Muette

Chapitre X

Chapitre X : Absence

PDV BAPTISTE

J'avoue que je n'avais pas envie de me lever ce matin. Donc, quand mon horrible réveil a sonné, je n'ai pas eu le courage de l'éteindre. Je l'ai regardé sonner, longtemps. Précisément jusqu'à ce que le bruit infernal réveille ma mère. Et qu'elle entre en trombe dans ma chambre.

- BAPTISTE !! MAIS QU'EST-CE QU'IL SE PASSE ICI ?! elle crie en se dirigeant vers l'appareil.

Ne trouvant pas le bouton pour l'éteindre, elle le balance sur le sol. L'objet explose en plusieurs morceaux. Je ne réagis même pas.

Ma mère se tourne vers moi avec son air coupable. Une petite moue adorable qui me fait toujours craquer. Elle obtient tout de moi avec ça, elle en est bien consciente et l'utilise. Souvent.

Voyant que je ne réagis ni à sa bêtise, ni à sa petite bouille, sa mine devint inquiète. Elle s'assit sur mon lit.

- Qu'est-ce qu'il y a mon chéri ? Tu es malade ? elle dit en posant sa main sur mon front.

Je secoue la tête négativement et chuchote un petit :
- Non... ma voix est encore endormie et tout rauque.

- Alors qu'est-ce qu'il se passe mon ange ? son expression devient encore plus inquiète.

- Je... je commence mais je ne sais pas quoi lui dire. Quoi ? Que je pense que ma voisine se fait frapper ? Qu'elle me perturbe au plus haut point ? Je ne sais pas moi-même comment je me sens par rapport à tout ça. Alors comment mettre des mots dessus ?

Voyant que je n'arrive pas à reprendre, elle réessaie :
- C'est le lycée ? Tu ne t'y plais pas ?

Mon regard reste sur ma couette et elle tente :
- ...C'est une fille ?

Je relève un peu trop rapidement mon visage vers elle pour plonger mes yeux dans les siens.

Elle sourit malicieusement. Oh non... pas ça.

- Non maman, ne prend pas cet air là.

- Quel air ? elle me dit avec toujours son petit sourire en coin.

- Ta moue genre «j'ai tout compris», parce qu'au contraire, c'est tellement compliqué que moi-même je ne comprends pas...

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? ses sourcils se froncent et son visage redevient sérieux.

- C'est... ma voisine... je... elle... ah bordel, je sais pas ! je m'énerve tout seul.

- Qu'est-ce qu'elle a, ta voisine ? elle reprend d'une voix douce. Elle fait toujours preuve de patience avec moi, une de ses grandes qualités.

«Elle m'obsède.» est la seule chose que j'ai envie de répondre.

Je souffle un bon coup.
- Rien, elle n'a rien. Pardon. Je vais me lever.

Je lui fais un petit sourire qui n'a pas l'air de la satisfaire mais elle ne dit rien. Une autre de ses qualités, elle ne force pas les gens.

Je me lève de mon lit en caleçon pour me diriger vers mon armoire. Elle suit chacun de mes mouvements du regard avant de se lever à son tour. Elle soupire.

- Bon... alors je t'attends en bas. Et dépêche toi d'aller prendre ta douche, t'es déjà en retard !

- Ouais, j'arrive.

J'attrape mes habits et vais sous la douche. Je n'ai pas envie de penser à ma voisine, et la douche ne m'y aide pas.

Alors, je sors cinq minutes plus tard et enfile un caleçon propre, mon jean, un tee-shirt, des chaussettes et des baskets.

Je passe une main dans mes cheveux pour les coiffer, mets du parfum et descends rapidement les escaliers.

Une bonne odeur de crêpe m'attend dans la cuisine et je souris. Ma mère sait comment s'y prendre pour me remonter le moral.

J'entre dans la cuisine et vais lui embrasser le front. Elle me sourit tendrement. Un sourire que je lui rends. Je prends le Nutella dans le placard du haut puis pars m'asseoir à table.

Le petit déj' prit, je monte en vitesse dans la salle de bain pour me brosser les dents. Une fois fait, je prends mon sac de cours et ma veste, et je descends en courant les escaliers.

- BONNE JOURNÉE MON CHÉRI ! elle crie.
- BONNE JOURNÉE MAMAN !

Je cours jusqu'au lycée. Je suis devant la grande grille quand j'entends l'insupportable sonnerie.

Je serai en retard de toutes façons. Donc je ralentis la cadence. Je me mets à marcher. Lentement. Arrivé devant la CPE, je lui demande un billet de retard.

- Déjà ?! elle répond d'un ton las qui m'agace encore plus que je ne le suis.

Alors, je pars sans lui répondre. Elle hurle après moi. Je ne me retourne pas mais avance tout de même vers ma classe. Je toque à la porte de celle-ci.

- Entrez !

J'entends mon professeur crier, j'entre calmement.

- Votre billet de retard ? il me regarde à travers les verres de ses lunettes rondes qui rétrécissent plus encore ses petits yeux.

Je le regarde et il soupire.

- Bien, ça ira pour cette fois. Allez vous asseoir.

Je cherche donc ma place des yeux mais je ne vois qu'un bureau vide. Je parcours une nouvelle fois la classe du regard avant de me rendre compte que ma place est bel et bien à ce bureau.

Mais ma voisine est absente. Et ça m'inquiète.