Muette

Chapitre XV

Chapitre XV : Carrefour

PDV BAPTISTE

On était devant chez elle. Elle est sortie de la voiture, sans se retourner. Mais j'avais pu la voir sourire. Parce que moi aussi, j'avais souri. Et je me suis rendu compte que ça faisait longtemps que je n'avais pas trouvé un instant si simple agréable.

Je suis alors rentré chez moi et me voilà, sur mon lit, à tourner et retourner ce moment dans ma tête, me demandant ce qui ne va pas chez moi.

Je ne l'aime pas, ça j'en suis sûr. Je ne la connais absolument pas, et elle à l'air trop compliquée. Et surtout, je me suis juré de ne jamais aimer une autre femme qu'elle.

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Je haïs les cours. Et tant mieux, parce qu'aujourd'hui, c'est samedi. Cool putain.

– BAPTIIIIIISTE ?

Oh non. Putain j'la connais cette v...

– MON CHÉRI LÈVE-TOI ! J'AI BESOIN DE TOI !

Voilà bordel. Je grogne et je retire lentement ma couette. J'enfile un bas de jogging. J'attrape un teeshirt sur ma chaise et je descends les escaliers. Je suis toujours pas réveillé putain.

Quand j'arrive en bas, ma mère m'attend avec un bout de papier.

– Tu peux aller chercher ça chez Carrefour pour moi ?

Ce n'est pas une question, je le sais. Elle fait genre mais je ne peux pas dire "non".

– Hmm.

Je me frotte les yeux. Maman s'avance vers moi et elle me caresse les cheveux. Elle m'embrasse la joue.

– Merci chéri.
– Hmm. je répète mais plus doucement cette fois.

Je lui fais un petit sourire et je monte rapidement m'habiller. Enfin, j'enfile un sweat par-dessus mon teeshirt quoi. Je prends de l'argent et la liste de maman sur la table basse.

Je mets mes chaussures et un bonnet. Putain comment j'aime pas les bonnets. Maman m'oblige à le mettre. Je referme la porte derrière moi et je jette les mains au fond de mes poches.

Il fait froid. Mon sweat n'est pas suffisant pour me tenir chaud. Heureusement, le Carrefour n'est pas loin et je rentre rapidement. Putain j'y crois pas : il fait encore plus froid à l'intérieur.

Je sors la liste et je me mets à chercher les produits inscrits dessus. Je suis dans le rayon frais pour prendre les yaourts quand un bruit me fait tourné la tête. C'est Alice. Et elle a des bleus et des coupures en plus de ceux d'hier.

PDV ALICE

Étrangement, j'ai passé un bon moment, dans cette voiture noire, avec cet inconnu. Je me suis surprise à me dire qu'il me plaisait.

Je suis pourtant assez vite redescendue sur Terre avec mon père. Heureusement, il n'avait pas vu le véhicule qui m'a ramené. Sinon ç'aurait été pire.

Je fais les courses pour la semaine chez Carrefour, celui tout près de chez moi. Je suis en train de prendre du gruyère râpé quand je sens un regard insistant sur moi.

Je tourne le visage vers l'endroit d'où il semble venir et je le vois. Et d'un coup, j'ai honte de m'être avouée qu'il me plaisait.

On se fixe, les yeux dans les yeux quand une voix nous perturbe.

– Baptiste ?

J'aperçois Jay un peu plus loin. Je me dépêche de partir mais juste avant de me retourner, je vois le regard de Baptiste. Un regard qui en disait long. Comme s'il m'annonçait qu'il n'allait pas en rester là, qu'il allait chercher à savoir. Et ça, ça me fait peur. Parce qu'il est l'un des rares qui ont toutes les cartes en mains pour deviner la vérité. Ma vérité.