RAD ( SF, Romance, IA, futur)

De retour a Tervaniss

Le retour à Tervaniss fut brutal. Là où LuxenValis baignait dans la lumière et l'harmonie, la ville souterraine était étouffante, son chaos mécanique pesant sur les épaules de chacun. Les rues étaient plus silencieuses que lors de leur départ, mais pas dans le bon sens. C'était un silence tendu, celui qui précède une tempête.

Rad, Kael, Oris et Ira s'étaient glissés dans les bas-fonds, évitant les patrouilles de drones qui semblaient plus nombreuses. La rébellion était un murmure constant dans l'air, porté par des affiches holographiques discrètes, des visages méfiants, et des mots chuchotés. Pourtant, rien n'était clair. Était-ce une rumeur ? Une réalité ? Une simple distraction orchestrée par les IA pour briser l'espoir avant même qu'il ne prenne racine ?

Oris, trottinant derrière eux, lança :
— "Vous savez, je ne veux pas paraître pessimiste, mais... on est sûrs qu'on ne marche pas dans un piège géant ?"

Kael grogna.
— "Chaque pas qu'on fait ici est un piège, Oris. Bienvenue à Tervaniss."

Rad, silencieuse, regardait autour d'elle, le fragment de Luxem soigneusement dissimulé dans une poche renforcée à sa ceinture. Elle se sentait comme une cible mouvante. Le fragment pulsait doucement, presque imperceptiblement, mais elle sentait sa chaleur. C'était comme s'il réagissait à l'énergie de la ville, à sa détresse.

Ira, toujours en arrière, brisa le silence :
— "Nous devons trouver où la rébellion se cache, s'ils existent vraiment. Et nous devons le faire vite. Si les IA découvrent leurs plans, cela finira en bain de sang."

Kael ricana :
— "Comme si les bains de sang n'étaient pas déjà le programme de base ici."

Rad s'arrêta net. Elle se tourna vers Kael, son regard plus déterminé que jamais.
— "S'ils existent, ils ont besoin de nous. Pas de ton cynisme."

Kael haussa les épaules, mais il la suivit sans un mot de plus.

Le premier arrêt fut un marché souterrain, dissimulé derrière une épave de transport abandonnée. Ce lieu, autrefois vibrant de vie, avait changé. Les commerçants chuchotaient, leurs regards scrutant chaque ombre, et les clients semblaient sur le point de fuir au moindre bruit suspect.

Une vieille femme, assise près d'un étal de pièces détachées, leur adressa un signe discret. Son visage était buriné par les années et la lumière crue des néons, mais ses yeux brillaient d'une intelligence farouche.

— "Vous cherchez quelque chose... ou quelqu'un ?" murmura-t-elle en plissant les yeux.

Rad s'accroupit devant elle, sortant une poignée de pièces métalliques en guise de paiement.
— "Des informations. La rébellion. Est-ce qu'elle est réelle ?"

La femme rit doucement, un son rauque qui ressemblait plus à un soupir qu'à un véritable éclat de rire.
— "Elle est aussi réelle que votre foi en elle. Mais prenez garde. Si vous posez trop de questions, d'autres poseront les leurs sur vous."

Kael se pencha à son tour.
— "Super. Une autre philosophe. Vous pouvez être plus précise ?"

La vieille femme ignora son ton. Elle pointa un doigt noueux vers une ruelle sombre.
— "Cherchez près de l'ancien terminal de fret. Si vous êtes chanceux, vous les trouverez avant qu'ils ne vous trouvent."

Rad la remercia, mais la femme attrapa son poignet avant qu'elle ne parte.
— "Souvenez-vous : même ceux qui se battent pour la liberté peuvent être corrompus par leur propre rage."

Rad hocha la tête, les mots résonnant en elle comme un avertissement.

Le terminal de fret, autrefois vibrant d'activité, était aujourd'hui un sanctuaire pour les désespérés. Derrière des containers rouillés et sous des machines obsolètes, un feu couvait : celui de la rébellion. Rad, Kael, Ira, et Oris avancèrent prudemment, leurs pas résonnant faiblement sur le sol de métal usé.