Roses are red

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POINT DE VUE DE GAËLLE:

Je me retrouvai donc seule avec elle. Après toutes ces années! Elle semblait aussi gênée que moi. J'aimais quand ses joues s'empourpraient légèrement.

- Et donc, tu es toujours étudiante?

Je trouvai cette question stupide et ne savais pourquoi je l'avais énoncée à voix haute. JE LA CROISAIS TOUS LES JOURS DANS LES COULOIRS!

- Heu oui, dans le même gymnase que toi d'ailleurs..

Le silence entre nous était gênant et le bruit nous enveloppant était agressant, je me sentais prise au piège. Nous avions eu un passé commun. Elle avait été ma meilleure amie durant trois ans. Et puis, après être entrées au gymnase, nos chemins s'étaient séparés. Était-ce la véritable raison de notre éloignement? Non, je ne crois pas. Je savais pertinemment ce qui m'avait poussé à m'éloigner d'elle, mais ça n'expliquait pas pourquoi elle, elle n'avait rien fait pour me retenir non plus.

- Je.. tu.. On sort?

Elle hocha la tête et nous abandonnâmes la salle où fusaient les lumières au profit du parking sombre. Les basses de la musique pouvaient encore s'entendre, mais la mélodie des morceaux avait toutefois disparu. Je repérai la voiture d'une connaissance et m'assis sur le toit. Elle me rejoignit quelques secondes plus tard. Mes yeux ne pouvaient croiser les siens, le malaise était extrême, rempli de sous-entendus, de souvenirs du passé. Je fermai les yeux pendant quelques secondes, reconnaissant le parfum sucré émanant de Rose. Elle n'avait pas vraiment changé. Lorsque je l'avais vue, avec ses joues rondes, tout sourire, je ne pus m'empêcher de voir son fantôme d'antan, la belle brune avec qui nous nous étions fait tant de promesses, la belle brune qui n'en avait tenue aucune. 

- Tu te rappelles quand on avait dansé le tango au milieu de salon?

Je souris. Nous avions failli casser un vase ce soir-là, en essayant une figure un peu trop élaborée pour les débutantes que nous étions.

- Je t'avais écrasé le pied d'ailleurs, si je me souviens bien, marmonnai-je en esquissant un petit sourire.

- Ton poids est comparable à celui d'un sac de plumes, je n'avais pas été traumatisée.

Elle rit et je ne tardai pas à l'imiter. Puis le silence se fit et nos yeux se croisèrent. Enfin. Je sentais mon cœur battre plus vite tandis que les souvenirs des moments passés en sa présence affluaient en moi. Et quand elle se pencha vers moi, je ne me fis prier pour l'embrasser.

Son baiser était timide, doux. Elle était bien adorable, mais je n'étais pas là pour des petits baisers chastes. Je pris son visage entre mes mains et l'embrassai plus intensément, ses mains se positionnèrent sur ma taille. Je me séparai légèrement d'elle, la regardai, mais elle ne me laissa pas la contempler et m'embrassa fougueusement à son tour. Mes lèvres se séparèrent des siennes, et je commençai à embrasser son cou. Doucement, je retroussai son haut. Sa jupe moulante n'était pas des plus pratiques mais je m'en foutais. Je l'avais désirée ardemment durant trois ans avant d'avoir fait cesser la torture. Mes lèvres parcouraient la fine peau de ses seins et ses soupirs m'indiquaient sa satisfaction, ce qui me donnait moi-même un plaisir immense. Vas-yyy... Oui c est bon... Je continuai à embrasser son ventre jusqu'à arriver à sa jupe, que je retroussai. Je commençai à lui embrasser les cuisses, à les mordiller. Il faudrait que je te présente quelqu'un... Je ne l'écoutais pas vraiment, trop occupée à essayer de la satisfaire au maximum. Il s'appelle Romain... Je remontai gentiment vers son intimité, et l'embrassai doucement.. Je l'ai rencontré il y a 6 mois.. Attends, quoi?? Je relevai la tête, les yeux pleins d'incompréhension.

- Heu, tu peux répéter?
- Je sors avec Romain depuis presque 6 mois...

Je me redressai, dégoûtée.

-ET TU NE POUVAIS PAS LE DIRE AVANT QUE L'ON S'EMBRASSE?!?

Ma colère était extrême et mon ego avait été fracturé assez gravement.

- Mais il m'a dit que ça ne le dérangeait pas que j'embrasse d'autres femmes...

- Et moi, tu ne penses pas que ça pourrait me déranger de passer là où ton copain t'a léchée il y a, si ça trouve, moins de deux heures?

Je la laissai interdite. Tant mieux. Je sautai du toit de la voiture. C est à grands pas que je m'éloignai d'elle.

- Gaëlle, je suis désolée!! Désolée d'accord! Attends!

J'entendais ses pas se rapprocher rapidement, elle devait galérer à courir avec ses talons. Sa main m'accrocha l'épaule tel un harpon.

- Je crois que l'on s'est tout dit, Rose.

- Non, pas tout.

Ma curiosité me poussa à m'arrêter.

- Tu as cinq minutes.

- Tu veux bien t'asseoir quelque part avec moi? me demanda-t-elle d'un ton suppliant.

- Okay.

En marchant vers le banc que nous avions repéré, mes pensées se perdirent dans les limbes de mes souvenirs, et telles des bulles émergeant d'un bain moussant, ils réapparaissaient et éclataient à la surface de ma mémoire comme si ces jours venaient d'être vécus. Je me revoyais en train de lui réaliser l'album des photos de nos aventures ensemble, de nos rires fusant à travers les pièces multiples de ma maison. Les moments passés à penser à elle, assise sur le rebord de ma fenêtre, par tous les temps, me revinrent également. Et ce soir. La fameuse dispute. Je ne pouvais me souvenir de la cause exacte ayant créé la première étincelle. Je me souviens par contre de la place que j'occupais dans le canapé et du film que je regardais quand notre altercation virtuelle s'était produite. "Dear John". Je ne pourrai plus jamais revoir ce film sans craindre que son visionnage entraîne une suite de malheurs dans ma vie. Je crois que quelque part je le blâme pour la dégénération de la situation.

Nous arrivâmes au banc qu'elle m'avait désigné tantôt. Il était humide, je ne voulais m'y asseoir de peur de gâcher ma belle robe de soirée, alors je pris le risque d'attraper une bonne crève, enleva mon manteau et l'étala sur le bois frais et mouillé.

- Le temps s'écoule, que souhaites-tu me dire?

Je savais que j'étais dure avec elle, que je ne devrais pas. Mais j'avais envie de lui faire mal autant qu'elle m'avait blessée.

- Je veux t'expliquer la raison de mon éloignement il y a trois ans.

Bien que ma vie ait évolué depuis, j'avais besoin, oui besoin, d'entendre sa réponse à ce sujet. Elle mit également sa veste en long sur le banc, posa ses mains sur ses genoux et les épousseta, plus par nervosité que nécessité je suppose. Et moi, j'attendais. J'étais pendue à ses lèvres, je voulais savoir. Connaître la raison de l'éloignement soudain de Rose, c'était comprendre comment l'univers s'était arrangé pour m'éviter une relation avec la seule personne que j'aie aimée de mon entière existence.

* Quelle nouvelle pensez-vous que Rose a à annoncer à Gaëlle??

J'espère que vous avez passé d'agréables temps des fêtes, que vous allez bien et que vous profitez de faire la bamboula!

Gros bisous 😊 *

Le jour où j'ai réaliséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant