Chapitre XI

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Chapitre XI : Boxe (part. 1)

PDV ALICE

Hier, Mélissa était malade. Donc je suis restée à la maison pour m'occuper d'elle.

Mon père était absent toute la journée, mais il est revenu très tard - ou très tôt, tout dépend du point de vue - dans la nuit.

Quand la porte d'entrée a claqué, j'ai su ce qui allait se passer. Alors c'est avec appréhension que j'entendais le bruit sourd que faisaient ses pas en montant l'escalier.

Puis il s'est approché de ma chambre, lentement. Il a ouvert la porte et s'est rué sur mon lit. Il était à ma recherche.

Des litres d'alcool circulaient dans son sang lorsqu'il me frappait. Mais je ne criais pas. Je le laissais faire.

J'avais fini par me dire que me frapper l'aidait. Peut-être un peu du moins. Donc j'encaissais, jusqu'à ne plus sentir mon corps.

Quand il eut fini, je crus entendre un petit "pardon", mais c'était probablement mon esprit. Le mot que je voulais le plus entendre de la bouche de mon père. Mais ça arriverait, je l'espérais.

Alors que le soleil se levait dans le ciel, j'étais allée nettoyer, désinfecter et soigner mes nouvelles blessures.

C'est maintenant l'heure d'aller réveiller Mélissa. J'espère qu'elle va mieux. Je ne supporterai probablement pas mon père une journée entière, et vu la cuite d'hier, il n'est pas prêt de quitter l'appartement.

J'entre doucement dans la chambre de ma petite sœur, et vais vers son lit pour la réveiller.

Au centre du lit, une bosse est formée sous la couette. Je rigole silencieusement. Je soulève la couette par étape, et me rends rapidement compte que ce tas n'est pas vivant.

J'enlève alors précipitamment la couverture et découvre les peluches de Mélissa. La panique s'introduit en moi. Elle paralyse mon corps quelques secondes avant que je ne me mette à crier.

- MÉLISSA !! MÉLISSA, MA CHÉRIE, OÙ ES-TU ?!

Le fait que je puisse réveiller mon père ne me vient même pas à l'esprit.

Tout à coup, je sens deux petits bras m'attraper la jambe en rigolant. Un soupir de soulagement sort de ma bouche. Pardon maman.

Je me retourne et la prends brusquement dans mes bras.

- J'ai eu peur ma puce, ne fais plus ça.

- D'accord, pardon. elle me dit avec un petit sourire coupable.

- C'est bon. Tu vas mieux ? je lui touche le front. Oui, ça m'en a l'air. Tu te sens capable d'aller à l'école aujourd'hui ?

- Oui ! elle hoche vivement la tête en me disant cette dernière phrase.

- D'accord, génial ! Prépare toi alors, tes vêtements sont sur la chaise.

Je descends à la cuisine après avoir reçu une réponse positive de la part de Mélissa. Les œufs cuisent dans la poêle quand elle descend.

Une fois le petit-déjeuner pris, je dépose ma sœur à son arrêt de bus. J'attends celui-ci avec elle.

Quand il arrive, elle soulève mes cheveux et m'embrasse la joue avant de monter dedans en me faisant un signe de la main.

Je la vois se diriger vers ses copines, et quitte l'arrêt une fois le bus disparu de mon champ visuel.

Je rentre à la maison. Je n'ai pas envie d'aller en cours aujourd'hui. Ce sera la première fois que je sèche parce que j'en ai envie.

D'un autre côté, il faut absolument que j'ai de bons résultats pour avoir un emploi stable et pour prendre en charge ma sœur. Et mon père.

Mais je n'ai pas envie d'y penser, pas aujourd'hui. Je me dirige alors vers la maison, une idée bien précise en tête.

Arrivée sur le palier, j'ouvre la porte et essaie de faire le moins de bruit possible en montant les escaliers.

Une fois dans ma chambre, j'attrape un vieux sac de sport et j'y mets : un short de sport, un débardeur, des baskets et mes anciens gants de boxe offerts par ma mère.

Je ressors de la maison doucement. Mes pas se dirigent d'eux-mêmes vers la grande salle de boxe de mon quartier.

À l'entrée, un vigile que je connais bien me parle, sans pour autant lever les yeux.
- Nom, code ?

C'est en fait une salle un peu spéciale. Des combats illégaux s'y déroulent certains jours de la semaine. Et il faut être sur une liste et connaître le code pour entrer.

Voyant que je ne réponds pas, Bernie redresse sa tête vers moi. Il porte un costume taillé sur-mesure et des lunettes de soleil de marque. Une étiquette avec un écriteau "Diamante" est épinglé sur sa veste. Un tatouage représentant un ange noir est présent sur sa joue gauche et des piercings transpercent son arcade et sa lèvre inférieure.

Un sourire prend place sur son visage quand il s'approche de moi pour me serrer contre lui.

Et dans les bras de mon vieil ami, je me sens presque bien.

- Alice ! Ça fait longtemps ma belle ! Ça à l'air d'aller, à peu près.

Bernie n'attend pas de réponse de ma part, car il sait que je ne lui en donnerai pas.

Cela fait effectivement trois ans, et je ne l'ai vu qu'une seule fois. Depuis la mort de maman, très exactement.

Avant cet incident, j'allais très régulièrement à la salle. Je participais même à des combats illégaux. Je les ai tous gagnés.

Bien évidemment, cela n'était que contre des femmes ayant entre quinze et trente-cinq ans, mais quand bien même. Le règlement de la salle stipulait très clairement qu'il était interdit au femmes mineures de se battre contre des hommes.

Mais maintenant que je vais sur mes dix-neuf ans, je pourrai probablement affronter de vrais adversaires.

Je le serre un peu plus étroitement dans mes bras, suite à ses mots. Je hoche lentement la tête contre son cou.

Après plusieurs agréables secondes, je me détache lentement de son corps. Il me sourit.

- Charlie va être content de te voir !

Je sens mon visage s'illuminer à la mention de celui-ci. Bernie le voit et continue en arborant un petit sourire amusé.

- À cette heure-ci, il doit être dans son bureau. Je te laisse y aller, tu connais les lieux.

Il termine sa phrase par un clin d'œil complice auquel je réponds par un sourire radieux.

Il se décale de l'entrée pour me laisser passer, ce que je fais sans plus attendre. Je lui fais un dernier petit signe de la main avant de m'engouffrer dans le couloir.

MuetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant