Chapitre XIV : Voiture
PDV ALICE
Je tape dans ce putain de sac et je pense. Je pense à ma vie et à combien ce monde est pourri. À toutes les drogues misent sur le marché pour faire fonctionner l'économie.
Ces drogues qui ont détruit ma petite vie paisible d'enfant aimée. Je me suis jurée que jamais, au grand jamais je ne consommerai de substance qualifiée de «drogues». Même celles réglementées, comme le tabac et l'alcool. Parce qu'on ne se rend jamais compte qu'on est sous son emprise, et c'est ça le plus dangereux.
Quand on t'a fait la remarque un peu trop de fois, tu finis par voir la réalité. Mais c'est trop tard, t'es déjà dépendant. Et tu commences à détruire ton corps, petit à petit, cigarette par cigarette, verre par verre.
Les drogues t'isolent des gens que tu aimes, elle te font planer. Mais à la fin t'es juste un monstre qui essaie désespérément de noyer son chagrin. Mon père en est un. Mais il a encore une chance de s'en sortir. Il faut juste qu'il en prenne conscience.
Je frappe de toutes mes forces le sac en laissant les larmes salées dévaler les joues. Et même si je ne veux pas l'admettre, c'est aussi lui que j'imagine à la place de l'objet en face de moi.
Je le bats comme jamais je ne pourrais le faire en vrai, tout simplement parce que c'est mon père. J'ai toujours le souvenir de cet homme bon qui jouait avec moi. Ce même souvenir qui me revient en mémoire dès qu'il se place en face de moi.
Je sens le regard des gens sur moi. Je m'en fous.
Je reste dans la salle encore trois heures, histoire d'être bien vidée. Je me redirige vers le vestiaire, attrape rapidement ma serviette et vais directement prendre une douche. Je lave mon corps et juste un instant, je me sens apaisée. Comme si, dans le fond, plus rien n'avait d'importance.
En voulant prendre mes habits de rechange dans mon sac, je vois un petit bout de papier plié en quatre. Je l'ouvre et aperçois : «Bonjour, je suis Lina. J'ai vu les marques sur ton corps tout à l'heure. On m'a toujours dit que les personnes ayant des problèmes n'en parlaient pas à leur entourage. Comme je ne fais pas partie de ton entourage, tu pourras me parler, simplement. De n'importe quoi. Je te laisse mon numéro, à bientôt j'espère.
Le voilà : 07 88 65 34 14
XX, Lina.».Je ne sais pas trop quoi en penser. J'imagine que c'est la fille qui m'a souri tout à l'heure. Je verrai plus tard de toutes façons. Je me sèche et m'habille.
Quand je sors du bâtiment, Bernie n'est plus à l'entrée. Mais lui, il y est. Il semble attendre quelqu'un. Mes cheveux sont devant mon visage. Il relève le sien. Je ne peux lire aucune émotion dans ses yeux. Il se redresse et s'approche de moi.
– Viens, je te raccompagne.
Il l'a dit tellement bas. Comme un murmure, une phrase qu'il n'aurait pas voulu prononcer.
Je ne sais pas pourquoi exactement, mais je l'écoute. Peut être parce qu'il est étrange, que je me pose bien trop de questions à son propos.
Il entre dans une voiture noire, côté conducteur. J'ouvre la portière du côté passager et m'installe sur le siège. Le GPS est tourné de mon côté. Je comprends le message, et écris mon adresse, puis je le repose sur son socle. Il jette un coup d'œil dessus, et démarre.
Nous roulons en silence depuis cinq minutes. Je commence à avoir chaud, alors j'attrape l'élastique autour de mon poignet et je noue mes cheveux.
Au feu rouge, il tourne sa tête dans ma direction. Je sens son regard me dévisager. Je n'aime pas ça, j'ai l'impression d'être mise à nue.
Quand le feu passe au vert, il s'arrache à sa contemplation et redémarre. Il chuchote alors :
– Tu m'intrigues.C'est une affirmation. Il ne dit pas qu'il cherchera à en savoir plus, il énonce juste un fait. Toi aussi, tu m'intrigues.
Je regarde son profil. C'est vrai qu'il est beau. Très beau même. Mais qu'est-ce qu'il a de si particulier pour qu'il éveille à ce point ma curiosité ? Il laisse échapper un petit rire.
– Moi aussi je t'intrigue hein ?
Je continue de le fixer. Je hoche la tête presqu'imperceptiblement au moment où il tourne la tête vers moi. Il détourne le regard, cependant, un petit sourire en coin étire ses lèvres. Et je me rends compte d'une chose. Je souris aussi.

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Muette
Подростковая литератураElle ne parlait jamais. Elle avait ses raisons. Des putains de raisons. Est-ce qu'il va tout changer ? Oui. Est-ce que ce sera simple ? Non. Alice Hagun ne parle pas. Elle le peut physiquement mais elle ne le fait pas pour ne pas répondre aux quest...