Je fermai les yeux et je m'en remis à mon odorat pour identifier le parfum que je devais suivre. Last était partie il y avait très peu de temps, je pouvais sentir la faible chaleur qui émanait encore de ses empreintes... Le fait d'être très sensible à la chaleur avait ses bons côtés. Avec ça, mêlé à son odeur, la traquer serait un jeu d'enfant. Elle ne pouvait pas se trouver très loin. Je m'approchai de la fenêtre et je scrutai le jardin. Elle avait vraiment sauté du premier étage ? De toute façon, je ne voyais pas d'autre solution... Je grimpai sur le bureau puis sur le rebord de la fenêtre et je sautai. J'atterris sur un coussin formé par l'amas de lierre et de lichen qui prospérait près des murs. Il me fallut à peine deux secondes pour trouver sa trace une fois au sol. Je m'élançai aussi vite que possible à sa suite.
Last avait pris un drôle de chemin : dans les quartiers aux environs de l'orphelinat les maisons étaient assez espacés, mais elle avait fait attention à prendre les chemins les plus étroits, les moins fréquentés, même si pour cela elle avait dû faire l'équivalent de deux fois le trajet. Ça ne servait à rien, personne ne se promenait la nuit dans ce village. Je la suivais pendant près d'un quart d'heure quand enfin je la vis. Elle avançait furtivement vers une petite maison entourée de cultures de blé. Je l'observai depuis l'ombre de la maison voisine. Elle passa le portail sans bruit et se cacha dans les hautes herbes dorées. On aurait dit un félin qui chassait sa proie, R en serait fier. Elle contourna le châlet et se posa près d'une fenêtre sur le mur droit. Je m'approchai discrètement de la petite haie qui délimitait la propriété. Il y avait un panneau peint à la main sur lequel je pus lire "Boulanger Hartmann et famille, pour tout achat de pain et pâtisseries, se rendre à la boulangerie" puis une sorte de carte avec deux points rouges ajoutés au feutre et un "vous êtes ici" à côté de l'un d'entre eux. En lisant, je sentis mon cœur se serrer : c'était donc vrai, elle était obsédée par ce garçon, plus aucune erreur possible.
Je la regardai de nouveau. Elle avait maintenant le nez presque collé à la fenêtre. Je contournai la haie pour me trouver derrière elle, faisant attention à garder une distance de sécurité entre nous. La fenêtre donnait sur une petite chambre bleue dans laquelle Onix travaillait à son bureau, le dos tourné. Il étudiait encore à cette heure ? Mais qu'est-ce que je pensais ? Ce n'était pas le plus étonnant dans cette situation ! Kitsune, règle tes priorités ! Last l'espionnait dans sa chambre la nuit ! Qui sait depuis combien de temps faisait-elle ça ? C'était évident qu'elle avait l'habitude du chemin. J'hésitai à la confronter, je me demandais comment elle réagirait. Au bout d'un moment, Onix se leva, se dirigea vers la fenêtre et ferma les rideaux, sans remarquer ma petite sœur accroupie dans les buissons sous le rebord. Elle s'était accroupie dans une position de façon à ce qu'il soit impossible de la voir à moins de s'allonger sur l'encadrement de la fenêtre. Je me dis que c'était le moment.
- Last ! l'appelai-je en chuchotant, Psst ! Last, par ici !
Elle ne m'entendit pas, elle essayait de voir à travers l'espace minuscule entre les rideaux. Je ne savais pas si je devais rire ou être choquée par son comportement ; après tout, nous étions tous un peu "originaux" dans la maison verte, Last n'était pas une exception. Je m'approchai d'elle avant que mon esprit se soit décidé et je lui tapotai l'épaule. Elle sursauta et émit un cri aigu.
- Shhhh ! Tais-toi ou il va nous remarquer ! Va lui expliquer pourquoi on se trouve ici en plein milieu de la nuit ! murmurai-je, frénétiquement.
En effet, peu après la fenêtre s'ouvrit et Onix balaya le paysage du regard avant de retourner à sa chambre. Je tirai Last loin de la maison du boulanger, et une fois hors de portée d'Onix, elle me demanda, énervée :
- Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Je t'ai suivie jusqu'ici, répliquai-je, Je m'inquiétais pour toi parce que du jour au lendemain tu as arrêté de me parler. Je voulais venir te voir dans ta chambre pour te demander qu'est-ce que j'avais fait pour t'énerver, mais tu n'étais pas dans ton lit.
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Crimson Curse
FantasyJe courais, je courais aussi vite que je pouvais. Mes jambes étaient en feu, me suppliaient d'arrêter, mes pieds étaient en sang, mon cœur battait comme un piston. Je courais encore. Toute ma vie, je n'ai fait que fuir. Je croyais que c'était la bon...