Chapitre XXI : Sa voix bordel.
PDV BAPTISTE
– Tu vis tout seul ici ?
J'interromps instantanément mes pensées, restant statique quelques secondes avant de me reprendre, l'air de rien.– Non.
– Qui d'autre, alors ?
– Ma mère. Elle travaille souvent de nuit.J'explique son absence en essayant de rester le plus impassible possible. Surement parce qu'au fond, je m'étais probablement déjà préparé à ce moment. Et peut être aussi parce que je ne sais pas tellement comment réagir, finalement.
J'entends ensuite le frottement de la couverture sur le canapé comme si elle avait eu la réponse à sa question et qu'il ne s'était absolument rien passé d'anormal. Dis quelque chose bordel.
Comme elle ne dit rien, j'attrape le verre d'eau et vais le poser dans la cuisine.
PDV ALICE
Bordel. Putain. Merde. Ouais je sais, mais j'ai une bonne raison de jurer.
Quelles sont mes erreurs ? Pour commencer, elles sont au nombre de deux. Petit un : qu'est-ce qui m'a pris de venir chez lui ?! Et petit deux, ma plus grande erreur : Putain de merde, pourquoi est-ce que je lui ai parlé ?!! Mais quelle abrutie.
Non Alice, ressaisis toi. C'était le bon moment. Et il mérite de savoir. Du moins, que je peux parler. Il m'a sauvée, après tout.
Et tout à coup, je me sens heureuse de lui avoir parlé. Je veux me lever. Je déplace doucement la couverture, et tente de me lever tout aussi calmement. J'agonise. Littéralement, mes blessures brûlent ma chair.
J'arrive pourtant à me maintenir droite. Je place une jambe après l'autre, avançant vers l'endroit vers lequel Baptiste s'est dirigé plus tôt. Un îlot central, un frigidaire, un évier et un lave-vaisselle. Je reconnais une cuisine. Je m'arrête un peu, m'adossant à l'encadrement de la porte.
Et je le vois. Sa tête est prisonnière de ses mains. Il a l'air complètement perturbé. Ça semble plausible. Ses veines de ses avant-bras ressortent, ses doigts s'enfoncent nerveusement dans ses cheveux désordonnés.
Je m'en veux de lui faire du mal, vraiment. Soudainement, j'ai envie de le remercier, de lui dire ce que je ressens. Mais mon courage repart, aussi vite qu'il est arrivé. Furtif.
Il relève la tête vers moi. Oh mon Dieu. Ses yeux. Son regard est meurtri. Il semble tiraillé. Mais qu'est-ce que je lui fais subir ? Suis-je réellement aussi monstrueuse que me l'indiquent ses pupilles.
Il ferme les yeux quelques instants et se redresse entièrement. Il les rouvre. Aucune douleur n'a disparu.
Je m'avance vers lui, lentement. Je ne contrôle plus mes actes. Il me regarde, semblant se demander ce que je veux faire. J'ouvre les bras, toujours un peu frileuse.
Il comprend. Il se dirige vers moi aussi, prudemment. Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres. Je franchis la distance qui nous sépare et j'enfouis ma tête dans son torse. Mes bras se referment autour de son dos tandis que les siens m'enserrent la taille.
Je le sens maladroit. J'ai chaud, il me réchauffe. Je le sers de toutes les forces qui me restent. Nous entrons en symbiose, notre douleur est partagée. Mon coeur s'allège et je sais que je me trouve enfin à ma place.
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Muette
Подростковая литератураElle ne parlait jamais. Elle avait ses raisons. Des putains de raisons. Est-ce qu'il va tout changer ? Oui. Est-ce que ce sera simple ? Non. Alice Hagun ne parle pas. Elle le peut physiquement mais elle ne le fait pas pour ne pas répondre aux quest...