Entre Deux Feu

19.

Pdv Juline

Le lendemain de mon appel avec Clémence, je me levai à l’aube, incapable de chasser mes pensées de la veille. Après une rapide douche et un café, je partis chercher Lucas à son travail. La matinée était fraîche, mais le vent vif avait quelque chose de vivifiant.

Lucas m’attendait déjà devant l’entrée des bureaux, l’air à moitié réveillé.

— « Salut ! T’as une tête toi ce matin. Mal dormi ? » me lança-t-il en grimpant dans la voiture.

— « Ouais, c’est un peu ça… » dis-je en démarrant.

Sur le trajet vers la colocation, je lui expliquai rapidement la situation. Clémence semblait changée ces derniers temps, et cela m’inquiétait. Lucas écoutait attentivement, hochant parfois la tête.

— « Tu sais, ça lui ressemble de moins en moins, cette obsession pour Milia, non ? » finit-il par dire.

Je haussai les épaules.

— « C’est compliqué, Lucas. On a tous remarqué qu’elle s’ouvre davantage à nous ces derniers mois, mais avec Milia… Je ne sais pas. Elle est tellement… différente. »

— « Tu crois qu’elle est amoureuse d’elle ? »

La question me prit de court, et je manquai de rater un virage.

— « Peut-être. Mais elle ne le dira jamais, tu la connais. »

Nous continuâmes à discuter jusqu’à arriver à la colocation. Après avoir déposé Lucas, je filai directement au stade. J’avais besoin de me défouler.

Je m’entraînais seule depuis quelques minutes lorsque quelques coéquipières arrivèrent, un ballon sous le bras et des sourires moqueurs sur le visage.

— « Eh bien, Juline, tu nous fais une petite séance en solo ? » plaisanta l’une d’elles.

Elles insistèrent pour un match amical en un contre un. Je finis par céder. Cela me fit du bien, même si je perdis lamentablement.

Après le match, nous discutâmes brièvement de Clémence et de moi-même, car elles avaient remarqué que je venais moins souvent ces derniers temps. Je répondis vaguement, sans trop entrer dans les détails. Jetant un coup d’œil à ma montre, je remarquai qu’il était presque l’heure d’aller chercher Clémence à l’hôpital.

Je quittai le stade, remerciant mes coéquipières pour cette petite distraction.

Pdv Clémence

Assise dans un fauteuil de la chambre d’hôpital, je regardais Milia dormir profondément. Ses traits étaient détendus, mais son visage semblait fragile, presque brisé. Je n’avais pas osé bouger depuis que Juline était partie chercher un café.

Je serrai doucement sa main dans la mienne, une ancre dans ce tumulte d’émotions. Mais même ainsi, je me sentais impuissante.

La fatigue me rattrapa, et je somnolai un moment. Ce fut la voix de Juline qui me tira de mon sommeil.

— « Clémence, tu vas être en retard pour tes cours… »

J’ouvris les yeux et vis son expression inquiète.

— « Désolée… Je ne voulais pas m’endormir. »

Juline s’approcha et posa une main réconfortante sur mon épaule.

— « Ce n’est rien. Plus vite tu auras fini ta journée, plus vite tu pourras revenir la voir. Je resterai ici jusqu’à ton retour et je t’enverrai un message dès qu’elle se réveillera. »

Je hochai la tête, épuisée.

— « D’accord… Mais prends soin d’elle et tiens-moi au courant. »

En partant, je me surpris à murmurer à voix haute, une prière presque désespérée :

— « Reviens-nous, Milia. Ne me laisse pas seule… »

Pdv Juline

Une fois Clémence partie, je m’installai dans un fauteuil près du lit de Milia, surveillant attentivement son visage endormi.

— « Qu’est-ce qui t’arrive, Milia ? Pourquoi tu nous fais ça ? » murmurai-je pour moi-même.

Je regardai l’horloge défiler lentement. Puis, après un moment, je remarquai un léger mouvement. Les doigts de Milia tremblèrent faiblement, puis elle bougea la tête.

Je bondis de ma chaise et appelai une infirmière.

— « Elle bouge ! Est-ce qu’elle se réveille ? »

L’infirmière me rassura, disant qu’il ne fallait pas brusquer le processus. Elle vérifia ses constantes avant de quitter la pièce.

Milia ouvrit finalement les yeux, clignant plusieurs fois comme si la lumière l’agressait.

— « Milia ? Tu m’entends ? » murmurai-je en m’approchant doucement.

Elle détourna la tête, et son regard confus croisa le mien. Ses yeux semblaient chercher désespérément quelque chose, ou quelqu’un, mais je sentis une distance.

Quand je tendis la main pour la rassurer, elle eut un mouvement de recul brusque, comme si je lui faisais peur.

— « Calme-toi, c’est moi, Juline. »

Mais son expression trahissait une panique grandissante.

Je sortis précipitamment dans le couloir pour chercher un médecin. Lorsqu’il ressortit de la chambre après avoir examiné Milia, son visage était grave.

— « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demandai-je.

— « Elle semble souffrir d’une amnésie sélective. Elle ne se souvient pas de certains souvenirs récents, voire de plusieurs années. Nous devons encore déterminer l’étendue exacte. »

Je restai figée, choquée par cette annonce.

Je sortis mon téléphone et envoyai un message à Clémence :

"Milia s’est réveillée, mais il y a un problème. Ne t’inquiète pas, je t’expliquerai. Termine ton cours."

Reprenant mon calme, je retournai dans la chambre. Milia semblait plus éveillée, mais toujours déboussolée.

— « Milia, tu te souviens de ce qui s’est passé ? » demandai-je doucement.

Elle secoua la tête, son expression devenant encore plus confuse.

— « Non… Où suis-je ? Pourquoi tu es là, Juline ? »

Un frisson me parcourut.

— « Tu sais qui tu es ? »

— « Oui… Je suis Milia… Mais… » Elle sembla hésiter. « Je ne comprends pas. »

— « De quoi te souviens-tu ? De quelle année penses-tu qu’on est ? »

Elle fronça les sourcils, comme si ma question était étrange.

— « 2020, je crois ? Mais je ne suis pas sûre… »

Mon cœur s’accéléra.

— « Tu te souviens d’Emma ? De tes coéquipières ? »

— « Oui, vaguement… »

— « Et de Clémence ? »

Son regard devint vide.

— « Clémence ? Non… ce prénom ne me dit rien. Mais… Paloma… ça, oui. »

Je restai sans voix. Paloma ?

Le prénom résonna dans ma tête, laissant un sentiment de malaise.

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À suivre....

J'espère que ce chapitre vous a plu😝