Sans vraiment savoir comment, je me suis retrouvée à courir sur un chemin de terre, tout en criant à plein poumons des appels sans réponse. La nuit est tombée depuis quelques temps, je suis frigorifiée et même pas sure de pouvoir retrouver mon chemin. Super, je crois que la malchance m'a elle aussi adoptée.. Je m'apprête à lancer un énième "RACHEEEEEEEEEEEEEEL !", ce qui, au passage, me détruit les cordes vocales, avant de repérer une masse sombre allongée dans... Un champs de blé ?
Vraiment ? Je n'étais pas au courant que le tournage de "La petite maison dans la prairie" se déroulait dans cette ville.
J'ose m'approcher de la silhouette immobile, en priant pour que ce ne soit pas un animal sauvage. Une fois près d'elle, je soupire de soulagement : c'est bel et bien Rachel, étalée dans le blé et qui, en plus de ça, pique un somme. Je me frappe le front avec la paume de ma main : alors que j'étais en pleine crise de panique, elle, elle dormait tranquillement ! Je rougis sans le vouloir en repensant à mon état d'esprit avant de l'avoir trouvée : je l'avoue, j'étais complètement désorientée, sans savoir où chercher et... Morte d'inquiétude. Je pourrais m'en arracher les cheveux : comment puis-je lui porter autant d'attention, alors qu'elle ne me salue même pas le matin ? Je respire longuement, espérant me calmer un minimum :
"Ok.. Tout va bien maintenant.."
"En plus d'être inutile, tu es schizophrène."
Hé ?
Je mets quelques secondes avant de capter que c'est "Mlle Divine Beauté" qui a daigné m'adresser la parole. Depuis quand, au juste, est-elle réveillée..? Je sens mes oreilles devenir rouges à l'idée qu'elle m'ait vue péter une durite.
"Euh, hum... -j'essaie tant bien que mal de reprendre mes esprits mais ceux-ci s'évaporent dès que je pose le regard sur elle : la lumière de la lune ne fait que la rendre plus magnifique. Et moi qui pensais qu'on ne pouvait pas être plus belle ! Ses cheveux bruns sont défaits et tombent en cascade sur ses fines épaules, tandis que le peu de luminosité met en valeur son regard bleu azur. Je me passe la main sur le visage, espérant redescendre sur Terre au plus vite. Finalement, j'opte pour la réprimande- Tu n'aurais pas du partir comme ça ! Ta mère s'est fait beaucoup de soucis et moi aussi, je-"
Idée de génie. Je me plaque les deux mains sur la bouche, tandis que mes oreilles retentent une métamorphose en tomates. Rachel me fixe, sans expression, avant de se relever et d'enlever les brins de blé de ses vêtements.
"Pourquoi es-tu venue ? -me lance t-elle froidement- Contrairement à toi, je n'ai pas besoin que l'on m'escorte ou que l'on m'accompagne partout."
Comment ça, contrairement à moi ? Elle me prend pour une assistée ? Je serre les poings, contenant mon mépris : il ne s'agit pas de la faire fuir de nouveau.
"Excuse moi d'être venue à ta rencontre, mais il commençait à faire nuit et c'est peu conseillé de rester dehors seule, à cette heure-ci."
"Et donc ? Tu voulais passer pour la gentille fille bien éduquée en ramenant ta "soeur" à la maison ?"
Que..? Raaah, je commence à perdre patience..
"Peu importe ce que tu penses de mon acte, je suis là maintenant, point barre. Rentrons maintenant."
"Et si je dis non ? Tu m'y forceras ? -elle pose son index fin sur le bord de sa bouche, tordue en un rictus mesquin- Ou pas, cela risquerait de nuire à ta réputation de "soeur protectrice et bienveillante". "
Parfait, elle m'a énervée.
"Ecoute, j'ignore si c'est mon prénom que tu n'aimes pas, mon physique qui ne te revient pas ou tout simplement notre cohabitation, mais je ne suis pas venue ici pour toi ! -je sais, je mens et cela me dégoûte moi-même. Mais hors de question que je la laisse me critiquer ouvertement sans rien faire- Tu inquiètes Isabelle, tu comprends ça ? Elle est une mère formidable et toi, tout ce que tu trouves à faire pour la remercier, c'est t'enfuir ? Elle mérite mieux que ça. Qu'importe ce qu'il s'est passé entre vous, et il est vrai que je ne connais pas votre histoire, mais tu n'as pas le droit de lui faire ça. -je la prends par les épaules, la forçant à m'écouter- Même si l'idée ne te plaît pas, je suis un membre de ta famille maintenant, d'accord ? Donc si tu as des problèmes, peu importe leur nature, je suis là pour toi ! Désormais on est soeur, donc on peut s'entraider ! -je reprends mon souffle, comprenant à peine le sens de mes paroles- ... Je ne cherche pas à jouer la gentille soeur attentionnée. Je veux juste que tu puisses, un jour, sourire comme ta mère le fait."
Un long silence accueille mon monologue. J'ignore si j'ai touché un point sensible et honnêtement, j'y porte autant d'attention qu'à ma toute première nausée. Rachel baisse la tête : je m'attends à ce qu'elle me frappe, me colle une giffle, me traite à nouveau de "personne inutile" ou pire.
"Au final, tu n'es vraiment pas comme elle..." murmure t-elle.
Hé ? J'ai raté un épisode là.
"Qu'est-ce que tu.."
Mais Rachel s'est déjà remise en route. Je cours la rejoindre, essayant tant bien que mal de lui soutirer d'autres informations. Mais comme à son habitude, elle ignore mes questions ou fait semblant de ne pas savoir de quoi je parle, tout en m'accusant d'entendre des voix.
Finalement, c'est sous la lumière bienveillante de la lune que nous rentrons chez nous et bien que ma soeur me semble de plus en plus étrange, je ne peux m'empêcher de vouloir la connaître de mieux en mieux.
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How on earth can I love her ?
Ficção AdolescenteDe nos jours, l'homosexualité est un sujet devenu peu à peu laxiste : on en parle plus facilement, mais rarement sans gêne. A celui-ci s'ajoutent des cas dont personne n'ose parler, y compris le pseudo-inceste. Les familles recomposées sont une sour...