23.

30 1 0
                                    

Pdv Extérieur

Le match était tendu. Dès le premier quart-temps, l’équipe de Milia semblait déstabilisée, loin de sa forme habituelle. Elles étaient à -10 points, et aucune d’entre elles ne parvenait à trouver son rythme. Les passes étaient imprécises, les tirs manquaient leur cible, et l’équipe adverse, avec ses joueuses bien organisées, en profitait pour prendre l’avantage. La coach de Milia, Juline, était constamment en mouvement sur le banc, criant des encouragements, mais son visage trahissait son inquiétude.

À chaque pause, Clémence observait, l’adrénaline se mêlant à la tension qu’elle ressentait pour son équipe. Elle ne disait rien, mais ses yeux suivaient chacun des gestes de Milia, tentant de lire dans son comportement. Elle remarquait son silence, cette distance qu’elle mettait entre elle et le reste de l’équipe. Mais Clémence savait que Milia était forte. Elle le savait au fond d'elle-même.

À la mi-temps, le score affichait un écart de 20 points. Le moral de l’équipe était au plus bas, et le coach de l’autre équipe se permettait même quelques sourires en coin. Mais c’était là que tout a commencé à changer.

Troisième quart-temps :

Milia se leva en silence lors de la pause, son regard se durcit, et son corps sembla soudainement se réactiver. Elle n’avait pas l’intention de rester spectatrice de ce match. Elle n’avait pas le choix. Ce n'était plus une simple question de gagner ou de perdre. C'était une question de prouver à elle-même qu’elle pouvait surmonter les obstacles.

Dès le début du troisième quart-temps, elle se lança dans une série de contre-attaques éclair. La balle partait d’un bout du terrain à l’autre avec une rapidité impressionnante, et chaque tir marqué était une claque donnée à l’adversaire. Les filles de son équipe se remettaient peu à peu dans le jeu. La confiance revenait, petit à petit. Le score se resserrait, chaque panier redonnait un peu d’espoir.

Les encouragements de Juline étaient constants. “Allez les filles, ne lâchez rien !” criait-elle. Les regards se croisaient, l’énergie de l’équipe devenait palpable. Clémence, sur le banc, observait la scène, le cœur battant fort dans sa poitrine. Milia avait trouvé son rythme, et tout semblait possible.

Quatrième quart-temps :

Les minutes défilaient, et l’équipe de Milia ne cessait de réduire l’écart. À cinq minutes de la fin du match, elles n’étaient plus qu’à -3 points. Les encouragements se faisaient de plus en plus bruyants. Les spectateurs dans les gradins se levaient, l’intensité était à son comble.

Et puis, l'incident survint. Milia, en pleine contre-attaque avec Emma et Marine, se retrouva soudainement percutée par une joueuse adverse. Une brute de l’équipe opposée fonça droit sur elle, lui assénant un coup violent dans la mâchoire. L’arbitre sifflait immédiatement, et l’agression était jugée comme une faute antisportive.

Milia chancela, se tenant la mâchoire, mais elle n’eut même pas le temps de réagir que l’arbitre annonça qu’elle bénéficierait de trois lancers francs. Les regards de ses coéquipières se posèrent sur elle, inquiets. Le score était de 45 à 47, à l’avantage de l’équipe adverse. Tout reposait sur ses épaules.

Pdv Milia

Le ballon dans mes mains, je me sentais figée. Le monde autour de moi semblait s’effacer, et tout ce que je pouvais entendre, c’était le bruit de mon cœur qui battait à une vitesse folle dans ma poitrine.

Je n’étais plus sûre de pouvoir le faire. Chaque regard autour de moi me faisait douter. Les supporters adverses, hurlant des insultes, cherchant à me déconcentrer. Mes jambes tremblaient. Mes mains étaient moites. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?

Je levais les yeux vers la ligne de lancer franc et apercevais Juline, qui me fixait avec une intensité incroyable, mais aussi Clémence, ses yeux pleins de soutien et de foi. C’était tout ce dont j’avais besoin.

Le premier lancer franc partit, mon bras se tendant dans une fluidité presque mécanique. La balle toucha le panier, et… c’était dedans.

Je soufflai un grand coup. Un de fait. Deux à faire.

Le deuxième lancer franc arriva presque naturellement. Une impulsion, un geste sûr, un cri de la foule, et la balle alla droit dans le panier. À peine le temps de souffler que le troisième arriva.

Le bruit dans le gymnase devint assourdissant. Le public adverse criait. Mes mains tremblaient de plus en plus. Je savais que si je ne marquais pas, l’équipe adverse aurait encore une chance de marquer. J'avais trop de pression.

Mais alors, une voix s’éleva au-dessus du bruit. Clémence. Elle criait mon nom. “Ne lâche rien, Milia ! Je sais que tu sais marquer d’aussi près !” Ses mots me frappèrent comme une onde de choc. Un calme étrange m’envahit, comme si la pression venait de disparaître. Je me souvenais de chaque entraînement, de chaque geste, de chaque panier.

Je fermai les yeux un instant, pris une profonde inspiration, et tirai.

La balle tourna autour de l'anneau, et soudain, elle se stabilisa, tombant dans le panier avec un bruit sourd.

Pdv Extérieur

Le gymnase explosa de joie. Les coéquipières de Milia se jetèrent sur elle, la portant en l’air comme une héroïne. Elles avaient gagné. Grâce à elle.

Juline et Clémence étaient les premières à féliciter les filles. Les bras levés, elles les rejoignaient sur le terrain, offrant des sourires larges et des félicitations chaleureuses. “Vous avez été incroyables,” dit Clémence à l’équipe, son regard brillant d’émotion. “Et pour vous récompenser, je vous invite toutes au restaurant ! Vous avez 25 minutes pour vous préparer !”

Les filles se précipitèrent dans les vestiaires, hurlant de joie. Le match avait été un véritable combat, mais elles l’avaient remporté ensemble.

Pdv Milia

Je sortis la dernière des vestiaires, un sourire satisfait sur le visage, lorsque je vis Emma m’attendre à l’extérieur. Elle me regarda avec un sourire bienveillant, mais je pouvais sentir qu’elle n’avait pas l’intention de me laisser partir seule.

“Tu viens ?” lui demandai-je. “Je dois encore faire quelque chose.”

Mais Emma s’opposa fermement. “Non, Milia. Tu ne fais rien de stupide, tu m’entends ? Je t’attends dehors.”

Je la laissai partir, et une fois seule, je me dirigeai vers le miroir des douches. Je me regardai, observant les cicatrices sur mon corps. Ces marques me rappelaient tout ce que j’avais traversé. Et je ne pouvais m’empêcher de penser à tout ce que j’avais laissé derrière moi, à ce que j’avais perdu. Mais ce soir, c’était différent.

Soudain, j’entendis la porte s’ouvrir. Clémence entra sans frapper, et sans me donner le temps de réagir, elle continua de me fixer. La honte me submergea. “Retourne-toi,” hurlai-je, mais elle ne fit rien.

Un éclat de colère apparut dans ses yeux. J'avais l'impression de la voir sous un autre jour, quelque chose que je n'avais jamais perçu auparavant. Finalement, elle se tourna. Je pris mes affaires en vitesse, mais avant même de sortir, Clémence me rattrapa.

"McCarter, arrête-toi," cria-t-elle, mais je ne pouvais pas.

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À suivre...

Chapitre plus long que le précédent et voilà pour vous.

Entre Deux FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant