La Grise Mine à la Noble

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Laura se précipita à travers la deuxième porte, et en ressortit peu après chargée de ce que j'identifiais comme une multitude de robes à en juger par l'énorme quantité de dentelle. Elle posa la masse de soie et de mousseline sur le lit et refit plusieurs allers-retours, apportant à chaque fois un nouvel accessoire ou vêtement. Je comprenais maintenant pourquoi les nobles avaient plusieurs valets chacun : il fallait un petit bataillon de serviteurs pour transporter tous ces fringues... Enfin, une petite Laura fatiguée se tourna vers moi et déclara :

- Bon, nous pouvons commencer... On va d'abord faire les vêtements puis on va s'occuper de la coiffure.

- Euh... Je choisis la robe ou... ? commençai-je à réfléchir à voix haute.

- Choisir la robe ? Comment ça ? m'interrogea-t-elle, perplexe.

- Bah, il y a... quatre, cinq, six robes posées sur le lit et une espèce de tube blanc... Je vais quand même pas toutes les porter... si ?

- La première robe légère blanche est le sous-vêtement de base ; ensuite on met le "tube blanc", comme vous dites —en fait il s'agit du corset. Elle marqua une pause en me voyant grimacer au mot corset. Ensuite il y a la jupe pour cacher les chevilles, trois jupons à volants pour donner du volume à la jupe et enfin la robe principale en mousseline.

- D'accord... fis-je, perdue, Euh... tu peux répéter ?

- Ne vous inquiétez pas, vous n'avez pas à vous souvenir de tout, me rassura-t-elle avec un sourire.

- Je dois m'en souvenir un peu si je dois m'habiller, répliquai-je.

Elle rit délicatement, essayant de paraître le plus gentil possible, et me dit :

- Vous n'êtes vraiment pas habituée à nos manières ! C'est moi qui vais vous habiller.

- Hein ?! Mé, mé mémémémémémémé ! balbutiai-je, incapable d'articuler le moindre mot intelligible.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je...

- Il n'y a pas de raison de vous inquiéter. Si vous êtes timide, je vous laisserai vous déshabiller et mettre les sous-vêtements —la robe blanche à gauche— sans moi. Vous saurez faire ça, non ?

- Oui, bien sûr ! rétorquai-je, vexée que mon côté pudique eût été exposé.

Elle s'inclina et quitta la pièce en silence. Je me précipitai pour mettre la petite robe blanche avant qu'elle ne refasse apparition dans la chambre. Une fois habillée de la soie couleur neige, je pouffai : je trouvais ça drôle que même les "sous-vêtements" fussent couverts de dentelle. Je tournais le dos à la porte quand Laura rentra, et à ma surprise elle émit un cri choqué. Je me retournai brusquement, ne comprenant pas ce qui l'avait alarmé, puis un doux courant d'air près de mes jambes me rappela ma différence : Laura venait de voir mes queues. Je me précipitai vers elle. J'avais peur que ses cris n'attirent l'attention de quelqu'un ; je n'avais pas à m'inquiéter, la personne la plus proche se trouvait à plus de cent mètres.

- Chut ! Ne crie pas, s'il te plaît !

- Mais... tu as... tu as d-d-d-des queues ! Des queues de renard ! s'affola-t-elle, oubliant sa politesse inébranlable.

- Oui, je sais, j'avais remarqué ! Calme-toi ! Pitié, calme-toi ! la suppliai-je, en la regardant droit dans les yeux.

- Mais...

- Chut !

- Je...

- Chut !

- Laisse-moi parler !

Crimson CurseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant