Chapitre 20 : Au-delà des cauchemars.

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Je me réveillai en sursaut, haletante, mon corps tremblant et couvert de sueur froide, encore secoué par le cauchemar horrifique qui venait de s'abattre sur moi.

Je n'étais peut-être pas douée dans bien des domaines, mais il y avait une chose dont j'étais certaine : je voulais rendre hommage à Amber, à ma manière. Je quittai mon lit, fouillai dans mes tiroirs et en sortis mon bloc de dessin ainsi que la mallette d'art offerte par Scott pour mon anniversaire. Je m'installai confortablement sur le lit, le crayon en main, et me mis à dessiner. Les souvenirs m'envahirent, et mes pensées me ramenèrent dans ce hangar, alors que ma main traçait les lignes de manière presque automatique. 

Amber... je la revis, elle et cette scène que je souhaitais ardemment effacer. Une larme glissa sur ma joue et tomba sur le dessin. Je l'observai plus attentivement : Amber, de dos, ses cheveux blonds se mêlant à de grandes ailes d'ange. Amber avait été un ange, et ce jour-là, elle avait été mon ange gardien.

Les premières lueurs du matin traversaient la fenêtre, baignant la pièce d'une lumière douce et dorée. Mon dessin d'Amber, avec ses ailes d'ange, semblait flotter dans cet éclat, presque vivant sous mes yeux fatigués.

Je passai une main tremblante sur le papier, ressentant une douleur sourde en me souvenant de la dernière fois que je l'avais vue. Cette image d'elle, figée sur la page, était la seule chose que je pouvais contrôler, la seule façon de la garder près de moi.

À peine avais-je eu le temps de reprendre mon souffle qu'un bruit sec me fit sursauter. Levant les yeux, je vis Aaron adossé à l'embrasure de la porte, les bras croisés. Son regard sombre m'enveloppa d'une intensité presque brûlante, scrutant mes moindres réactions en silence.

Un frisson glacé parcourut mon échine alors que des images du cauchemar refirent soudain surface. J'avais revu Aaron, le visage éclaboussé de sang, ses traits déformés par une rage glaciale tandis qu'il vidait méthodiquement son chargeur sur Tyler. La scène se rejouait dans mon esprit avec une netteté effrayante : son regard fixe, presque inhumain, braqué sur moi, puis son arme, pointée vers mon visage, et le bruit sourd de la détonation. Mon cœur s'emballa malgré moi, et mon estomac se noua, l'angoisse montant en moi sans crier gare.

Je détournai le regard, essayant de reprendre contenance, mais les souvenirs étaient trop puissants, se mêlant douloureusement à la réalité. Aaron s'approcha d'un pas lent, percevant peut-être le tourment que je tentais de masquer.

— Lexie... murmura Aaron, sa voix rauque, m'arrachant à mes pensées.

Mon cœur se serra, mais je ne répondis pas, me contentant de rester immobile, le regard fixé sur le dessin d'Amber pour éviter le sien. Le simple fait de le voir, de sentir sa présence si proche, ravivait le souvenir oppressant du cauchemar et les ombres de ce hangar.

— Tu dessines, dit-il finalement, rompant le silence pesant qui remplissait la pièce.

Je ne réagis pas, préférant me replier dans ma bulle, concentrée sur les traits griffonnés qui rendaient un hommage silencieux à Amber. Pourtant, il s'approcha, son regard passant du croquis à mon visage, essayant de déchiffrer mes émotions. J'eus un mouvement de recul, infime mais instinctif, la distance entre nous se réduisant dangereusement.

— C'est pour elle, murmurais-je d'une voix étranglée, plus pour moi-même que pour lui, incapable de soutenir son regard plus longtemps.

Il hocha la tête en silence, son expression difficile à cerner, mais je pouvais percevoir cette même lueur sombre dans ses yeux, un écho de souffrance qu'il tentait de dissimuler derrière son masque de froideur.

— Princesse, dit-il d'une voix rauque, parfois la douleur de ceux qu'on laisse derrière nous ne s'efface jamais. C'est elle qui nous rappelle ce qu'on a perdu et ce qu'on doit protéger.

Desires in the DarkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant