Chapitre 18

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"I just want you for my own, more than you could ever know. Make my wish come true : all I want for Christmas is you."

Etalée sur mon lit comme toujours, j'inspecte les paroles du refrain de cette chanson étrangement connue, et songe au fait qu'elles me correspondent un peu trop. L'impression qu'elles soient basées sur mes ressentis commence sérieusement à me mettre mal à l'aise : je retire rapidement mes écouteurs et me lève de mon lit. Je jette un coup d'oeil à mon téléphone : pas de nouveaux messages. En même temps, Sarah est perdue chez ses grands-parents, dans le fin fond de la campagne : étonnant qu'elle n'ait pas de réseau ! L'écran affaiblit par les 2% de batterie restante m'indique qu'il est déjà vingt heures. Après l'avoir mis à charger, je me dirige vers mon armoire et me mets en quête d'une tenue convenable : ce soir, c'est la veille de Noël et même si l'on n'est que toutes les trois, la tradition veut que l'on soit plutôt bien habillé. Suite à une mûre réflexion, je décide de rester sobre : une chemise blanche et un jean noir suffiront. Je pars prendre ma douche et, tandis que je me lave les cheveux, j'en déduis que les meilleures chaussures à porter avec, seront mes baskets basses noires, aux lacets blanc grisé. Hors de question que je m'habille avec une robe moulante (alors que je n'ai rien à "mouler") qui m'arrive au ras du postérieur et des talons avec lesquels je ne réussirais même pas à descendre l'escalier. Une fois habillée, mes cheveux ondulés rattachés en une queue de cheval et les manches de ma chemise remontées, je descends au rez-de-chaussée pour aider Isabelle. Toujours en pleine préparation du repas, elle me complimente sur ma tenue et me demande de prendre le relais, le temps qu'elle aille se préparer à son tour. Evidemment, j'accepte, bien que ma seule tâche soit de surveiller la cuisson de la dinde. Je jette un coup d'oeil à la table de la salle à manger : une nappe bordeaux la recouvre et par-dessus trônent les couverts, pas encore mis, ainsi qu'une boîte de bougies qui n'attendent que d'être allumées. Songeant au fait qu'il faut bien que je fasse quelque chose de mes dix doigts, je m'en vais installer les assiettes, les couverts et la verrerie. Après cela, je sors quelques bougies et en dispose non seulement sur la table, mais aussi au-dessus de la cheminée toujours allumée, sur le mobilier du salon et sur l'étagère de l'entrée. Aussitôt, je les allume une par une et, pour contempler ma décoration, j'éteins les lumières artificielles. L'atmosphère devient alors calme et magique : je ne vois pas à un mètre devant moi, mais chaque petite flamme illumine des recoins de la maison auxquels je n'avais jamais prêté attention. Il n'y pas d'obscurité, juste quelques ombres dessinées par les meubles et pendant un bref instant, j'ai l'impression d'être dans un autre monde. Dans un rythme universel, les étincelles dansent dans leur cage et semblent épier un quelconque moyen d'atteindre la liberté. Mais elles sont condamnées à brûler fixement sur leur mèche, jusqu'à ce que la cire fonde et que l'incendie se clôt. Finalement, je rallume la lumière, bien décidée à faire la surprise à Isabelle quand elle reviendra. Tandis que mes yeux daignent s'habituer à l'éclairage aveuglant des lampes, je sursaute en remarquant Rachel en bas des escaliers. Cette fille est d'une discrétion incroyable ! Je ne parviens jamais à l'entendre arriver. Ou alors, mon admiration pour les bougies était trop forte pour que je puisse remarquer quoi que ce soit. Je m'apprête à me justifier de mon comportement enfantin, quand je m'aperçois de sa tenue : Rachel est plus magnifique qu'elle ne l'a jamais été. Elle porte une robe noire en bustier, qui modèle parfaitement sa silhouette et qui s'arrête un peu au-dessus des genoux, juste assez pour ne pas paraître vulgaire. La robe en elle-même est extrêmement simple mais le fait d'être portée par Rachel lui confère une beauté inouïe. Ses cheveux, pour une fois, sont attachés en un chignon déserré volontairement et ses deux mèches habituelles gardent leur place, de chaque côté de son visage. Celui-ci ne porte aucun trait de maquillage, toujours aussi naturel, et pourtant, il conserve sa magnificence, mise en valeur par le reste de son corps. Rachel parcourt du regard l'ensemble de la pièce, comme pour comprendre où sont disposées les bougies qui ont permis cet éclairage féerique. Ayant fini son inspection, elle se tourne vers moi et déclare, avec un sourire aussi sublime que son physique :

How on earth can I love her ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant