Last était médusée, elle fixait la porte aussi immobile qu'un chat qui aurait senti l'odeur d'un chien pas loin. Je me précipitai dans le salon et je regardai par la fenêtre. Une silhouette unique se trouvait sur la véranda, elle attendait. Elle pensait vraiment qu'on allait croire qu'elle était partie si elle restait calme quelques instants ? L'aube allait arriver dans quelques minutes, si elle restait là elle allait brûler. Cette personne a tué les parents d'Onix et Clear...
- Enfoiré... murmurai-je, furieuse.
Je retournai dans le couloir, les blessés étaient toujours à terre. Ils étaient dans un piteux état... R apparut dans la cage d'escaliers accompagné de Martha et Jacob étourdis par le sommeil. Ils se mirent à paniquer quand ils virent les enfants à moitié morts dans l'entrée. Je profitai de la confusion pour m'emparer de la longue cape à capuche prévue pour me protéger du soleil d'été et m'éclipser par la fenêtre du salon. J'atterris à seulement quelques mètres de la véranda ; le corbeau ne manqua pas de me remarquer et s'élança aussitôt vers moi. La course-poursuite débuta, il fallait absolument que j'éloigne le danger des autres. J'étais la seule à qui le don donnait un avantage au combat, mes amis seraient impuissants face à un adversaire corbeau.
Je m'enfonçai dans la forêt, le corbeau à mes trousses. À mon soulagement mon poursuivant n'était pas à l'aise sur le terrain accidenté et inégal du bois et je gagnai assez de terrain pour me cacher en grimpant à un arbre. Il ne se fit pas avoir longtemps. Sans doute avait-il remarqué l'absence de mouvement dans la végétation. Il fit demi-tour et se mit à me chercher dans les buissons. Il se rapprochait. Je tendis mes muscles, je retins ma respiration, encore un peu plus près... encore un peu...
Je bondis et terrassai le meurtrier, il grogna et se débattit comme un animal enragé. Je sortis mes ailes et je plaquai ses bras au sol. Il tenta encore de se libérer, mais il ne bougeait pas d'un pouce. Il abandonna, et cracha :
- Qu'est-ce que tu attends ? Tue-moi ! C'est bien pour ça que tu es là, foutu humain !
J'aurais pu le faire, j'étais à deux doigts de l'étrangler. Je ne sais pas ce qui m'empêchait de lui couper la gorge et l'utiliser pour remplir le grenier, mais peu importe, je ne fis rien. Je restai là, immobile. Quelque chose en moi me paralysait dans mon geste, les plus généreux diront que c'était ma conscience, mais en réalité, il n'en était pas question... Ce débat intérieur laissa le temps à mon adversaire de voir ma nature :
- Non, mais... Tu es des nôtres ?! Qu'est-ce que tu fous à protéger la bouffe ?! s'énerva-t-il. Puis il reconsidéra ses propos et prit soudain un air soumis : Ou alors c'était ta réserve personnelle ? Je suis désolé, vraiment désolé, je ne savais pas que c'était ton territoire ! J- Je... Tu es une doyenne ? Ne le dites pas aux autres, je vous en supplie ! Je ne savais vraiment pas ! Je croyais que j'étais le seul dans ce village perdu !
- Non... dis-je faiblement, j'utilisais toute mon énergie pour chercher à vaincre cet instinct inconnu qui me retenait de le découper. Je ne suis pas une doyenne, ce n'était pas ma réserve personnelle. Mes amis n'étaient pas des commodités qu'on possédait !
Je voulais le tuer, mais je rechignais encore. Pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne frapper à la porte de mes amis ? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement porter le coup fatal ? Encore cette question qui me hantait... Pourquoi ?
- Alors t'es qui ? Et qu'est-ce que tu me veux ?
- Je veux que tu partes, et que tu ne reviennes plus jamais... ordonnai-je, grave. Ces humains sont sous ma protection. Il te suffit de déguerpir hors de ma vue et je ne te ferai rien.
Je le libérai et je me levai. Je m'étais un peu calmée. Ce n'était qu'un gamin, il n'avait pas l'air d'être un gourmet, il tuait pour vivre. Petit, mal coiffé, sale, il portait le sceau d'un village vampirique sur sa chemise. Ce sceau avait pour but de faire en sorte que les vampires des différents villages se reconnaissent entre eux sans avoir à révéler les signes distinctifs de leur espèce. Ainsi les vampires infiltrés dans les sociétés humaines connaissaient leurs alliés.
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Crimson Curse
FantasyJe courais, je courais aussi vite que je pouvais. Mes jambes étaient en feu, me suppliaient d'arrêter, mes pieds étaient en sang, mon cœur battait comme un piston. Je courais encore. Toute ma vie, je n'ai fait que fuir. Je croyais que c'était la bon...