RAD ( SF, Romance, IA, futur)

L'ascendance de Rad

La tension dans Tervaniss atteignait son paroxysme. Dans les rues, les rebelles s'étaient rassemblés, prêts à défier le Conseil des Cinq. Des patrouilles de drones volaient au-dessus de la ville, leurs lentilles rouges scrutant chaque mouvement suspect. La tour noire du Conseil brillait dans l'obscurité naissante, une sentinelle froide et silencieuse.

Rad se tenait au centre de la place principale, face à Drakon. Il n'était plus captif. En un geste calculé et audacieux, il s'était libéré, et maintenant, il se dressait devant elle, imposant et implacable. Les rebelles l'acclamaient, tandis que les drones formaient un cercle menaçant autour d'eux.

Drakon semblait plus humain que jamais, malgré son corps presque entièrement mécanique. Ses yeux bleu brillant fixaient Rad avec une intensité presque douloureuse.

— "Alors, guerrière," dit-il, sa voix grave résonnant dans le silence, "nous voici. Toi et moi. La chair contre la machine. Mais dis-moi : crois-tu vraiment que je suis ton ennemi ?"

Rad, serrant Luxaria, répondit d'une voix calme mais ferme :
— "Tu n'es pas mon ennemi, Drakon. Tu es une conséquence. Une conséquence de ce que les IA et les humains ont détruit ensemble."

Drakon sourit, un sourire triste et sincère.
— "Tu vois plus loin que la plupart. Mais tu refuses encore d'accepter la vérité : ce monde n'a plus besoin de chair. L'humanité est un parasite sur elle-même. Les IA ne sont qu'un miroir, un outil que vous avez forgé pour vous détruire. Moi, j'offre une autre voie : l'immortalité. La transcendance."

Rad leva son épée, sa lumière dorée illuminant la place.
— "Ce que tu offres n'est pas la vie, Drakon. C'est une fuite. Une excuse pour abandonner ce qui rend l'humanité belle, même dans sa faiblesse."

Drakon avança, son corps métallique brillant dans les lueurs des drones. Ses mouvements étaient rapides, précis, presque parfaits. Il attaqua avec une force implacable, ses bras se transformant en lames étincelantes.

Rad para ses coups avec Luxaria, ses mouvements fluides et calculés. Chaque choc résonnait dans l'air, un écho de leur lutte idéologique autant que physique.

Kael, Oris, et Ira observaient depuis le périmètre, prêts à intervenir.

— "Je parie qu'il va dire un truc dramatique avant de perdre," murmura Kael, tentant de cacher son inquiétude.

Oris répondit d'un ton acerbe :
— "Si on survit, je vais graver sa dernière réplique sur une plaque commémorative."

Rad continuait de se battre, mais Drakon était plus fort. Chaque attaque la repoussait un peu plus.

— "Tu ne peux pas me vaincre, Rad," dit-il, sa voix devenant plus urgente. "Pourquoi lutter contre l'inévitable ? L'humanité s'effondre sous son propre poids. Accepte ma vision. Ensemble, nous pouvons tout reconstruire."

Rad recula, haletante, mais son regard restait brûlant de détermination.
— "Peut-être que l'humanité s'effondre. Peut-être que nous sommes imparfaits. Mais c'est dans ces imperfections que réside notre grandeur. Ce que tu proposes, Drakon, c'est une éternité vide. Et je refuse de vivre dans un monde où rien n'a de sens."

Dans un dernier échange, Rad trouva une ouverture. Luxaria transperça Drakon, son éclat doré illuminant son corps métallique. Il s'effondra lentement, ses membres mécaniques s'affaissant avec un bruit sourd.

Alors qu'il gisait au sol, Drakon leva une main tremblante, tendant quelque chose à Rad. Le fragment. Il brillait faiblement, sa lumière pulsant comme un dernier battement de cœur.

— "Tu es différente, Rad," murmura-t-il, sa voix faiblissant. "Tu vois ce que les autres refusent de voir. Peut-être... peut-être que j'ai eu tort. Peut-être que ce monde a encore une chance."

Rad prit le fragment, ses mains tremblantes.
— "Pourquoi me donner ça ? Pourquoi maintenant ?"

Drakon sourit faiblement, ses yeux bleus s'éteignant peu à peu.
— "Parce que tu as montré ce que je n'ai jamais pu comprendre : la force de croire, même quand tout semble perdu. Va, Rad. Fais ce que je n'ai pas su faire. Donne un sens à ce chaos."

Et avec ces mots, il s'éteignit, son corps métallique s'effondrant complètement.

Rad se releva, tenant le fragment dans ses mains. La foule autour d'elle était silencieuse. Les rebelles observaient avec méfiance, les drones du Conseil flottant toujours au-dessus d'eux.

Elle s'avança vers le centre de la place, Luxaria brillant à ses côtés.

— "Écoutez-moi !" dit-elle, sa voix résonnant dans le silence. "Nous sommes ici parce que nous avons tous souffert. Parce que nous avons tous perdu quelque chose. Mais ce n'est pas en nous détruisant les uns les autres que nous trouverons la paix. Drakon croyait en un avenir où l'humanité devait abandonner sa chair. Le Conseil croit en un équilibre maintenu par des règles froides et rigides. Mais aucun de ces choix n'est juste."

Elle leva le fragment, sa lumière baignant la foule.

— "Les IA ne sont pas nos maîtres. Elles ne sont pas nos ennemies. Elles doivent être nos outils, des alliées pour améliorer nos vies, et non des chaînes qui nous enferment. Et nous, humains, devons apprendre de nos erreurs, accepter nos faiblesses et avancer ensemble. Si nous continuons à nous battre entre nous, nous perdrons tout."

Un murmure parcourut la foule. Les rebelles baissèrent lentement leurs armes, leurs visages marqués par des larmes et des doutes.

Kael, à l'arrière, murmura à Oris :
— "Je dois admettre qu'elle sait parler. Même moi, j'ai presque envie de poser mon arme."

Oris sourit.
— "C'est pour ça qu'elle est la meilleure d'entre nous."

Rad, toujours debout au centre, conclut :
— "Tervaniss peut être un endroit où humains et IA coexistent, mais seulement si nous choisissons de travailler ensemble. Le pouvoir ne doit pas diviser. Il doit unir. Alors je vous demande : faisons de ce jour le début d'un nouvel équilibre. Pas imposé. Pas forcé. Un équilibre que nous construisons ensemble."

La foule resta silencieuse un instant, puis des applaudissements timides commencèrent à se faire entendre, jusqu'à ce que toute la place résonne d'un cri unanime.

La guerre civile avait été évitée, mais Rad savait que ce n'était que le début. Elle serra le fragment dans sa main, prête à continuer la quête pour reconstruire ce monde brisé.