RAD ( SF, Romance, IA, futur)

Retour a Tervaniss

Un Changement dans l'Air

La ville de Tervaniss, autrefois étouffante sous le poids des tensions et des drones omniprésents, semblait différente cette fois. L'atmosphère, bien que toujours marquée par une nervosité latente, était plus détendue. Les patrouilles des drones étaient moins fréquentes, et les rues grouillaient à nouveau d'une certaine effervescence. Les citoyens osaient s'arrêter sur les places pour discuter, et les étals des marchés débordaient de produits brillants sous les néons.

Rad, Kael, Ira et Oris pénétrèrent dans une rue animée, leurs pas alourdis par la fatigue des derniers jours. Rad observa la foule avec attention, son esprit vigilant malgré l'ambiance presque paisible.

— "C'est... différent," murmura-t-elle.

Kael hocha la tête, croisant les bras.
— "Moins de regards accusateurs, moins de drones qui nous survolent. Presque accueillant, non ? Je dis bien presque."

Oris trottina devant, reniflant l'air chargé d'odeurs inconnues.
— "Je ne dirais pas accueillant. Je dirais que c'est comme une pause avant une nouvelle tempête."

Rad esquissa un sourire.
— "Tu es trop pessimiste, Oris."

Kael haussa un sourcil.
— "Toi, qui dis ça ? Je crois qu'on a officiellement changé de dimension."

Le groupe trouva un hôtel dans une zone calme de Tervaniss, une bâtisse ancienne réaménagée en refuge confortable. La façade était ornée de plantes grimpantes, une rareté dans cette ville dominée par le métal et les lumières artificielles.

La réceptionniste, une femme d'un âge mûr avec un sourire chaleureux, les accueillit.
— "Des voyageurs ? Vous êtes ici pour affaires ou pour un peu de repos ?"

Kael répondit avant que quelqu'un d'autre ne puisse ouvrir la bouche :
— "Repos. Beaucoup de repos."

La femme hocha la tête, leur tendant des clés magnétiques.
— "Troisième étage. Les fenêtres donnent sur les jardins. J'espère que vous apprécierez le calme."

Rad, reconnaissante, inclina légèrement la tête.
— "Merci."

Dans leurs chambres, le groupe se laissa tomber sur les lits moelleux. Pour la première fois depuis des jours, un soupir collectif de soulagement s'éleva.

— "Je ne bouge plus," déclara Kael en s'étalant de tout son long. "Si le monde veut être sauvé, il devra attendre demain."

Rad, assise sur le bord de son lit, sourit doucement. Mais son esprit restait préoccupé.

Le soir venu, après un rapide repas dans une taverne voisine, le groupe retourna à l'hôtel. En traversant le hall, une silhouette familière attira leur attention. Nimbus, le chat sage de LuxenValis, était tranquillement installé sur un fauteuil, son pelage noir brillant sous les lumières tamisées.

— "Nimbus ?" s'étonna Kael.

Le chat leva les yeux vers eux, un sourire énigmatique sur les lèvres.
— "Vous êtes surpris ? Vous ne pensiez pas que je resterais cloîtré sur mon île, n'est-ce pas ?"

Oris s'approcha, les oreilles dressées.
— "Alors, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu nous espionnes ?"

Nimbus éclata d'un rire feutré.
— "Espionner ? Non. Mais je savais que nos chemins se croiseraient à nouveau. Vous portez en vous une quête qui dépasse les frontières des lieux. Et je suis ici pour... clarifier certaines choses."

Rad croisa les bras, son regard intense fixé sur le félin.
— "Quelles choses ?"

Nimbus bondit gracieusement sur une table basse, ses yeux brillants de mystère.
— "Vous vous souvenez de la Porte des Mondes, n'est-ce pas ? Celle que je vous ai montrée à LuxenValis."

Rad hocha la tête.
— "Oui. Tu avais dit qu'elle était reliée à d'autres dimensions. Mais tu n'as pas tout dit, n'est-ce pas ?"

— "Exact," répondit Nimbus en inclinant légèrement la tête. "Cette porte n'est pas qu'un passage. Elle est une clé vers des fragments. Des fragments bien plus anciens et puissants que tout ce que vous avez vu jusqu'ici."

Un silence pesant tomba sur le groupe. Kael fut le premier à réagir.
— "Alors, on aurait pu chercher des fragments plus tôt à travers cette porte, et tu as juste... oublié de nous le dire ?"

— "Pas oublié," corrigea Nimbus. "Je vous ai observés. Ces fragments ne sont pas pour les âmes imprudentes. Ils demandent plus qu'une simple quête de pouvoir. Ils testent ce que vous êtes vraiment."

Rad serra les poings, mais sa voix resta calme.
— "Et tu crois que nous sommes prêts maintenant ?"

Nimbus pencha la tête, son regard brillant d'un éclat presque affectueux.
— "Vous avez affronté le doute, la peur et la perte. Ce n'est pas une question d'être prêts, Rad. C'est une question d'être capables d'accepter ce que la Porte des Mondes vous demandera."

De retour dans leur chambre, le groupe discuta longuement.

— "Donc, on retourne à LuxenValis ?" demanda Kael en croisant les bras. "Je pensais qu'on en avait fini avec les chats parlants et les énigmes mystiques."

Rad, assise près de la fenêtre, fixa le ciel étoilé.
— "Si des fragments se trouvent de l'autre côté de cette porte, on doit y aller. On ne peut pas se permettre d'attendre ou de chercher ailleurs."

Oris grogna doucement.
— "Mais c'est quoi, ce qu'il a dit, qu'ils nous testeront ? J'aime pas les tests. Surtout ceux qui impliquent des dimensions étranges."

Rad tourna la tête vers eux, son expression résolue.
— "Nous avons déjà affronté pire. Nous irons."

Kael haussa les épaules avec un sourire nerveux.
— "Eh bien, si on va mourir, autant le faire ensemble."

Le lendemain matin, ils quittèrent Tervaniss à bord d'un véhicule aérien qu'Ira avait réservé. Pendant le trajet, Nimbus les accompagna, silencieux mais observateur, tandis que LuxenValis se profilait à l'horizon.

Devant la Porte des Mondes, Nimbus s'assit dignement.
— "Vous êtes à la croisée des chemins. Ce que vous trouverez de l'autre côté changera tout. Mais rappelez-vous : ce n'est pas la Porte qui vous teste. Ce sont vos propres cœurs."

Rad posa une main sur la garde de Luxaria, prête à affronter l'inconnu.

— "Ouvrons cette porte," déclara-t-elle.

Un instant plus tard, le vortex s'ouvrit, les aspirant dans une lumière éclatante.