Chapitre 7 : Réconfort

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé un aussi calme week-end. Par contre ce qui est de la douleur j'ai souffert le martyr, heureusement que je n'ai rien de cassé. Lorsque je regarde les bleus qu'il me laisse je me dis que la prochaine fois je ne le laisserais pas faire, que je suis plus forte que ça. Par moment, j'ai envie de tout dire à ma mère, puis je me dis que si je veux la protéger de ce monstre, je ne dois rien dire, car il se lassera sûrement un jour de me donner des coups.

J'arrive à grande peine à me baisser pour attraper mon sac.

Les filles me demandent pourquoi je grimace ainsi et je leur réponds que j'ai fait du sport ce week-end et que je ne me suis pas assez étirer, que ce n'est que des courbatures, toujours et encore des mensonges.

Le soir même, Mathieu ne tarde pas à venir me voir. Logique ! Avec le message que lui a laissé Jérôme sur son répondeur.

Nous nous retrouvons une fois de plus dans le couloir, à cet-heure ci tout le monde est occupé dans les chambres.

J'appréhende, son comportement, car cela devient trop important pour qu'il laisse l'affaire de côté, alors que je voulais à tout prix qu'il évite de se mêler de mes problèmes.

-Je parie que vous avez reçu un beau message sur votre répondeur.

J'essaie d'être ironique, alors que sa sonne faux sortant de ma bouche. Même Mathieu a perdu l'éclat qui l'avait au début dans ses yeux.

-Que s'est-il passé Mailly ? Il fronce les sourcils et se rapproche de moi.

Je baisse la tête, comme si tout était de ma faute.

-Il a découvert votre numéro dans ma poche, je lui ai dit que vous étiez un ami, mais il ne m'a pas cru. Ça a mal fini, comme à chaque fois.

Je sens mes mains qui commencent à trembler, je regarde Mathieu en colère contre moi-même.

-Alors que les filles se font du souci pour moi, la seule chose que je fais, c'est leur mentir. Pareil avec ma mère. Je suis obligée de mentir à tout le monde.

-C'est pour les protéger que tu leur caches ces choses-là, tu ne veux pas qu'ils se fassent du souci.

Il pose sa main sur mon épaule et cela suffit à faire éclater la peur et la douleur que j'ai éprouvé ce week-end, j'ai cru un instant que Jérôme allait me tué sous ses coups. Je n'en peux plus j'ai l'impression d'être dans une impasse. Mathieu me surprend lorsqu'il essuie mes larmes. Son regard semble perdu sur moi, à quoi pense-t-il ?

-Tu sais, je ne l'ai pas rappelé. Je me suis dit que c'était mieux. Je ne voulais pas faire monter sa colère, j'aurais voulu discuter avec lui, mais je sais que c'est sur toi, qu'il se serait défoulé.

-Il s'est déjà défoulé. Chuchotai-je, en évitant son regard.

Il pose sa main sur celle qui n'a pas d'atelle.

-Où t'a-t-il frappé Mailly ?

Je sais que je ne peux plus faire marche arrière. Il me relance en faisant pression sur ma main. Je croise ses sourcils froncé et je me rends compte qu'il a l'air fatigué. J'hésite encore, car même si je commence à avoir confiance en lui j'ai peur du après, d'où tout cela va nous amenez. Puis, c'est vrai que je n'ai plus l'habitude que l'on s'inquiète pour moi.

Je prends entre mes mains le bas de mon tee-shirt et le soulève jusqu'aux côtes. Je suis très gênée, mais je veux lui prouver que je ne suis pas une menteuse. Son visage devient blanc de surprise. Je baisse la tête vers mon ventre : j'ai comme un hématome qui couvre quasiment mon abdomen, mélangeant les tons vert kaki, jaune et presque noir.

Il me lâche la main et caresse de ses doigts doux ma blessure. Mon corps sursaute et frissonne à son toucher car ses mains sont mains son froide. J'ôte lentement sa main qui me caressait le ventre le suivant du regard.

-Vous me faites mal.

-Oh, pardon. Il secoue la tête, étonné par ce qu'il vient de faire. Il détourne le regard en remettant en place mon tee-shirt. Ses joues rosissent un peu et les miennes avec. Si quelqu'un nous voyais, ce serait la fin pour moi et les rumeurs courraient.

-Cette blessure est impressionnante, il n'a vraiment pas honte. Je l'aurai devant moi, c'est plutôt moi qui lui referais le portrait. Il commence à parler de plus en plus fort et je sens sa colère monter. Pour l'arrêter, je pose mon doigt sur sa bouche : abasourdi il s'arrête net. Je n'aime pas quand les gens autour de moi s'énervent, cela me rappelle à quel point la colère de Jérôme me détruit et ça m'effraye et puis je ne veux pas qu'on nous entende.

-Je me suis emballé, dit-il une fois que j'ôte mon doigt.

-Ce n'est pas grave, de toute façon il n'est pas prêt de revenir chez moi. Pour l'instant, je vais aller me coucher, car je suis épuisée.

-Demain, je t'amène de la crème, bonne nuit Mailly. Il se rapproche de moi, lève ma frange et m'embrasse sur le front. Bien sûr, je suis étonnée par autant d'affection de sa part. Je me sens revivre à chaque fois qu'il me touche, mon corps frissonne, mais de plaisir. Nos regards se croisent et il lit dans mes yeux que j'ai confiance en lui. Il me fait son plus beau sourire, rassuré que je ne sois pas effrayée. Je lui souris bêtement et pars en direction de ma chambre, quand il me lance :

-Je vois que tu as toujours tes chaussettes avec des vaches dessus, c'est toujours aussi mignon.

-Allez-y, moquez-vous, je vous aurais un jour.

Il rigole et rentre dans sa chambre.

Nous devenions presque complices, il m'apporte la chaleur et le réconfort dont j'ai besoin. Je n'arrive pas à dire non à son affection car j'en ai besoin et aussi parce que je la veux. Je remarque qu'il me manque de plus en plus, lorsque je ne le vois pas de la journée, je le cherche du regard. Je sais que ce n'ai pas bien de me retourner vers un autre homme qui est de plus mon professeur.

J'ai perdu Jérôme depuis le jour où il a levé la main sur moi. J'ai cru que c'était la première et la dernière fois, mais non, ce n'était que le début de mon enfer. Il me fait tellement de mal, alors que Mathieu, lui, veut me protéger et me sortir des ténèbres dans lequel je vis chaque jour à cause de Jérôme. Mais la vraie question c'est : est-ce que je suis enfin prête à tout chambouler en acceptant son aide ? Vais-je avoir enfin le courage de dire stop à Jérôme ?

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L'interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant