Chapitre 1

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Aujourd'hui, c'est le grand jour : ma première journée d'école. Je suis nerveuse, anxieuse à l'idée de ce que les autres pourraient penser de moi. Personne ici ne connaît mon passé, et je redoute que mon comportement distant et froid soulève des questions. C'est intentionnel, car je ne veux pas me faire d'amis ; je préfère garder tout le monde à distance.

Ce matin, le vide qui me ronge depuis l'accident est toujours présent. Une partie de moi s'est perdue ce jour-là, et je n'ai jamais réussi à la retrouver. Ce sentiment étrange et inextricable me donne l'impression que quelque chose est sur le point de se refermer, mais je me suis jurée de ne laisser personne entrer dans ma vie.

Je me lève de mon nouveau lit, encore un peu engourdie par la nuit, et descends dans la cuisine de ma nouvelle maison. Cette famille d'accueil est plutôt étrange, avec tous ces animaux empaillés un peu partout. Le garage m'est interdit sans explication, et je compte bien rester la petite fille modèle jusqu'à ce que je puisse enfin partir.

Une odeur alléchante de pancakes flotte dans l'air. J'aimerais en manger, mais je suis allergique aux œufs.

- Émily, viens manger des pancakes ! Ils sont faits spécialement pour ta première journée, annonce Katrina depuis la cuisine.

- Désolée, Katrina, je suis allergique aux œufs, dis-je en observant les pancakes sur le comptoir.

Katrina me lance un regard hésitant avant de fermer brusquement le feu et de ranger les pancakes bruyamment. Je peux lire son agacement dans ses gestes, et je me sens coupable de l'avoir contrariée.

Je monte dans ma chambre sous son regard désapprobateur. En cherchant quelque chose à porter, je me demande depuis quand j'en viens à m'inquiéter de ce que les autres pensent de moi. Je choisis un t-shirt simple et un jean noir, attache mes cheveux en queue de cheval et descends. Je prends une pomme dans la cuisine avant de filer vers l'entrée, m'emparant de mes converses et de ma veste.

Je sais où se trouve l'école grâce à ma visite préalable de la ville. L'extérieur de l'école ressemble à une prison, mais j'espère que l'intérieur sera plus accueillant. Je me fonds dans la foule d'élèves qui se tiennent dehors pour fumer ou discuter, et je parviens à entrer dans l'établissement après m'être frayé un chemin.

À la réception, je demande mon emploi du temps. Je commence par l'anglais, suivi des maths, des sciences et du français. La réceptionniste me donne mon numéro de casier et un cadenas. Je me dirige vers le casier numéro 50, qui est heureusement inoccupé. Après avoir rangé mes affaires, je prends celles pour l'anglais et me dirige vers la classe.

En traversant les couloirs, je perds l'équilibre en fonçant dans quelqu'un. Je lève les yeux et découvre un garçon aux cheveux noirs en bataille, au physique imposant. Ses yeux bleu ciel me rappellent quelque chose, un souvenir lointain du loup. Mais ce n'est pas possible, les loups-garous n'existent pas.

- Tu as fini de me fixer ? demande-t-il, me tirant de mes pensées.

- Oh, désolée... je...

Il tend la main pour m'aider à me relever. Hésitante, je prends sa main, et il m'aide à me remettre sur pieds.

- Merci, lui dis-je en époussetant mon derrière.

Nous restons là, silencieux, et je me rappelle soudainement que je suis en retard pour mon cours d'anglais.

- Désolée, je dois y aller.

Je tente de le contourner, mais il me retient.

- Tu es nouvelle, non ? Comment tu t'appelles ?

- Émily Parker. Oui, je suis nouvelle et en retard.

Je m'éloigne sans lui demander son nom, pensant que ce n'est pas nécessaire. Je frappe doucement à la porte de la classe. La prof, une femme d'une vingtaine d'années, m'accueille en souriant.

- Bienvenue parmi nous, mademoiselle...

Je n'ai pas écrit mon nom complet sur le papier que la réceptionniste m'a donné, alors elle se contente de « Parker ».

Je prends place au fond de la classe, près de la fenêtre. Les regards des autres élèves me semblent hostiles, et je ne comprends pas pourquoi. Le cours d'anglais se déroule comme prévu, mais je m'ennuie déjà. En regardant par la fenêtre, je vois que l'école est entourée de forêt. Un mouvement attire mon attention : une silhouette sombre à la lisière de la forêt. C'est un loup avec des yeux bleus, comme celui que j'ai vu cet hiver.

- MADEMOISELLE PARKER ! Crie la prof en frappant sur mon bureau.

Je sursaute et ramène mon attention vers elle, tandis que quelques élèves retiennent leurs rires.

- Puisque vous venez d'arriver, il n'y aura pas de conséquence pour votre inattention. Mais la prochaine fois, faites attention.

- Désolée, il n'y aura pas de prochaines fois.

La prof retourne à son cours, et je regarde une dernière fois le loup, qui me fixe avant de s'évanouir dans la forêt. Il me semble qu'il m'a fait un clin d'œil, comme une invitation à le suivre.

Je me dirige vers mon casier et y range mes cahiers. Il me reste 15 minutes avant mon prochain cours. Je prépare mes affaires pour le cours de maths, mais je laisse tout dans le casier. Je me dirige vers la cour, poussée par ma curiosité. Il y a moins de monde qu'auparavant. Je vais vers la lisière de la forêt, hésite un moment avant de m'y engager, tout comme le loup.

Je m'enfonce lentement dans les arbres, faisant attention à ne pas tomber. Après un moment, je me rends compte que je me suis trop éloignée de la lisière ; les arbres me semblent de plus en plus denses et menaçants. Je décide de faire demi-tour, mais malgré mes efforts, je n'ai pas l'impression de me rapprocher de la lisière. Au contraire, la forêt semble devenir de plus en plus sombre et inquiétante.

Je m'assois au sol, les jambes fatiguées, et je constate que mon jean est déchiré, laissant une plaie qui brûle. La pluie commence à tomber, et je me réfugie contre un grand chêne pour éviter d'être trop mouillée. Je ferme les yeux, espérant que ce cauchemar prendra fin.

Soudain, j'entends un craquement sur ma gauche. Je rouvre les yeux et vois le loup devant moi. Il est figé, son regard perçant me fait froid dans le dos, et il est en position d'attaque, les oreilles baissées et les crocs découverts. Pourtant, je ne ressens aucune peur. Le loup me fixe, prêt à attaquer, mais je reste immobile, mon regard croisant le sien.

Je prends une grande respiration et fais un pas vers lui. Le loup cesse de grogner et incline légèrement la tête, perplexe.

- Je ne vais pas te faire de mal, lui dis-je doucement.

Semblant comprendre, il se détend progressivement. Il fait un pas vers moi, et moi, je fais un pas en avant. Nous sommes à quelques pas l'un de l'autre. Je n'éprouve toujours pas de peur, mais plutôt un sentiment étrange de soulagement, comme si le vide dans ma poitrine se comblait lentement.

Le loup avance rapidement vers moi et frotte son museau contre ma main, m'invitant à le caresser. D'une main tremblante, je le flatte. Il se met à ronronner comme un chat et se couche sur mes jambes. Je poursuis les caresses, et bientôt, la chaleur de l'animal et le confort inattendu me font somnoler. Je m'endormis contre le tronc de l'arbre, le loup dormant paisiblement sur mes jambes.

Mon alphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant