Sous-sol

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POINT DE VUE DE GAËLLE:

Le viol, ça m'a fait le même effet qu'un coup de poing. Tout d'abord, je n'ai rien relevé de particulier, comme s'il ne s'était rien passé. Je pense que je fuyais les souvenirs de la fête chez David, il me distrayait. Mais maintenant que je franchis les grilles de mon lycée, je me sens sale, souillée. Je veux juste oublier. J'ai l'impression que tout le monde sait, c'est comme si des centaines de regards se posaient sur moi, me transperçaient, me jugeaient. Mais je suis une femme forte. Je ne vais pas me laisser distraire par des connards. Je m'assieds sur le banc habituel où j'attends Lucie chaque matin, mets mes écouteurs, et attends.

POINT DE VUE DE THEO:

Je l'ai vue s'avancer dans la cours, pendant quelques instants elle semblait être moins sûre d'elle que d'habitude, mais la faiblesse dans ses yeux a vite été chassée. Quelle femme. J'ai beau vouloir la détruire, j'ai du respect envers elle. Mais ce qui s'est passé est quelque chose qui ne nous concerne que nous. Je ne vais pas faire courir de rumeurs, ni dire ce qu'il s'est passé ce soir-là, ce serait lâche, je ne suis pas lâche. Je vais lui faire peur, lui couper l'envie de revenir en cours. Ah, sa copine est arrivée avec son copain. Elle est quand même belle cette pute, elle arrive à être gracieuse en tout temps, je suis presque sûr qu'elle ne l'a même pas dit à sa meilleure amie. Tant mieux pour moi.

POINT DE VUE DE LUCIE:

- Théo t'observait tout à l'heure, fis-je remarquer à Gaëlle.

Je m'inquiète pour elle. Si ce qu'elle m'a dit l'autre jour au téléphone est vrai, il faut être sur ses gardes. Noël m'observe d'un oeil tendre, je me tourne vers lui, nous nous embrassons passionnément. Tout disparaît autour de nous. Il me serre plus fort dans ses bras, je me tiens à sa veste. Il compte se décoller de moi, mais je lui tire légèrement son écharpe de manière à le ramener vers moi. Je lui vole un dernier baiser, puis le laisse partir, je vois ses amis au loin l'attendre avec un sourire moqueur sur leur visage. Il leur lance un "Oh, vos gueules!" et part les rejoindre. Mes yeux se posent sur l'endroit où se tenait Gaëlle, je sursaute. Je la cherche du regard mais elle a disparu parmis tous les élèves. La cloche sonne, je vais en classe, mes pensées tournant autour de Noël. "Ce que j'aime aimer..." soupirai-je pour moi-même. Je remarque que Théo n'est plus là où il était assis. Ca me surprend, je le croyais du genre à entrer le dernier en classe, à ne pas se presser, à vouloir toujours se faire remarquer. J'ai dû me tromper. J'arrive en classe, Gaëlle n'est pas là. Elle sèche assez souvent ces derniers temps. Je sais pas comment elle fait pour garder d'aussi bonnes moyennes malgré ses absences à répétition. Elle doit être une sorte de surdouée.

POINT DE VUE DE GAËLLE:

Qu'est-ce qui m'a pris d'aller aux chiottes en-bas? La flemme va me tuer. Ce sentiment de déjà-vu horrible. Théo contre moi, mes poignets de nouveau bloqués. Je ne pleure plus. Mes yeux sont vides, je ne crois plus en rien. Il semble presque surpris que je ne montre plus de résistance, mais le fait est que je suis fatiguée de lutter. Lorsqu'il déboutonne ma chemise froidement, je sais qu'il veut me faire du mal, me blesser, je ne me débats plus, je le laisse faire. Puis une idée me vient. Je commence à me montrer envieuse, j'essaie de l'embrasser. Surpris, il me laisse faire. Puis je me colle à lui, j'enlève sa chemise, plus il est brusque envers moi, plus je me montre douce. Lorsqu'il baisse mon pantalon, je fais de même avec le sien. Il se décolle de moi quelques secondes, puis baisse les derniers vêtements me couvrant. Il m'appuie contre la porte, de manière à ne laisser entrer personne. Puis il entre en moi. C'est douloureux, j'ai beau jouer la comédie, je ne le désire pas. J'aurais pu si les choses ne s'étaient pas passées comme ça. Je ne veux plus voir son visage, je le prie de m'embrasser. Je l'emmène vers la jouissance, je le sens. Avec ma main, je rapproche nos visages. Sa respiration haletante et chaude contre la base de mon cou. Je l'embrasse. De quelques derniers mouvements, il atteint le septième ciel, mais reste en moi, collé, m'embrassant. Il me mord la lèvre, la fait saigner, je fais comme si de rien n'était, mais notre baiser est empreint du goût du sang, il s'essuie la bouche, dégoûté. Je fais comme si ça ne me blessait pas. Il se retire. Je suis soulagée. C'est fini. Il se rhabille, je n'en ai pas la force. Il me replaque contre la porte, et me fait un suçon dans le cou. Il me fait mal, il le sait. Mais c'est ce qu'il veut. Me faire mal. Si je savais pourquoi. Puis je réalise que sur son visage il y a des blessures. Comment je n'ai pas pu le remarquer avant. Merde. Quelqu'un l'a frappé. Je sais que je devrais m'en foutre, mais la curiosité est trop forte. Je le retiens par la manche.

Le jour où j'ai réaliséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant