Chapitre XX

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Chapitre XX : J'aime pas.

PDV BAPTISTE

Maman travaille à l'hôpital cette nuit. Je suis seul à la maison. Et je ne peux pas m'empêcher de tourner et retourner la situation dans ma tête.

Pourquoi j'ai ressenti ça ? Je ne peux pas être jaloux, je n'ai pas le droit. Je me le suis promis quand elle est partie. Le problème, c'est que c'est nouveau, j'ai jamais ressenti ça. J'aime pas la nouveauté, j'peux pas anticiper et m'y préparer. Si tu me vois, pardonne moi.

Je me sens abattu. Elle me fait me sentir abattu. J'ai besoin de réconfort là. Maman n'est pas là : pas de réconfort maternel. J'essaie d'appeler Jay, il ne répond pas : pas de réconfort amical - presque fraternel désormais.

En faisant défiler la liste de mes contacts, je vois le prénom de Vanessa. N'allez pas croire n'importe quoi, elle m'a pris mon téléphone et l'a enregistré d'elle-même, je ne lui ai rien demandé. Et malgré les désagréments qu'elle occasionne, elle pourrait m'être utile maintenant.

Je lui envoie un message : «Je peux passer chez toi ?». Elle me répond instantanément en m'envoyant son adresse : réconfort de secours, sentiment d'être important, réconfort sexuel. Je me rhabille rapidement, mets mes baskets et je prends mes clés.

En quelques minutes je suis chez elle. Et elle me réconforte. Mais dès que je sors de chez Vanessa, les souvenirs m'assaillent. Elles me reviennent toutes deux en mémoire.

Pardon, Oriane. Je te l'ai promis, je ne t'oublierai pas. Si tu ne peux plus être heureuse, je ne le serai pas non plus. Mais elle m'intrigue. Je ne fais rien de mal, pas vrai ?

Sur le chemin, je me force à penser à des choses simples : que vais-je manger tout à l'heure ? Cette question est bien moins douloureuse que toutes celles qui me viennent habituellement.

Je mangerai des pâtes carbonara. Ouais, ça me semble bien. Je relève la tête, et je vois que je suis arrivé à la maison. Je m'engage dans l'allée quand je vois une ombre près du porche. Qu'est-ce que c'est ? Je plisse les yeux pour mieux voir quand je la reconnais. C'est Alice.

•••

Qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle porte un jogging, un débardeur et des grosses chaussettes. Pourquoi elle n'a pas de chaussures ? J'aperçois un vieux sac à dos près d'elle.

Je la regarde et elle a dû entendre le bruit de mes pas puisqu'elle relève la tête vers moi. Un frisson me parcourt l'échine. Ses yeux. Ses si beaux yeux sont vides. Ils ne reflètent aucune émotion au moment où elle me dévoile son visage. Puis, lorsqu'elle semble me reconnaître, ses yeux s'animent d'un désespoir presque palpable.

Mon coeur est touché. Je peux l'entendre se briser dans ma poitrine. Je détourne le regard et vais ouvrir la porte. Je sens ses yeux me fixer. J'allume la lumière de l'entrée, puis je pose mes affaires par terre.

Je sors de nouveau et me place face à elle. Je ne dirige plus mon corps. Mes mouvements me sont dictés par une sorte de compassion désespérée.

Mes bras aussi, puisque je les passe sous son dos et ses jambes. Je la soulève doucement pour me diriger vers chez moi.

De nouvelles blessures recouvrent ses bras dénudés, son visage et son cou. Ses vêtements sont tachés de sang. J'ai mal.

Elle tient son sac fermement contre elle, puis elle le laisse sur son ventre et vient enrouler ses bras autour de ma nuque. Sa tête se niche dans le creux de mon cou et je peux la sentir trembler contre moi. Mon teeshirt se mouille peu à peu de ses larmes et une douleur sans pareille me comprime le coeur.

J'entends encore ses légers reniflements quand je la dépose sur le canapé. Mais quand je l'assoie, elle refuse de me lâcher.

– Je reviens dans quelques secondes, promis. je lui murmure dans l'oreille.
Elle lève sa tête vers moi, comme pour s'assurer que je ne mens pas, puis elle enlève lentement ses petits bras d'autour de mon cou.

J'attrape une couverture qui était sur le canapé et je la recouvre avec. Elle s'emmitoufle dedans, toujours tremblotante. Je vais dans la cuisine et je prends un verre sur l'égouttoir. Je le remplis d'eau fraîche pour lui rapporter. Quand je reviens dans le salon avec et que je lui tends, elle sort prudemment son avant-bras de sous la couverture pour l'attraper.

Elle boit quelques gorgées, mais je vois bien que ça lui fait mal. Elle pose le verre par terre. Que s'est-il passé, Alice ?
Je ne peux pas lui poser la question, elle ne me répondra pas. Elle ferme les yeux. Je décide de rester près d'elle pour la rassurer.

Et quand je crois qu'elle s'est endormie, j'entends une voix toute éraillée me dire :
– Tu vis tout seul ici ?

•••••

Coucou, alors d'abord désolée pour cette longue absence mais je ne peux malheureusement pas vous promettre que ça ne se reproduira plus. Entre : mes examens, la mort de mon grand-père, la naissance de ma petite cousine et les disputes avec mes amis, j'avoue ne pas avoir su comment continuer l'histoire. Mais ne vous en faites pas, je compte bien ne pas abandonner !
En tous cas je vous aime, merci pour vos adorables commentaires et vos "j'aime"s,
Gros bisous, Morgane

MuetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant