même si elle refusait de m’ouvrir son cœur.

Pdv Milia

J’ouvris les yeux, la lumière blanche m’aveuglant. Je mis quelques secondes à me rappeler où j’étais. L’odeur antiseptique et le bruit des machines m’indiquèrent rapidement que j'étais à l'hôpital. Mon corps était lourd, chaque mouvement me coûtant un effort considérable.

Et puis je la vis.

Clémence, assise à côté de moi, son visage marqué par la fatigue et l'inquiétude. En la voyant, mon cœur se serra, mais cette fois, ce n’était pas de la douleur… c’était autre chose. Quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre, un mélange de colère, de tristesse, et peut-être même… d’affection ?

— « Pourquoi es-tu là ? » murmurai-je, la voix rauque.

Elle releva les yeux, me fixant avec une intensité qui me troubla. Pendant un instant, elle sembla chercher les mots, comme si elle ne savait pas par où commencer.

— « Parce que je tiens à toi, Milia, » répondit-elle finalement, sa voix à peine plus forte qu’un chuchotement. « Et que je refuse de te laisser tomber. »

Ces mots, ces simples mots, suffirent à faire craquer la carapace que je m’étais construite. Je fermai les yeux, des larmes silencieuses coulant sur mes joues. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais vulnérable… mais aussi, étrangement, en sécurité.

Pourtant, au fond de moi, je savais que ce n’était pas aussi simple. Parce qu’aussi sincères que soient ses intentions, je me battais contre des ombres qu’elle ne pouvait comprendre. Et peut-être que je n'étais pas prête à lui laisser entrevoir ces ténèbres.

Mais pour l’instant, je laissai la fatigue m'emporter à nouveau, bercée par le murmure apaisant de Clémence, dont la main chaude tenait la mienne.

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À suivre....

Vue que j'ai le temps maintenant j'en publie un deuxième aujourd'hui😝 j'espère qui vous a plu.