Chapitre XVI

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Chapitre XVI : Encore.

PDV ALICE

Encore une putain de journée de cours. Heureusement que ma petite sœur est là pour me divertir un peu. Parce que je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à son regard.

Je m'installe à ma table et j'attends le début du cours. J'écrase ma tête dans mes bras puis je ferme les yeux. Putain j'veux pas être là.

J'entends un bruit à côté de moi, le grincement d'une chaise contre le sol. Il est arrivé. Il me regarde. Je le sens.

Je me redresse légèrement et tourne mon regard vers lui. Parce qu'aussi bizarre que ça puisse paraître, j'ai vraiment envie de le voir.

Il ne sourit pas, n'affiche aucune expression, pourtant je peux voir qu'il est tiraillé intérieurement. Ses yeux sont doux et durs à la fois.

Il inspecte mon visage en le couvrant de son regard et fronce très légèrement les sourcils. Je le vois se bloquer en haut à droite de mon visage. Là où j'ai un nouvel hématome.

Il baisse ensuite ses yeux vers les miens. Je continue de le regarder quelques secondes, puis le professeur commence le cours.

•••••

La fin de journée arrive plutôt rapidement. Je suis en chemin pour rentrer quand je sens une voiture s'arrêter près de moi.

J'entends seulement :
– Monte.

Et je l'écoute. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me fait plaisir qu'il soit là. Alors je souris, parce que je ne vois pas l'utilité de lui cacher ce que je ressens, lui qui en sait déjà trop sur moi.

PDV BAPTISTE

Je la vois sourire. Un grand sourire sincère. Qu'est-ce qu'elle est belle putain. J'esquisse un demi sourire.

Je me penche un peu en avant pour allumer la radio. Je vois qu'elle suit consciencieusement chacun de mes mouvements.

Smells like teen spirit de Nirvana passe et je la vois remuer ses doigts. Mon sourire s'étire.

J'aime ne pas lui parler. Je me sens déchiré parce que j'aimerais qu'elle me parle, mais j'aime aussi cette situation.

Je sens que je n'entendrais pas sa voix de sitôt et tout à coup, je veux qu'elle me parle. Même si c'est juste un seul petit mot avare.

Alors je la regarde. Et quelques instants plus tard elle semble s'en apercevoir. Elle me fixe dans les yeux, puis au bout de cinq secondes, elle hausse imperceptiblement un sourcil, l'air de me demander ce que je veux.

Je me détourne. Je me rends soudain compte d'à quel point c'est stupide, de vouloir entendre parler une fille qui, aux yeux de tous, est muette. Une fille que je ne connais absolument pas.

Nous ne sommes plus qu'à quelques minutes de chez elle. Je l'entends chercher dans son sac depuis une petite minute, et je l'observe du coin de l'œil griffonner quelque chose sur une page arrachée de son agenda.

On arrive devant sa maison et elle descend de la voiture. Je suis des yeux sa silhouette complètement perdue sous toutes ces couches de vêtements. Elle part sans se retourner et claque la porte derrière elle.

J'appuie ma tête contre le volant. J'expire un grand coup. Je m'apprête à redémarrer quand je remarque un morceau de feuille déchiré sur le siège passager.

Je fais rapidement le lien avec ses mouvements de tout à l'heure. Elle m'a laissé un mot. Je m'empresse de l'attraper.

Je lis : «Merci».
Un sourire étire de nouveau mes lèvres. Je n'ai pas entendu sa voix mais elle a cherché à communiquer. Et même si ça n'était que ce petit mot avare dont je parlais, je me sens satisfait.

Du moins, presque. Mais je sais qu'au fond de moi, j'en veux plus. Je veux plus de la seule femme qui m'intrigue et m'attire irrésistiblement.

Mais qu'est-ce que je fous putain ?

MuetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant