Ressentis et provocation

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Je finis d'enfiler mes chaussettes, sans me presser, d'un geste lent. Je jette un regard à Grégoire qui, assis sur une chaise de la cuisine, a l'air pensif. Ses sourcils légèrement froncés m'indiquent qu'il ne pense sûrement pas à la nuit dernière.  Une odeur de brûlé envahit la pièce. Je le vois se lever en sursaut et enlever le récipient de la plaque. Il jure. Je profite qu'il ne prête pas attention à moi pour l'observer. Son dos est musclé, ses abdos sont visibles, il a un corps magnifique. Il est canon. Il n'est pas à moi. Je me remémore la nuit passée,  ses caresses, son souffle dans mon coup, du bonheur partagé en atteignant le coït en osmose, du dernier coup de rein qui nous a tout deux achevés. Je suis toujours en sous-vêtements à vrai dire, j'ai juste enfilé un gros pull lui appartenant pour éviter d'avoir froid. J'ai mis mes longues chaussettes m'arrivant aux genoux. Il me les a offertes pour mon quinzième anniversaire, un mois après notre rencontre. Je sais qu'au fond, il en aime une autre, que je suis une distraction, une roue de secours. Mais quand je le vois se mordre la lèvre inférieure, essayant d'essuyer le lait ayant débordé sans se brûler, ou quand il me réveille d'un baiser et qu'avant d'avoir ouvert les yeux je sens déjà l'odeur du pain grillé et beurré qu'il m'a préparé, j'oublie le fait qu'il ait une copine, j'oublie le fait que ce gars soit un salop, je profite juste de manière totalement égoïste de ces moments. Après quelques instants, il revient dans la chambre, m'amène une tasse de café noir et s'assied à mes côtés sur le lit, tout en replaçant une mèche folle et bouclée derrière mon oreille. Je souris. Je ne sais que dire. J'observe les détails de la pièce. Des murs blancs, un plafond qui s'écroulera bientôt sur ceux qui auront le malheur d'être au lit à cet instant précis, une vieille lampe bleue. Des armoires beiges. Je connais déjà tous ces détails, ce n'est pas la première fois que je suis ici. Mes habits sont en boules au pied du lit, aux côtés des siennes. Lorsque mon regard se pose de nouveau sur lui, je remarque qu'il me fixe. Je me mords la lèvre d'un air provocateur, un petit sourire espiègle se dessinant sur mon visage. Il hausse un sourcil, me demande de patienter une seconde, puis se lève. Je retire lentement le sweetshirt, et quand il revient, préservatif en main, je sais que je vais une fois de plus bien m'amuser.


Le jour où j'ai réaliséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant