Un rayon de soleil en plein dans les yeux ou une vitre de car en plein visage ? Honnêtement, je ne saurais choisir le meilleur réveil... Toujours est-il qu'il est déjà neuf heures et que je viens à peine de me réveiller. Je cherche peu à peu mes repères : le bureau, la bibliothèque, l'armoire... Ah oui, l'armoire : j'y ai finalement rangé mes affaires, hier soir. Ce qui explique, entre autres, le fait que je me sois couchée à une heure du matin.. Très mauvaise idée, je note.
Je m'extirpe tant bien que mal de mon lit, avant d'aller choisir les affaires que je porterai aujourd'hui : un T-shirt gris aux reflets bleutés et un jean troué au genou gauche feront largement l'affaire. Rien de très sophistiqué, n'est-ce pas ? Tout simplement parce qu'aujourd'hui, je m'en vais découvrir la ville et ses alentours. Pas besoin d'être en escarpins pour cela. D'ailleurs... Je n'ai pas d'escarpins ?
Je m'arrête devant le miroir fixé à la porte de ma chambre : mes cheveux ondulés roux sont dans un état digne de la ville de Nagasaki après 1945. Ils sont tellement les uns aux dessus des autres que je n'aperçois même plus les tâches de rousseur de mes joues. D'un grand mouvement de la main, je les rejette en arrière : magnifique, je ressemble à Mufasa maintenant.. Je soupire un bref instant avant de commencer le défi de toute une vie : me coiffer. Après de nombreuses onomatopées de douleur, je ressemble enfin à quelque chose : mes cheveux devenus dociles sont rabattus en arrière, me donnant un air de "rockeuse" (bien que je ne sache même pas accorder une guitare). En m'approchant du miroir, j'examine mon visage : simple, banal, parsemé de petits points roux sur les pommettes et composé de deux yeux vert-grisé. Je m'amuse à prendre une pose totalement stupide de Lara Croft avant de me rendre compte qu'il est déjà neuf heures trente passées.
Je m'habille, m'asperge d'un coup de déodorant et descends rapidement en bas. Je salue énergiquement Isabelle qui me le rend bien :
"Bonjour Alice ! Bien dormi ?"
"Superbement bien ! Et vous ?"
"Cesse donc le vouvoiement ! -me reproche-t-elle en riant- Oui, j'ai dormi comme une marmotte !"
Je m'installe pour prendre mon petit déjeuner tandis qu'elle me raconte le rêve qu'elle a fait. Je me plais vraiment dans cette ambiance et je sais que c'est grâce à Isabelle et à sa bonne humeur. Bien que sa fille lui pose sans doute quelques problèmes, elle garde le sourire et l'atmosphère s'en retrouve changée : c'en est limite magique. Silencieusement, je la remercie de m'avoir accueillie à bras ouverts, avant de mordre dans ma tartine.
Après avoir englouti les restes de mon petit déjeuner, m'être brossée les dents et avoir prévenu Isabelle de mon départ, je me dépêche de sortir dehors. Le programme pour aujourd'hui semble chargé !
Et c'est ainsi que je passai ma journée à repérer le lycée, les arrêts de bus, le parc, les endroits tranquilles, ainsi que les alentours de la ville : étang, forêt, rivière, clairière... Les heures passent à une vitesse folle et je profite de chacune de mes découvertes, me prenant au passage pour une exploratrice (j'accepte totalement mon côté gamine et je le vis bien).
Je relève la tête et remarque le début du crépuscule : mon escapade a duré plus longtemps que prévu. Je me dépêche d'aller à la librairie avant sa fermeture, puis je décide de rentrer : il ne s'agit pas d'inquiéter ma belle-mère...
Arrivée dans le salon, je lance un "Me v'là !" enthousiaste, guettant une réponse de la part d'Isabelle. Je pose mes livres sur la table, retire ma veste et me déchausse. Un silence peu commun règne dans l'habitation. Après quelques hésitations, j'ose demander :
"Il y a quelqu'un ?"
L'absence de réponse m'inquiète au plus haut point. Je décide d'aller chercher dans toutes les pièces de la maison : rien dans la cuisine, rien dans la salle de bains, rien dans les chambres à l'étage. Mon coeur s'emballe et je me repète que tout ceci ne doit être qu'une mauvaise blague. Je redescends dans la salle à manger pour chercher un mot, une lettre, n'importe quoi qui puisse m'indiquer qu'Isabelle soit sortie. Hélas, il n'y a rien de la sorte. Ok, là je commence vraiment à paniquer. Je sors sur la terrasse, guettant à gauche et à droite de la rue : c'est à ce moment-là que j'aperçois revenir Isabelle, essouflée et tremblante. Je me précipite à sa rencontre, la bombardant de questions :
"Que s'est-il passé ? Où est Rachel ? Elle va bien ? Pourquoi n'est-elle pas avec vous ?"
Je m'effraie moi-même : pourquoi mes interrogations ne concernent-elles qu'elle ? Je ne devrais même pas me soucier de son existence...
"Elle est partie -parvient à articuler Isabelle- Quand je lui ai demandé de t'accorder un minimum de respect, elle m'a répondu que tu n'en valais pas la peine, avant de claquer la porte."
Bon sang, qu'est-ce qui ne va pas chez elle ? Et d'où je n'en vaux pas la peine ? Je sais qu'en comparaison, je suis plus une ordure qu'une humaine lorsqu'elle se trouve à côté de moi, mais ça en devient blessant à ce niveau.. Je me mords la lèvre inférieure pour contenir ma colère, avant de demander :
"Et où est-elle maintenant ?"
"Je ne sais pas.. Elle n'est pas revenue."
Soudainement, mon esprit se vide de toutes pensées négatives à son propos. Je me tourne vers le soleil : il disparait déjà à l'horizon. La nuit ne va pas tarder. Et Rachel n'est pas à la maison. Il me faut moins de trois secondes avant de comprendre que c'est mauvais, très mauvais.
"Je vais la chercher."
Isabelle m'attrape la main :
"Non, il est trop tard. Elle reviendra avant demain matin, ne t'en fais p-"
Je dégage mon membre de son emprise, rétorquant :
"Non, il faut la retrouver maintenant ! -sans attendre de réponse et sous je ne sais quelle impulsion, je me mets à courir en direction de l'étang- Gardez votre téléphone près de vous : je vous préviens si j'ai un problème !"
Après avoir jeté un dernier regard en arrière, je vois Isabelle me faire signe de revenir. Je détourne le regard et murmure un"désolée", avant de sprinter sans même me poser la question d'où je vais.
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How on earth can I love her ?
Teen FictionDe nos jours, l'homosexualité est un sujet devenu peu à peu laxiste : on en parle plus facilement, mais rarement sans gêne. A celui-ci s'ajoutent des cas dont personne n'ose parler, y compris le pseudo-inceste. Les familles recomposées sont une sour...