Ibrahim - Rescapé de la cité

Partie 2 " Inattendu "

Le soleil transperce ma fenêtre pour venir remplir la pièce de ses rayons de lumière chargés d'intensité. Ma main tatonne sous l'oreiller avant de se heurter à mon télephone qui est complètement déchargé. Je me lève et va le brancher pendant que je vais me doucher.
L'eau ruisselle sur mon corps et avant que mes pensées ne puissent s'evader je me dépêche de terminer. J'enfile un jogging gris avec un tee-shirt blanc et une paire de jordan avant de guetter les nouvelles actualités sur mon cellulaire. On me signale 2 appels manqués et un message non lu. Je l'ouvre, il s'agit d'un message de Djibril.

Msg - Eh p'tite couille répond au téléphone non ?

Msg + Tg enfoiré tu vx quoi ?

Msg - Ta race le z. Tournoi fifa 15h chez Marv' t'es op ?

Msg + J'y serais

Msg - Saha

Je regarde de qui sont les appels manqués et m'aperçois qu'il y en a un de Marvin et l'autre de Djibril comme je m'y attendais. Il me reste encore 3heures avant que je parte rejoindre les gars. Je passe par la case cuisine histoire de manger avant d'y aller. Je me fais cuire des oeufs pendant que ma tasse de lait est au micro-ondes. Lorsque je me retourne je vois Joshua, mon mini-moi âgé de 7ans vêtu d'un simple tee-shirt et de sa couche-culotte. Il se frotte les yeux puis se dirige vers le frigidaire.

+ Oh Joshua tu fais quoi là ?

- Bah je vais préparer mon p'tit déj

+ Eh tu t'pointes sans pression avec ta couche et ton tee-shirt t'es sincère ?

- Mais Ibrahim ..

+ Quoi Ibrahim va t'habiller et mets un boxer wesh, t'as pas honte toi ?

- C'est bon j'y vais - Souffle -

+ Ouais ouais vasy ... Eh t'a foot aujourd'hui non ?

- Oui, tu m'accompagne ?

+ Ouais. Maintenant va te changer

Pendant qu'il part se changer, je lui fais aussi son petit déjeuner. Malgré le fait qu'on vienne des cités nos mama nous ont bien éduquer mais ça personne n'ose le remarquer. Dés qu'une occasion se présente pour aider ma reine je n'hésite pas, j'ai vu trop de frères être dans la tristesse et regretter leur mère, tant que la mienne est en vie laisser moi la faire rire. Chaque jour j'essaye de la préserver, moins elle en sait et mieux c'est.
Le petit reviens plus habillé qu'il y a quelques minutes et me demande poliment si j'ai besoin d'aide. Je réponds négativement avant de lui servir son petit déjeuner puis de m'installer à ses côtés. Le môme me raconte ses journées scolaire et à l'entente de chaque mots se rapprochant du langage que nous les " thugs " avons adoptés je lui fous une petite tappe derrière son crâne pour qu'il puisse se corriger.
Combien même nous nous savons à jamais prisonniers de cette cité, nous ne laisserons pas nos frères s'y faire piéger. Ces gosses méritent de fuir, ils méritent le succès, l'arrivée au sommet. Nous, il n'y avait personne pour nous éloigner du danger, comme des cons nous y avons tous plongé et aujourd'hui on ne fait que nager sans destiné. Le système nous rejette car notre teint n'est pas assez clair, on se heurte à des cœurs de pierre voulant tout prix nous faire la misère. Apparemment nous ne sommes pas chez nous mais eux, le sont-ils chez nous ? Ils envahissent nos pays sous prétexte de vouloir les enrichir, la vérité c'est qu'ils volent toutes nos richesses sans un seul regret et cela en dépit de notre volonté.
Joshua m'arrache à mes sombre pensées en me demandant si je serais présent à son prochain match, je lui donne une réponse qui semble le satisfaire puis je vais au salon et vois ma reine fatiguée par sa grossesse, elle en est à son sixième mois. C'est encore un garçon. Je prie Dieu pour que l'accouchement se passe sans problème, si on m'enlevait ma reine, je n'en sortirai pas indemne. Il est treize heures et demi lorsque Josh et moi nous franchissons la porte de son club d'entraînement, je salue son entraîneur en lui demandant comment se passe l'évolution de mon champion favoris. Apparemment il serait doué mais manquerait de techniques. Je grave ces mots dans ma mémoire afin de pouvoir y remédier dés quand j'en aurais l'occasion. J'accompagne Josh au vestiaire pour le booster un peu.