Chapitre VIII : Ses yeux, ses bleus
PDV BAPTISTE
Et c'est comme ça que je me suis retrouvé à faire de la lutte avec Alice Hagun, ma voisine muette.
Ses cheveux cachent toujours son visage et elle ne prend pas la peine de les attacher comme toutes les autres filles.
- Donc je veux que vous essayez chacune des prises affichées sur le tableau. Allez-y.
Connard de merde.
- Je vais regarder le tableau. ma voix sonne comme un murmure alors que je n'attends aucune réponse de sa part.
Je reviens quelques minutes plus tard après avoir bien mémorisé la «figure».
- Je te le fais en premier pour te montrer. je n'attends toujours pas de réponse de sa part.
Je m'avance vers elle et elle garde la tête baissée. Pourtant je sais qu'elle me sent arriver. Parce que plus je m'approche d'elle, plus le son de sa respiration augmente.
Je finis par poser ma main sur son épaule et je la sens tressaillir. Je fais mine de ne pas le remarquer et je pose mon autre main sur sa taille.
Et cette fois-ci je ne peux pas faire semblant de ne pas sentir l'énorme frisson qui semble la parcourir.
Je la vois bouger sa jambe arrière, comme si elle se préparait à prendre la fuite.
C'est un des réflexes que j'ai, grâce aux combats auxquels je participe. Des pauvres bagarres à la con entre gangs. Et des combats de boxe illégaux.
Mais elle, elle ne devrait pas avoir ce réflexe. Ça m'intrigue encore plus. Mais qu'est-ce qu'il se passe avec elle putain.
Alors que je passe mon mollet derrière ses deux jambes, je la sens se dérober de mon emprise avec une force dont je ne l'aurai pas cru capable.
Et dans son mouvement, ses cheveux se soulèvent. Et je peux apercevoir son regard terrorisé. Et ses incroyables yeux.
PDV ALICE
Putain, putain, putain. Il m'a vu. Il a vu mon visage. Il a vu mes yeux. Il a vu mes bleus.
Je reste une seconde à le regarder dans les yeux, et je pars en courant hors de ce gymnase de merde.
Je passe la porte des vestiaires en furie et je m'écroule au sol. J'étouffe un cri dans mon T-shirt trempé de sueur.
Mes yeux se remplissent de larmes. Et bientôt, mes joues en sont inondées.
Pourquoi ? Pourquoi tout ce que j'ai mis si longtemps à construire s'envole en un instant ? Qu'est-ce que j'ai fais pour que Dieu ne m'aime pas ?
Je crois en Dieu, oui. Mais je pense simplement qu'il ne m'aime pas. C'est possible. Sinon pourquoi ma vie serait moins bien que celle des autres ?
Non. Je n'ai pas le droit de me plaindre. Des gens souffre deux fois, voire quinze fois plus que moi sur cette planète.
Moi au moins j'ai ma sœur. Je suis en bonne santé. Et je suis en vie. Et je remercie Dieu chaque jour pour cette chance. Parce que je pense que trop de personne ne le font pas.
Sur cette pensée, je me relève et vais me passer de l'eau sur le visage.
L'eau fraîche me remet les idées en place. Au moins je ne lui aie pas parlé.
Et puis il n'a pas l'air d'être le genre de garçon à faire tourner des rumeurs.
En plus, comme je suis «muette», il ne me posera pas de question. Normalement.
Mon regard se place en face du miroir au dessus du lavabo. Bien que mes joues soient encore rougies par les larmes, mon regard regagne son assurance.
Je place mes cheveux devant mon visage, et j'ouvre doucement la porte du gymnase.

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Muette
Fiksyen RemajaElle ne parlait jamais. Elle avait ses raisons. Des putains de raisons. Est-ce qu'il va tout changer ? Oui. Est-ce que ce sera simple ? Non. Alice Hagun ne parle pas. Elle le peut physiquement mais elle ne le fait pas pour ne pas répondre aux quest...