Chapitre XXII

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Chapitre XXII : Tatouages

PDV BAPTISTE

Hier soir, elle s'est écroulée dans mes bras, en larmes. Et mes larmes ont coulé, elles aussi. Je ne pensais plus à Oriane, à Vanessa, à mon père ou au mal que j'ai fait. Je ne pensais plus.

J'ai ressenti sa peine. Et j'ai partagé la mienne. Une première, pour moi. Les gouttes dans mon cou ont fêlé ma carapace. Sa chaleur m'a rassuré. Ses longs cheveux bruns embaumant l'air de la pièce m'ont séduit. Et ses petits bras enserrant mon torse m'ont achevé.
Qu'est-ce que j'étais bien, putain.

Flashback

Après quelques minutes d'étreinte douloureuse, je la soulève doucement, comme lorsqu'elle est arrivée chez moi, effondrée, au beau milieu de la nuit.
Je monte les marches de l'escalier lentement, pour ne pas la brusquer et pour ne pas tomber, aussi. Je l'emmène dans la salle de bain, pièce obliquement opposée à ma chambre.

Sa tête est toujours enfouie dans mon cou. Je la sens la relever. Elle regarde la baignoire, le chauffage, le lavabo et le panier à linge sale d'un œil distrait, désintéressé. Puis je vois son regard sur le miroir. Regard qu'elle détourne immédiatement. Pourquoi ? Tu es belle, Alice.

Je m'approche d'abord de la douche, peut-être veut-elle en prendre une. Mais quand elle semble avoir vu notre destination est se tend et enfouit sa tête dans mon cou de nouveau. Elle a l'air écœuré, un peu traumatisé.

Je la dépose donc sur le petit tabouret de la salle de bain. Elle évite mon regard. Je me relève et je fouille dans l'armoire à pharmacie pour trouver du désinfectant et des pansements. Comme avant. Je chasse ce souvenir de mon esprit.

Je me baisse à nouveau, pour la soigner. Je commence par ses bras; ce qui me permet de remarquer qu'elle avait toujours ces étranges bandages qui recouvraient ses mains et ses poignets. Comment avais-je pu ne pas les remarquer avant ? Je ne dis rien. Je soulève lentement son tee-shirt, pour éviter de la faire fuir. Je sens son angoisse. Mais je continue à désinfecter ses plaies. Et quelles plaies. Son ventre maigre est parsemé de bleus, de cicatrices et de blessures diverses. Qui te fait ça, Alice ?

Ça me déchire.

Je rabaisse son débardeur. J'attrape un nouveau coton, sur lequel je verse de l'alcool désinfectant à 90 degrés. Je mets ma main sur sa cuisse, pour être plus à l'aise. Elle se tend, encore. Je commence à soigner son visage. Et tout d'un coup, elle plonge ses yeux vairons dans les miens. Je nettoyais sa lèvre rose coupée et elle m'a regardé. L'émotion dans ses yeux est pure; mais je vois les nuages au fond de ses pupilles. Je distingue clairement un orage, des éclairs et je crois entendre gronder le tonnerre.

Arrête, Alice. Je perds pied.

Je m'oblige à fermer les yeux, puis les rouvre quelques secondes après, implacable. Les siens se sont redirigés vers le sol.

Je regarde le sol à mon tour, et mon regard se dirige vers ses pieds meurtris. J'écarquille les yeux. Elle porte des chaussettes trouées de tous les côtés, du sang séché colle aux ouvertures. Des blessures encore sanglantes sont apparentes, et je me demande comment elle a fait pour marcher jusqu'à chez moi avec les pieds dans cet état.

– Mon Dieu, Alice. je murmure, complètement choqué. Je ne devrais pas, pourtant : ce n'est pas la pire blessure qu'il m'ait été donné de voir sur son petit corps. Mais bordel.

Elle regarde ses pieds. Elle tente de recroqueviller ses orteils, en vain. J'ouvre le placard en dessous du lavabo et je prends une bassine. Je la remplis précipitamment d'eau froide - mais pas trop; et la dépose par terre, devant elle.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 04, 2016 ⏰

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