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Pdv Milia

L’ambiance au restaurant était festive, mais pesante à ma table. Les regards échangés entre Juline, Emma, Clémence, et moi en disaient long sur les tensions sous-jacentes. Emma semblait hésiter entre me surveiller et s’assurer que tout allait bien du côté de Clémence. Juline, elle, lançait des coups d’œil insistants à Clémence, comme pour lui rappeler quelque chose que je ne comprenais pas.

Quant à Clémence… son regard ne me quittait pas. Il était tantôt brûlant, tantôt glacé, oscillant entre déception et colère. Je fis tout mon possible pour l’ignorer, me concentrant sur mon verre d’eau et la salade que je picorais distraitement.

Marine, assise à l’autre bout de la table, semblait plus enjouée que jamais. Quand les assiettes furent vides et que les conversations ralentirent, elle se pencha vers moi avec un sourire amical.

— Tu veux que je te ramène ? demanda-t-elle.

J’hésitai un instant, lançant un coup d’œil à Clémence. Son expression passa de surprise à une sorte de froideur blessée. Je savais que ça ne lui plairait pas, mais c’était justement pour cette raison que j’acceptai.

— Oui, merci, répondis-je en me levant.

Clémence ne dit rien, mais son regard était suffisamment éloquent pour me suivre jusqu’à la porte.

Le trajet jusqu’à la colocation se déroula dans un silence étrange. Je lançai un regard à Marine, qui semblait concentrée sur la route, bien qu’un peu trop souriante à mon goût.

— Pourquoi tu voulais me ramener ? finis-je par demander, rompant le silence.

Elle jeta un coup d’œil dans ma direction et haussa les épaules.

— Par sympathie, répondit-elle simplement. Tu avais l’air de vouloir éviter certaines personnes.

Je ne répondis pas, mais je fus surprise par la justesse de son observation. Marine avait toujours eu cette manière de voir clair dans le jeu des autres, mais je ne savais pas encore si c’était une qualité ou un défaut.

Quand nous arrivâmes, je lui proposai de monter boire un verre pour la remercier. Elle accepta sans hésitation, et nous nous installâmes dans la petite cuisine. J’attrapai deux verres et une bouteille de rhum que j’avais dans un placard.

Marine s’adossa à une chaise, observant la pièce avec curiosité.

— C’est sympa chez toi, dit-elle en avalant une gorgée.

Je haussai les épaules.

— Rien d’exceptionnel.

La conversation glissa rapidement vers des banalités, puis sur le match, où Marine insista sur ma performance du troisième quart-temps. Les verres s’enchaînèrent, et bientôt, nous éclations de rire pour un rien.

— T’as pas idée à quel point c’était stressant ! lançai-je en parlant de mes lancers francs.

Marine hocha la tête avec un sourire.

— Ouais, mais tu gères tellement sous pression. Sérieux, t’es impressionnante, Milia.

Je rougis légèrement sous le compliment, mais ne répondis rien, préférant remplir nos verres à nouveau.

Un peu plus tard
La fatigue et l’alcool commencèrent à prendre le dessus. Marine bailla bruyamment, s’affalant un peu plus sur la chaise.

— T’es KO, dis-je en riant.

— Pas du tout, protesta-t-elle, bien que ses paupières mi-closes disaient le contraire.

Voyant qu’elle ne tiendrait pas debout pour rentrer chez elle, je lui proposai de rester dormir. Elle acquiesça d’un mouvement de tête, mais avant que je ne puisse lui montrer le canapé, elle s’était déjà écroulée à moitié sur le plan de travail, la tête posée sur ses bras croisés.

— Marine, sérieusement ? murmurai-je en soupirant.

Avec l’énergie qui me restait, je la soulevai tant bien que mal et l’installai sur le canapé du salon. Elle marmonna un vague merci avant de sombrer complètement.

Je restai là un moment à la regarder dormir. Marine était une bonne coéquipière et une personne fiable, mais je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi elle avait vraiment insisté pour me ramener. Peut-être que je devenais paranoïaque.

En me traînant jusqu’à ma chambre, je m’effondrai sur le lit, le corps lourd et l’esprit embrouillé. La soirée avait été épuisante, et pourtant, je savais que je n’en avais pas fini avec mes pensées.

Le regard de Clémence hantait encore mon esprit, tout comme ses mots dans les toilettes. “Je tiens à toi.”

Je ne savais pas pourquoi ça me marquait autant. Je ne savais pas non plus pourquoi, malgré tout ce que j’essayais de faire croire, elle occupait une place si importante dans ma tête.

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À suivre....

Entre Deux FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant