Chapitre 72

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Le marquis de Velmire continua imperturbable « Mais je pense qu'Alexandre vous apprécie sincèrement, cependant il vous voit avant tout comme une menace. Une personne capable de l'éloigner de son idole. »

Ses mots tombèrent comme un couperet. Un mélange d'incrédulité et d'agacement me noua la gorge.

« Donc quoi ? Il veut me faire partir parce qu'il a peur que le prince ne lui accorde plus de temps ? » lançai-je, le ton acide.

Ian haussa légèrement les épaules, imperturbable.

« Le prince ne lui accorde déjà plus de temps depuis que vous êtes là. Et je ne parle pas du début de la sélection. Je parle du jour où vous avez mis les pieds au château en tant que servante. »

Je fronçai les sourcils, prête à lui demander comment il pouvait bien savoir cela, mais il me coupa avant même que je n'ouvre la bouche.

« Comme je vous l'ai dit, Ivan ne fait confiance qu'à très peu de personnes. Mais une fois sa confiance accordée, alors il n'y a plus de barrière. »

Un soupir m'échappa. Lasse, je résumai d'un ton amer :

« Donc, si je comprends bien, je suis une menace pour le monde, et certains parmi ce "tout le monde" veulent ma mort. »

« Tout le monde... sauf moi. » Il marqua une pause, son regard plongeant dans le mien avec une intensité troublante. « Personne n'est une menace à mes yeux. »

« Génial, le seul qui ne me faisait pas peur. » répondis-je sarcastique pour détendre l'atmosphère.

Et cela fonctionna car ma remarque le fit rire. Un vrai rire, franc et léger, qui contrastait avec l'atmosphère pesante de notre conversation.

« Et pourquoi je serais une menace pour le roi ? Est-ce si grave que le prince ne finisse pas par épouser Erica ? » demandai-je.

« Ça, ce n'est pas à moi de vous en parler. Mais sachez, mademoiselle Haydé, que dans votre malheur, vous avez le meilleur des gardiens. »

Je relevai la tête, intriguée.

« Vous parlez de vous ? » demandai-je en arquant un sourcil.

Un sourire moqueur étira ses lèvres.

« Non, je parle du prince lui-même. »

D'un mouvement de tête, il m'invita à regarder derrière moi. Mon cœur se serra lorsque je vis Ivan, debout à une fenêtre, les bras croisés, son regard rivé sur nous. Un frisson me parcourut l'échine, et je détournai aussitôt les yeux pour les reporter sur Ian, comme si ignorer la présence du prince pouvait alléger le poids de cette observation silencieuse.

« Oh, on dirait que la fête est finie, mademoiselle Haydé. »

Il salua d'un geste de la main le garde qui s'approchait de nous.

Je me levai en époussetant distraitement ma robe et soufflai un simple :

« Merci. »

« De quoi ? D'exister, d'être aussi extraordinaire, aussi époustouflant ? Peu importe, c'est un plaisir. »

Je levai les yeux au ciel, incapable de réprimer un sourire malgré moi, avant de rejoindre le garde qui m'attendait.

*

Le samedi, jour des éliminations, arriva trop vite marquant la fin d'une semaine longue et tendue. Le prince n'était pas présent pour le petit-déjeuner, laissant les sélectionnées seules à table. Il régnait un silence pesant, entrecoupé par quelques échanges nerveux, chacune se demandant ce que la journée nous réservait. Les regards étaient furtifs, les sourires forcés. Personne n'osait vraiment parler, comme si le moindre mot pouvait briser l'équilibre fragile de la matinée.

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⏰ Dernière mise à jour : 2 days ago ⏰

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